Texas Porno Cheap & The Joe Sex Clash
Alexis Loranger
La Musardine
Bon point de cette édition, elle propose deux courts romans (Texas Porno Cheap et The Joe Sex Clash) à pas cher. C’est à peu près tout ce qui ressort de bien.
Il y avait des idées initiales intéressantes. Par exemple, la trame chronologique simultanée des deux textes, le premier autour de la blonde Kathy le long de la route 66, le second autour de Joe, son régulier, resté à New York. Le fait de lier les deux romans avec un épilogue commun était bien vu (en tout cas dans les limites d’inventivité d’un copier/coller).
Le hic, c’est que le deuxième roman est trop calqué sur le premier. Au lieu de correspondances occasionnelles qui se feraient écho pour former des ponts entre les deux textes, on a ici un viaduc ininterrompu, presque un auto-plagiat à reprendre point par point la même structure et les mêmes ficelles pour couler Joe dans le (ou la) même moule que Kathy. The Joe Sex Clash est juste un clone, à la limite du foutage de gueule envers le lecteur en matière d’exploitation de filon et d’inventivité zéro.
Avec Texas Porno Cheap, les intentions de l’auteur était d’écrire un porno en reprenant avec humour les clichés du genre. C’est à moitié réussi. Il a écrit un porno. Avec tous les clichés du genre. Mais aucun recul (comment veux-tu, comment veux-tu…). Et quand tu te contentes de balancer des stéréotypes sans chercher à les déconstruire, à en prendre le contrepied, à t’amuser avec, ça donne juste des poncifs et une œuvre sans grand intérêt puisque déjà écrite mille fois.
L’humour interne au texte tombe à plat et la satire annoncée du genre pornographique, je la cherche encore. Le récit a beau être foufou dans ses péripéties, la façon de rapporter les aventures de Kathy comme de Joe sonne trop premier degré, sans remise en question des codes, sans jeu sur les clichés, sans distanciation. L’ironie et la dérision envers le X restent aux abonnés absents tout du long.
La structure narrative est proche d’un jeu vidéo à la Mario. Kathy va d’un point A à un point B (traversée du niveau). Arrivée à destination, une rencontre qui se solde par une scène de sexe (affrontement avec le boss de fin de niveau). Et c’est reparti pour un tour, avec un autre déplacement, dans un autre décor, pour copuler avec une autre personne. Schéma vite répétitif. D’autant que les scènes de sexe sont loin d’être réussies, soit trop courtes soit trop étirées mais toujours mal décrites, assez peu détaillées au final.
Quant au style, il n’est pas avare de lourdeurs. Sur certaines phrases, l’auteur étant belge donc possiblement néerlandophone, j’avais pensé à une mauvaise traduction du flamand vers le français. Mais non, pas de “traduit du néerlandais par…” où que ce soit dans le bouquin, c’est en français natif, par moments très bancal dans les formulations. À se demander où le correcteur du manuscrit – parce que ce genre de défaut dans le produit fini incombe autant à l’auteur qu’à ceux qui sont passés derrière pour travailler sur le texte – avait la tête…
Verdict : on est loin du compte, très loin.