Dernier volet aujourd’hui de la trilogie des zombies nazis avec un nanar énormissime : Nazis at the Center of the Earth. Accrochez-vous à vos bretelles, parce que ce machin décoifferait même Yul Brunner !
Épisode III
Nazis at the Center of the Earth
(Adolf Verne Joseph Lawson, 2012)
Nazis at the Center of the Earth conte l’histoire d’une équipe scientifique en Antarctique qui tombe par hasard sur une base secrète au centre de la terre, pleine de zombies nazis dirigés par le docteur Mengele himself. Rien que ça ! Le film bouffe à tous les râteliers : Jules Verne, le pétard mouillé Iron Sky, la nazispolitation, la mode zombie, la mode du zombie nazi, la douteuse popularité de Josef Mengele…
Sur le papier, pourquoi pas ?
Pour la petite histoire, l’Allemagne du monde réel possédait bien un territoire dans l’Antarctique : le Neuschwabenland. Si vous avez du temps à perdre, une simple recherche sur la Nouvelle-Souabe vous offrira des heures de rigolade, pleine de lol, mdr, rofl, xptdr et wtf. Et c’est juste un échantillon… La prochaine fois que quelqu’un me sortira que les nazis étaient tous cinglés, je lui répondrai que d’autres grands malades leur disputent le monopole de la folie. On croise sur la toile quantité d’illuminés persuadés que le Reich disposait (voire dispose encore) d’une énorme base secrète servant à la fois d’entrée vers la Terre Creuse et d’aéroport pour soucoupes volantes. En 1945, moult Allemands en fuite, dont Hitler, Eva Braun et Martin Bormann, y auraient trouvé refuge avec le célèbre or nazi dans leurs bagages. Ouaip, ouaip, ouaip… Les gars, ça, c’est un scénario de film – peu ou prou celui de Nazis at the centre of the terre –, pas la réalité. À moins de construire une base en empilant des lingots au lieu de parpaings. Et l’or, comme combustible pour se chauffer, bof. Dans la vraie vie, les préoccupations économiques (pêche à la baleine) ont motivé au premier chef l’expédition teutonne et il n’y eut sur place qu’une base temporaire destinée à cartographier la zone. L’intérêt stratégique et l’éventualité d’une base navale ne sont apparus qu’après et jamais concrétisés vu que les Allemands étaient occupés à cramer l’Europe et l’Afrique du Nord. Les soucoupes, on cherche encore après. La Terre Creuse, ouvrez un manuel de géologie. Sinon, il reste la corde ou la greffe d’un cerveau comme options. Ou vous pouvez lire ça aussi.
Le concept de la Terre Creuse a fait Führer fureur sous le IIIe Reich au milieu d’un fatras de théories ésotériques farfelues : Thulé, quête de l’Atlantide, du Marteau de Thor et du Graal par l’Ahnenerbe, ou encore l’ariosophie (ma préférée). Selon cette dernière, les Aryens descendraient d’entités extraterrestres qui se seraient accouplées avec des singes. Je ne comprends pas pourquoi les historiens continuent à gloser sur les origines du nazisme quand l’ariosophie explique tout : des aliens avec des guenons, qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?…
La figure du nazi a un grand mérite : pratique, consensuelle, fédératrice. Incarnation de l’horreur – donc à sa place dans le genre éponyme – on ne peut pas faire plus “méchant désigné d’office”. S’ajoute une fascination du septième art pour l’image que les nazis ont donné d’eux-mêmes à leur grande époque. Les défilés propres et carrés, les mouvements de foule hystérique, les discours à grand renfort d’étendards, d’aigles flamboyantes et d’effets pyrotechniques dignes d’un concert de Madonna. De la mise en scène, du spectacle (cf. les travaux de l’historien Ian Kershaw sur le sujet), normal qu’ils creusent leur trou au cinéma. Enfin, rien de plus facile que de marier le nazi au thème du zombi. On sait les nazis amateurs d’expériences délirantes. Dans une logique de fiction cinématographique, que lesdites expériences pondent du zombie pour assurer le Reich de Mille Ans, pourquoi pas ?
