Aujourd’hui, on va parler d’un cas à part – c’est dans le ton sur ce blog au nom évocateur – puisque Cuits à point aura droit à deux chroniques en une. Mon moi d’il y a une bonne trentaine d’années l’a trouvé très fun et mon moi de maintenant très bof. Entre les deux, mes goûts de lecture n’ont pas changé mais les attentes, si. Beaucoup.
L’histoire du film : Des couloirs. Des gens dans un hôpital. Des couloirs. Sortir. Encore des couloirs. Mutants affamés. Toujours des couloirs. Arrivée de Tao (Steven Baudruche Seagal) le chasseur de vampires. D’autres couloirs.
Je profite des frimas hivernaux pour bouquiner sous la couette la tonne de BD qui traîne dans un carton depuis cinq ou six ans. En langage BCBG d’éditeur, on appelle ces albums des “bandes dessinées érotiques” pour que ça sonne classe. Ne nous voilons pas la face : quand les personnages passent une quarantaine de pages à se faire mettre le cul en vrac, à bouffer du chibre au kilomètre et à prendre des torrents de foutre sur la poire, c’est de la pornographie, du X gras et qui tache. Des livres qui se lisent d’une main, comme on dit dans le métier (et de l’autre tu tiens le bouquin, pendant que tu tournes les pages avec les dents). En route pour une virée revigorante qui va mettre de la chaleur dans les chaumières et du soleil dans les caleçons !
Lors des dernières vacances, la mise en place puis le retrait de la déco de Noël ont été l’occasion de remettre un peu d’ordre dans ma bibliothèque. Épisode ô combien palpitant de mon parcours d’aventurier littéraire, appelé à constituer le cœur de 3615 MaLifeDeOuf, autobiographie en douze volumes reliés cuir pleine peau de mammouth.
Le remue-ménage peut ne pas sauter aux yeux, les photos ci-dessus ne rendant pas à mon sens de l’effort l’hommage héroïque qu’il mérite. Toujours est-il qu’à un moment ou un autre de l’épopée, chaque livre a quitté son rayonnage pour passer entre mes blanches mains et recevoir son coup de chiffon dépoussiérant, avant de retourner auprès de ses petits camarades ou, pour quelques malchanceux, rejoindre la “bibliothèque de la honte” dans la pièce d’à côté, où atterrissent bannis, parias et autres réprouvés dont je regrette d’avoir croisé la route.
Chaque livre. Et ça fait beaucoup. Beaucoup de manipulations, beaucoup de poussière, beaucoup de souvenirs surtout. Parce qu’un livre, c’est deux histoires : une dedans et une autour. À chacun, sa méta-histoire : comment j’en ai entendu parler, quand je l’ai acheté, où, pourquoi, qui me l’a offert et dans quelles circonstances, le ressenti de lecture, ce que cette dernière m’a apporté en termes de réflexion, de divertissement, de savoir, etc. Dans le lot, quelques poids lourds pour lesquels il y a un avant et un après, des titres qui n’ont pas seulement marqué mon parcours de lecteur mais ont changé le cours de mon existence. Si on les retire de l’équation, des pans entiers de ma vie disparaissent, c’est dire ce qu’ils représentent. Or donc, en avant pour le tour d’horizon de ces bouquins sans lesquels je ne serais pas du tout la personne que je suis aujourd’hui.
“Parce qu’on a un peu claqué le pognon dans la boisson, la bouffe et tout ça, eh ben on est un petit peu sec sur l’argent qui reste pour les sketches. Alors y en a toujours un qui va être moins bon, avec moins de moyens, et c’est celui-ci. Alors ce qu’il faut, c’est remplir trois minutes en faisant des conneries.” Monsieur Manatane
La fin de l’année sonne l’heure de l’exercice barbant traditionnel : le bilan. Ce moment où l’on se rengorge et s’auto-félicite de réussites dérisoires comme si on avait changé le monde, alors qu’on s’est juste pignolé sur son petit bout de web. Ce moment où l’on déballe les statistiques de visiteurs sur le blog comme si ce nombre était gage de quelque chose. Certes la qualité peut attirer la quantité, m’enfin la merde en tout autant capable avec de bien meilleurs rendements, ce ne sont pas les ventes par millions de Cinquante nuances de Grey qui me contrediront. Ce moment, enfin, où l’on se livre aux effets d’annonce concernant des projets qu’on ne mènera jamais à terme. Bref, on l’aura compris, l’exercice du bilan m’emmerde. Va pourtant falloir serrer les fesses pour ce passage obligé de tout blog aux derniers jours de décembre. Pas le choix, c’est marqué noir sur blanc dans la charte des blogueurs, section “Publications venteuses et baudruchiennes”, article XXIV, alinéa 272.
Bon ben maintenant que j’ai bien vendu le truc, en route pour ce bilan, el famoso. Bonne lecture et surtout bonne chance !
Aujourd’hui, je débarque à Malombre. Pour la discrétion, râpé. Pas tant à cause de mon canasson pâle des genoux, mais l’enfer me suit, voyez, alors les arrivées en loucedé, je peux faire une croix dessus. Remarquez, les croix, dans mon métier, c’est dans le ton.