Après la novella Chair à canon et le film tout nase Les Sables de l’Enfer, retour en Afghanistan pour une nouvelle aventure !
Sorti en 2009, Dunes de sang, ou Red Sands de son petit nom original, est ce que les Américains appellent un horror film, soit un film d’horreur ou, selon mon approche très personnelle de la traduction, une horreur de film.
Pour une fois, la jaquette ne ment pas. À son image, le film est mal construit, moche et désertique. Même avec la plus grande indulgence possible, il n’y a rien, mais alors rien du tout, à tirer de ce film, à moins d’être amateur de ball-trap auquel cas vous pourrez recycler le DVD et lui offrir le sort qu’il mérite.
C’est l’histoire d’une bande de soldats américains gambadant dans la pampa afghane en 2002. Leur mission : surveiller une route paumée en pleine cambrousse. En cours de route, ils tombent sur une statue antique qu’un des soldats pulvérise. Parce que. Juste parce que. Sans justification. Dans le scénario doit y avoir marqué “the soldier bousille the stone statue with no reason because the scenarist has a big hair in the hand”, je vois pas d’autre explication. Cette destruction, ô surprise, libère un esprit des temps jadis, très, très méchant : un djinn, ici représenté de manière plus conforme au canon – être immatériel avec un pouvoir de possession démoniaque – que les habituels génies de la lampe à la Wishmaster. Lequel djinn n’aura de cesse de dézinguer les pauvres troufions, ce qui semble un tout petit peu excessif pour un accroc sur sa carrosserie de pierre. Mais bon, à l’époque, fallait montrer que le Mal se nichait au cœur de l’Afghanistan, déterminé à dégommer du gentil Yankee, donc le djinn est un vilain pas beau. Alors je voudrais pas me faire l’avocat du diable – ou du djinn, pour le coup – mais bon, les mecs t’envahissent, cassent tout chez toi, faut pas s’étonner que cette attitude cause quelques menues frictions avec les autochtones. D’autant que le djinn, au départ, il avait rien demandé, il pionçait peinard dans sa gangue de pierre et n’emmerdait personne.
Voilà pour le pitch, qui annonce d’emblée un machin plus branlant qu’un collégien découvrant Pornhub.
Le film s’ouvre sur le debriefing de l’unique survivant, tuant illico tout suspens quant à la suite des événements. Sachant que tout le monde va crever, on ne s’attachera dès lors à aucun personnage. On aurait de toute façon bien du mal, puisque aucun d’eux n’a le moindre intérêt, faute d’être développés pendant la première demi-heure qui s’y prêtait pourtant bien. Mais non, il ne se passe rien, les gars se contentent au mieux de patrouiller, au pire de déballer des propos condescendants, arrogants, méprisants, racistes, puants de mentalité coloniale.
Dans la demi-heure qui suit, l’action grimpe d’un cran, puisqu’il ne se passe presque rien, ce qui est déjà mieux que rien du tout. Une femme débarque au campement, on se doute bien qu’il s’agit du djinn. Un des soldats propose de la violer, parce que pourquoi pas. Je cite : “Si on voulait, on pourrait tous se la faire. On n’aurait qu’à l’emmener dans le désert et personne n’en saurait rien. Chacun son tour…” C’est un peu le tournant du film, puisque ces personnages dont on n’avait jusqu’ici rien à foutre, on a désormais envie de les voir se faire démembrer. Ensuite, on attend (beaucoup). Seul fait notable, certains soldats commencent à avoir des visions d’images numériques mal faites dans leur sommeil. Le spectateur est terrifié (ou pas) devant cette débauche de pouvoirs. L’origine du djinn remontant à la révolte de certains anges contre Dieu, on se dit qu’il est peut-être un peu rouillé depuis le temps et a besoin d’un tour de chauffe avant de retrouver sa toute-puissance.
Au bout d’une heure, enfin, il y a un mort. Puis tout le monde se tire dessus ou se poignarde en dix minutes, l’ensemble étant assez pauvre au plan visuel. On ne voit jamais que des soldats qui s’entretuent, certains possédés par le djinn qui n’apparaît pas en tant que tel.
Au bout d’une heure et quart, on voit enfin le djinn sous sa vraie forme numérique ridicule et ratée. Il tue le dernier soldat, prend son identité et rentre à la base. Générique de fin.
Total : une heure de patrouille et d’images de désert, vingt minutes de molle bagarre pas bien palpitante.
Tout nase de bout en bout, mal écrit, mal filmé, vide et soporifique, que ne s’appelerio pas Dunes de l’ennui mais que ça devrio.