Dernier argument promo, les zombies, ça fait vendre. Même si je me demande encore comment. On en bouffe à répétition et à toutes les sauces depuis un siècle, avec un pic éverestien ces quinze dernières années. Films, séries, jeux vidéo, BD, romans et j’en passe… Depuis que 28 jours plus tard a relancé le genre – ou l’a sorti du nanar où il stagnait –, l’invasion a commencé. Un peu comme les super-héros, en fait. Y a un moment où il faut arrêter de surexploiter le filon en nous servant la même soupe jusqu’à la nausée. M’enfin, on n’y est pas encore donc faut faire avec.
Voilà pour le cocktail d’ingrédients. Du classique, rien de renversant, mais les vieux pots ont démontré leur capacité à produire de la bonne tambouille (Les Aventuriers de l’Arche Perdue et La Dernière Croisade).
Sauf qu’on est chez Asylum, société de production qui incarne à la perfection le concept du nanar. Du Z et rien que du Z, sans budget, sans pétrole, sans idées. En vérité, je vous le dis, il faudrait disposer d’un alphabet de 92 lettres pour que la dernière corresponde au niveau lamentable des “œuvres”.
La jaquette française – oui, SS Troopers, c’est du “français” – résume bien la qualité du film. Je ne parle pas du graphisme général, plutôt bien fichu quoique très repompé d’Iron Sky. Ouvrez l’image sous Photoshop, vous allez comprendre. Sélectionnez la colonne de nazis à gauche, dupliquez-la et appliquez un effet miroir pour la placer à droite. En trois clics, vous avez dessiné la moitié de votre affiche avec un copier-coller. À un détail près. La croix gammée ! Ce que je vois : à gauche, un défilé de nazis ; à droite, une procession de bouddhistes. On retrouve la même erreur dans le film à plusieurs reprises.
À part ça, quand le titre original parle du centre de la Terre, c’est pas une soucoupe volante qui me vient à l’esprit.
Tout le film est à l’avenant. Avec un budget royal de 200000 $, le maître mot consiste à œuvrer vite (et mal) en torchant à l’arrache tout ce qui peut l’être. Douze jours de tournage, film bouclé en un mois ! À noter quand même le chiffre de 379 plans en effets spéciaux, un record chez Asylum.
Maintenant que cette brève introduction a contextualisé le bousin, attaquons-nous à l’objet du délire. Attention, la chronique qui suit spoile la totalité du film… qui s’auto-spoile de toute façon par la prévisibilité de son intrigue (sic) et de ses rebondissements (sic).
Accrochez vos ceintures, c’est parti !
Le film démarre en 1945 en Allemagne. Joseph Mengele embarque avec une machine infernale à bord d’un avion et…
Bon, première pause…
Le choix de Mengele, groß erreur à mon avis. Né en 1911, Mengele a 34 ans en 1945. À l’écran, il semble en avoir le double (sans doute parce que l’acteur qui l’incarne affiche la soixantaine). Son parcours après-guerre est connu, il n’a jamais foutu les pieds au centre de la Terre ou dans l’Antarctique. Qu’on ne vienne pas me sortir l’excuse de l’œuvre de fiction, il suffisait de prendre un criminel de guerre qui s’est évanoui dans la nature – Martin Bormann aurait été parfait – ou d’en inventer un.
Bref, Mengele prend l’avion. Ah, deuxième pause. Le coucou, facile à identifier, est un Junkers Ju 52. Rayon d’action : 870 km. Distance Allemagne-Pôle Sud : 15000 km. Je vous laisse calculer ses chances d’arriver à destination.
