L’engin a failli être la dépanneuse de La septième compagnie en version Lego, il sera in fine un modèle historique de Sd.Kfz. 251 dans sa version 10, soit un halftrack muni d’un PaK 36, pièce antichar de 37 mm.
Le châssis du Sd.Kfz. 251 a été le couteau suisse de l’arme mécanisée allemande. À la base prévu pour le transport de l’infanterie des divisions blindées et motorisées, il s’est vu adapté à une flopée d’usages pour 22 versions au total (reconnaissance, AT, lance-flammes, Flak, mortier, génie, transmissions, lance-roquettes…). Si la machine de guerre allemande en aura produit beaucoup pendant la Seconde Guerre mondiale (dans les 15000), les besoins n’ont jamais été couverts, surtout avec ses déclinaisons multiples qui ont mangé autant d’exemplaires indisponibles pour leur emploi initial. À l’arrivée, la Wehrmacht aura plus voyagé en camion qu’en halftrack.
C’est un de ces Sd.Kfz. 251 qui est plus ou moins mis en scène dans le film Mais où est donc passée la septième compagnie ? au détail près que l’engin est doublement fictif.
D’une, s’il existe bien plusieurs Sd.Kfz. 251 antichars munis de divers calibres, dont un 37 mm comme dans le film pour la version 10, le halftrack de dépannage est, lui, une fiction, en tout cas pour ce modèle de semi-chenillé – le rôle échoit aux Sd.Kfz. 9/1 et 9/2. Et cet hybride n’a jamais existé, parce qu’il n’aurait eu aucun sens. Un véhicule antichar est conçu pour l’appui et l’assaut, on ne voit pas pourquoi il s’encombrerait d’une grue susceptible de le ralentir et de lui faire perdre en manœuvrabilité – le bon plan pour se faire descendre par les chars qu’il est censé dégommer. À l’inverse, un véhicule de maintenance n’a pas besoin d’un armement pareil pour l’usage auquel il est destiné (sans parler de s’encombrer d’au bas mot une demi-tonne de canon et munitions). Au mieux, il disposera d’une mitrailleuse frontale, la MG34, s’il y a besoin de nettoyer un peu, mais c’est tout.
De deux, l’engin qu’on voit dans le film est, faute de matos adéquat disponible, un montage délirant de canon antichar allemand sur un châssis de haltrack M3 américain peint en gris teuton et affublé d’une grue de provenance inconnue.
C’est ce second point qui m’a conduit à monter un Sd.Kfz. 251/10 historique. Au départ, je voulais construire la fameuse dépanneuse des pieds nickelés de l’armée française, sauf que je suis parti sur une vraie base de Sd.Kfz. 251 et c’est une fois bien avancé que je me suis rendu que, tout bien dans les clous que j’étais sur le plan historique, je faisais fausse route par rapport à l’engin du film. J’ai eu la flemme de tout démonter pour recommencer sur du M3, c’était plus simple de juste faire l’impasse sur la grue arrière.