Mengele et sa cocotte-minute s’apprêtent à embarquer quand déboule à vive allure une maquette de char américain. Le bon docteur s’empresse de le dégommer d’un coup de Panzerfaust. Dans la même situation, j’aurais déployé le viseur et surtout armé l’engin avant de tirer – sinon le coup ne part pas, un détail –, mais chacun sa méthode. Le char explose dans une gerbe numérique mal foutue.
Sous la pression de l’ennemi, Mengele s’enfuit, non sans vider le chargeur de son flingue. En pleine nuit, à longue portée, il atteint le score très honorable de quatre ennemis abattus avec six balles. Dont un qu’il tue deux fois de suite. Chapeau. Un petit dernier s’était accroché à l’avion mais un coup de scalpel et hop, bon vent l’artiste.
L’arme ultime du Reich ? Josef Mengele. En deux minutes, il a dégommé un char et cinq bonshommes. Mieux que James Bond ! À lui seul il aurait pu renverser le cours de la guerre en l’espace d’une semaine, pousser le front russe jusqu’à Vladivostock, renvoyer les Alliés à la mer et assiéger la Maison Blanche.
Là-dessus, le bon docteur s’envole vers de nouvelles aventures et le générique sur fond de chant germanique assure la transition jusqu’au present day en Antarctique. Nous voici sur la Terre de la Reine Maud dans une station de recherches “internationale”, ce qui, dans un film américain, signifie “sous hégémonie yankee”. Parmi la débauche d’étendards, on s’attendrait à trouver celui de la Norvège, moitié parce qu’elle revendique la Terre de la Reine Maud, moitié à cause du nom très scandinave de la station (Niflheim), moitié parce qu’une Norvégienne y bosse. Ben non. Aussi cohérent que mes trois moitiés.
D’habitude, faut bien compter vingt à quarante minutes d’exposition inutile. Cas rare dans le cinéma d’horreur, Nazis machin entre très vite dans le vif du sujet. À la sixième minute de film, la base nazie est répérée ! Rien d’étonnant, elle est cachée sous trois millimètres de neige.
On ne pourra que louer la légendaire efficacité allemande puisque dans la seconde qui suit la découverte, un soldat teuton met la main – au sens le plus littéral – sur les deux chercheurs. Boche, du travail de pro.
Retour à la base scientifique où défile une série de personnages dont je n’ai pas retenu les noms. Pas sûr qu’ils en aient tous un. Mais on s’en fout, puisque la plupart vont crever, comme d’hab’ dans ce genre de film. On devine tout de suite qui mourra, qui survivra, qui trahira…
Tout ce petit monde se lance à la recherche des disparus en suivant leurs traces dans la neige. En théorie, les empreintes de pas de trois soldats allemands et une prisonnière, plus les sillons du second prisonnier traîné inconscient.
Retour à la base (l’autre, celle des Boches). Dehors comme dedans, les Teutons portent des masques à gaz. Pourquoi ? L’air de l’Antarctique est respirable, pas saturé d’ypérite ou d’agent Vert-de-Gris germanophobe. Le suspens ? On sait que le film va nous montrer des zombies. Des morts-vivants. Vous savez, le genre de créatures pas trop sensibles à la composition de l’atmosphère puisque, par définition, elles ne respirent pas. S’agirait-il d’une astuce pour cacher au spectateur le visage des deux figurants qui jouent la totalité de l’armée nazie à tour de rôle ?
Je spoile les révélations ultérieures : il y a tromperie sur la marchandise et pas de vrais zombies. Juste des types qui se décomposent sur pied, dont les morceaux en bout de course sont remplacés au fur et à mesure, sauf que les greffes s’infectent et qu’il faut les remplacer aussi, et ainsi de suite. Une bête histoire de pièces de rechange… Saluons l’idée géniale d’avoir installé la base au milieu de nulle part, bonjour la galère pour trouver des donneurs d’organes…
En plus de leurs masques à gaz, les Allemands ont gardé leurs uniformes d’origine. Incroyable, cet attachement aux traditions militaires… Un exemple valant mieux qu’un long discours :
Les Allemands portent encore l’uniforme feldgrau et le Stahlhelm d’il y a trois quarts de siècle. Ils se battent toujours avec leurs armes antédiluviennes (fusil Mauser, MG 42, MP 40, Luger, grenade à manche), un comble pour une armée dont le matos n’a cessé d’évoluer du premier au dernier jour de la guerre. En bonne logique, nos petits SS modernes devraient porter le casque américain actuel (dérivé du casque allemand) et des fusils d’assaut voisins de la Kalachnikov (inspirée du STG 44, une arme allemande). Le nazisme aurait vu le jour au XVIIIe siècle, ils se battraient au sabre et au mousquet… Vous me direz, convention cinématographique pour qu’on les identifie au premier coup d’œil, blablabla. Conneries. Les mecs portent des brassards à croix gammée ! Dans le genre symbole sans équivoque… Ils se promèneraient en slip ou fringués en grognards napoléoniens qu’on les identifierait aussi bien à leur svastika sans recourir au cliché du soldat modèle 1940. Et vous en connaissez beaucoup des gens qui marchent au pas de l’oie dans leurs occupations quotidiennes ? C’est pas un peu too much comme marqueur d’identification ?
Mais passons. Comme il est assez rare chez Asylum que les choses aient l’air de ce qu’elles sont censées être, on ne va pas se plaindre que les nazis ressemblent à des nazis. Et pour une fois, il y a deux-trois petits changements comme les Rangers modernes et quelques armes steampunk bidouillées.
Des nazis débrouillards en plus. Je rappelle qu’ils sont partis à l’arrache, les mains vides, pas plus d’une demi-douzaine d’après ce qu’on voit au début. Après avoir traversé le monde à bord d’un appareil pas conçu pour, ils se sont attelés à édifier une énorme base avec… la pensée magique ? l’aide de VonGyver, le bricoleur qui tombe à pic ?
Dans les tréfonds de la base, nous retrouvons notre bon docteur Josef qui n’a pas pris une ride depuis la fin de la guerre. Il commence à découper un de ses prisonniers pour lui arracher la peau du visage, qu’il greffera plus tard à un de ses sbires.
Je regarde le compteur : 13 minutes. Hein ?!? Un record ! Où est passé le remplissage habituel ? Car s’il y a bien une phrase qui revient à propos de moult films d’horreur, la voici : “il ne se passe rien pendant la première moitié du film et le premier cadavre ne fait son apparition qu’au bout de trente à quarante minutes”. Force est d’avouer ma surprise…
Cela dit, bousculer le chronomètre ne masque en rien la médiocrité nanarde de l’ensemble, Asylum pur jus oblige.
Les puristes gueuleront, mais je conseille la VF plutôt que la VO pour profiter du charme d’un doublage approximatif. Les dialogues sponsorisés par La Palice se contentent la moitié du temps d’énoncer ce qu’on voit à l’écran. Un type tombe dans une crevasse, une nana crie : “il est tombé”. Un type meurt : “oh, il est mort”. Un type sort d’une pièce pourvue d’une seule porte, un connard croit bon de préciser “il est sorti par là”. Merci du tuyau, Huggy, vivement une nouvelle révélation !
L’interprétation se limite à du non-jeu pour les uns, du cabotinage pour les autres. Quand bien même le casting se composerait de la crème des acteurs oscarisés, la transparence des personnages ne leur laisserait aucun espace d’expression. Deux ou trois disposent d’un background qui tient sur un demi-confetti plié en quatre, les autres rien. On ignore ce qu’ils font là, leur fonction à la station, leurs liens, même leur nom. Ce sont juste des gens qui s’agitent sur des fonds verts.
On reconnaît enfin la patte Asylum dans le foirage complet des effets numériques. Objets mal dessinés, incrustations mal… heu… incrustées (on dirait des images superposées comme dans un film des années 30), ça sent le fond vert et les ajouts Amiga de partout. Un comble quand on sait que la filmo du réalisateur Joseph Lawson se compose à 90% de travaux d’effets spéciaux.
Entre deux faux raccords, l’équipe de bras cassés descend dans des grottes numériques immondes, traverse des cavernes numériques atroces, remonte des tunnels numériques foireux.
Pendant ce temps à Vera Cruz, l’autre prisonnière s’échappe de sa cellule en bloquant la porte avec une fourchette. Non, non, je ne dirai rien là-dessus… Une sirène retentit, la base est en alerte, soit deux gardes lancés à ses trousses pour cause de petit budget figurants. Les gardes la rattrapent vingt secondes plus tard dans le dépotoir à viande où s’entassent pêle-mêle un cadavre, un crâne, des morceaux de chair et une question : vu la densité de population en Antarctique, où les nazis trouvent-ils leurs victimes ? Consolation, on aperçoit enfin les Boches sans masque à gaz… dans un enchaînement de plans flous et épileptiques.
Pendant ce temps (bis), les sauveteurs finissent par débarquer au centre de la Terre ! À peu près à cinquante mètres sous la surface. Je l’aurais imaginé plus loin, le centre.
Pendant ce temps… Oui, parce que le film n’est pas fichu de suivre une scène plus de trente secondes et saute sans arrêt des nazis aux chercheurs en goguette et vice-versa.
Pendant ce temps, donc, Herr Doktor s’apprête à découper sa prisonnière quand celle-ci lui sort une astuce médicale sur les greffes de peau, sauvant ainsi la sienne. Commence alors un entretien d’embauche surréaliste sur les mérites comparés des traitements anti-rejets. Mengele, qui n’est au fond qu’un homme, en profite pour palper et tripoter la blondasse ligotée sur le billard. Image classique de la nazisploitation, one point. Mais pas de plan nichon et là, déception. Coup de bol pour elle, la blonde est blonde (scoop !), d’origine teutonne, baragouine vaguement le germain et dispose des mensurations aryennes requises pour le job. N’en voilà des coïncidences ! L’ami Jo en est tellement baba qu’il se laisse aller au cliché du toubib-qui-fait-claquer-son-gant-en-latex. Rien ne le justifie, il les a enfilés cinq minutes plus tôt, mais ça donne une contenance. La classe médicale, quoi.
Retour sur les pieds nickelés qui commencent l’exploration de la Terre Creuse en abandonnant leurs affaires : blousons, sacs à dos, bonnets, gants, écharpes… Seule rescapée, UNE bouteille d’eau pour huit personnes. Le fier équipage marche en direction de la Moria base dont on aperçoit la coupole sur une des captures précédentes. Pas un instant ils ne se posent la question du pourquoi de cette base, du qui, du quoi, du comment.
Les joyeux compagnons finissent encerclés par les nazis, quelle surprise. On découvre en la personne du docteur blondinet un traître à la solde des Frisés. Quelle surprise aussi.
Les vieilles habitudes ayant la peau dure, Mengele commence par descendre le juif du groupe. Chassez le naturel… Et pas au gaz, attention, dépassé comme méthode. Non, il utilise un pistolet laser qui fait piou et de la lumière numérique blanc-bleu très moche.
S’ensuit un speech sur le pourquoi du comment, la vie et l’œuvre du docteur M depuis 1945, la science avancée de cette Atlantide nazillonne, la conquête prochaine de, je cite, “l’Occident sioniste et pervers” et l’avènement d’un nouveau Reich millénaire.
Débarque, ô surprise, Fraülein Blondinette, convertie à l’idéologie nazie et affublée d’un béret, dernier couvre-chef à la mode chez les Obersturmpouetpouet de l’Ordre Noir. Preuve de ce que j’avançais tantôt avec mes grognards en slip : en dépit de son accoutrement ridicule, on reconnaît son allégeance à son brassard. Mais un béret, je vous demande un peu… Vous me direz, des collabos en béret, paraîtrait que ça s’est déjà vu.
La bande de clowns (l’autre, les chercheurs) se retrouve en cellule. N’ayant honte de rien, petit d’un clin d’œil à La Grande Évasion, quand un prisonnier fait mumuse avec une balle de base-ball contre un mur. D’où sort cette balle ? Mystère. Comme quoi, la fouille rectale n’est pas faite pour les chiens… On a droit à la scène téléphonée de l’enguelade entre prisonniers avec les dialogues convenus. On est foutu, comment on va s’en sortir, ne paniquez pas, ad lib. Quelques perles aussi comme “les méchants triomphent et les gentils ne font rien”. En VF, je vous le dis, ça pète. J’ai l’impression d’entendre mon neveu de cinq ans.
Grand moment, la visite du labo. On y trouve les classiques : crânes, éprouvettes pleines de liquide fluo, membres découpés, bidules dans des bocaux de formol… Moins courant, un zombie qui semble couler un bronze sur fond d’étendard nazi. Et carrément délirant, les dossiers de recherches de Mengele : Große Esel, Junge Dame (le grand âne et la jeune femme… amis zoophiles, bonjour !), Ich liebe es, Drogen zu tun (J’aime ça, me droguer), Dreizehn (treize… vu les autres thèmes déviants il s’agit sans doute moins d’une référence occulte que d’un âge… amis pédophiles, bonjour !), Essen Babys (manger des bébés). La classe…
On a beaucoup ergoté sur le comportement des Français entre 1940 et 1944. Terminé. Après ce film, on nous fichera une paix royale. La clique se met au turbin en un rien de temps, collabore d’arrache-pied, sans rechigner. Pas un qui fasse semblant de bosser pour donner le change.
Un truc m’étonne, un de plus, me direz-vous. Le groupe de chercheurs semble se composer exclusivement de médecins spécialistes de la greffe. Qu’est-ce qu’ils foutent au Pôle Sud ? Des géologues, biologistes, océanographes, météorologistes et autres scientifiques en -iste ou -ogue, j’entends bien, mais une cohorte de toubibs balèzes en greffes… On pratique si souvent des opérations de ce genre en Antarctique ? Nous aurait-on caché la vérité sur la plaque tournante du trafic d’organes et des transplantations à la sauvette ? Surtout pour en arriver à la conclusion qu’une petite piquouse d’antibiotiques va régler le problème. Mengele galère sur le sujet depuis septante années. Et hop, réglé en cinq minutes par le premier venu.
Retour en cellule, mais hommes et femmes sont séparés. “Ne vous en faitez pas, elles vont seulement prendre une douche”, annonce un gardien qui a le sens de l’humour. Je vous dis, la grande classe. Quitte à partir dans l’humour douteux, j’aurais ajouté “allons-y dans la Shoah et la bonne humeur”.
Nous sommes à la moitié du film, il n’y a pas eu de mort depuis 30 minutes – on y revient toujours à cette fameuse demi-heure sans macchabée –, l’attention est retombée suite aux multiples palabres. Pour nous réveiller, nous avons droit à…
Pour ceux qu’auraient pas bien vu :
Au lieu du gazage attendu, la scène finit en tournante avec des zombies nazis. Normal.
On suppose que la brune finit en morceaux puisqu’on retrouve son tatouage greffé sur un garde.
Pendant ce temps (eh oui, encore), l’Asiatique gagne un tripatouillage de cervelle, plus ou moins consciente, on ne sait pas trop entre le non-jeu de l’actrice et les effets spéciaux pourris.
De son côté, la blondinette s’en sortait bien, encore mieux après avoir balancé ses petits camarades. Mais elle a oublié en route que tous les blonds de ce film sont des traîtres. Le toubib blond avec qui elle fricote la trahit lorsqu’elle lui annonce qu’elle est enceinte. Il pratique une anesthésie basique – un gros poing dans la gueule – puis l’avorte avec un aspirateur. Normal.
Grâce au sérum de fœtus, les savants fous raniment la cocotte-minute du début. Dans une débauche d’effets numériques encore plus ratés que les précédents, la cocotte codèque, s’anime, s’agite, branle, avant de se métamorphoser tel un Transformer du pauvre. Le papillon qui émerge de la chrysalide métallique n’est autre qu’un cyborg affublé de la tête d’Adolf Hitler, quelque part entre ED209 et l’inspecteur Gadget.
À partir d’ici, le film part en vrille totale. Des plaines du grand n’importe quoi où nous chevauchions gaiment, voici que nous nous envolons vers des brumes délirantes au doux nom d’éther. Ou de psilocybe cubensis.
Le Führer sort prendre l’air et entame un discours que le doublage rend savoureux grâce à un accent allemand à géométrie variable. Acclamations, foule en délire, on entend 30000 gorges beugler Sieg Heil. Ce raffût vient des deux malheureux gardes qui constituent sa seule audience. Sacrée puissance vocale, surtout avec leurs éternels masques à gaz.
On enchaîne aussitôt avec le jaillissement d’une soucoupe volante ! Encore un scénariste qui carbure au LSD… et dépourvu de sens pratique. À quoi sert une soucoupe volante sous terre ? Autant déployer un porte-avions sur le lac Léman… Les trois quarts du budget ont dû passer dans la soucoupe, puisqu’il s’agit de l’effet numérique le moins moisi du film.
Dans le genre pourrave, CyberHitler réalise la décapitation la plus moche de l’histoire des CGI, pendant que des centaines de Waffen SS de synthèse (sortis de ?…) embarquent à bord du vaisseau.
Pour raison inconnue, Mengele devient tout vert. Puis la pouf blonde le trahit (encore !) et lui ouvre la gorge.
Les chercheurs rescapés s’enfuient à travers les couloirs avec pour seul plan de quitter la soucoupe. Idée plutôt débile puisqu’elle vole, donc à moins de vouloir expérimenter la chute libre… Ils barbotent des pistolets laser qui font piou, tirent sur des nazis qui meurent ou pas selon les plans, font péter des bouteilles de butane qui traînent sur le palier, s’enfuient par des escaliers étiquetés Treppenhaus (escaliers en allemand, danke Die Palice). Asylum porte bien son nom, cette frénésie du n’importe quoi le prouve assez.
On apprend en cours de route que le plan d’Adolf consiste à cartonner “tous les pays qui ne sont pas aryens” avec des bombes bourrées de bactéries carnivores. En attendant l’attaque, plutôt qu’envoyer ses milliers d’hommes à la poursuite des fuyards, CyberAdolf y va seul. Logique, toujours.
La bataille finale s’achève en couille. On s’attendrait à un formidable affrontement aérien en synthèse pourrie mais non. Expédié par le biais de trois-quatre chasseurs dézingués à la va-vite. Miss traîtresse blonde fait péter une grenade dans le poste de contrôle pour se venger de son aspiravortement. Elle meurt dans l’explosion. La soucoupe s’écrase comme une bouse.
TerminaFührer parvient à s’en sortir… pour mieux finir infecté par sa propre bactérie mangeuse de chair. Et avalé par un gouffre qui s’ouvre sous ses pieds. Et englouti par la flotte.
Les deux chercheurs rescapés se roulent une pelle.
Ze end.
Verdict…
Quoique tout pourri, Nazis at the Center of the Earth surnage dans la masse des bouses d’Asylum : le meilleur film de la firme. Vous me direz qu’on a vu mieux comme référentiel. Certes.
Comparé à la moyenne des DTV d’horreur bas de gamme qui sortent par paquet de douze chaque mois, je me suis infligé bien pire. Le film aurait gagné à donner encore plus dans le gore au lieu de zapper certaines scènes de torture. À défaut, il se rattrape avec ses images de synthèse d’un autre siècle.
Un bon gros nanar à savourer au 50000e degré.
Star Wars of the Dead :
– épisode I : Frankenstein’s army
– épisode II : War of the dead