Gros morceau que cette maison hantée qui semble tout droit provenir de La famille Addams. Une énorme baraque, un portail, un casting de six figurines, 2000 pièces dans l’inventaire, la référence 10228 envoie la sauce bien comme il faut. Normal, il s’agit de la boîte la plus copieuse des Monster Fighters.
En 2012 sortait chez Lego la gamme éphémère des Monster Fighters qui n’aura duré que le temps de 9 boîtes et 4 polybags. Inspirée par les classiques d’horreur de la Hammer pendant son âge d’or des années 50-60, Monster Fighters ressort les monstres de l’époque (la créature du marais, la momie, le loup-garou, Dracula, la créature de Frankenstein, des fantômes et des zombies) aux prises avec des héros hétéroclites, allant de la geekette contemporaine à des lords anglais avec monocle, chapeau melon et casque colonial en passant par un sosie d’Elvis Presley et un autre de Chuck Norris pourvu d’un bras de robot.
Niveau contenu, on est surtout sur du mini set contenant un gentil, un méchant, un bout de décor et un véhicule, avec dans le lot plein de chouettes idées comme le train fantôme et le corbillard. Deux références plus ambitieuses viennent apporter du lourd : le château du vampire et la maison hantée.
Cette gamme est partie comme elle est venue et c’est bien dommage, parce qu’elle avait une identité bien à elle, à la croisée de l’épouvante, du steampunk et du loufoque, avec un contenu bourré de références cinématographiques. Il y aurait eu matière à développer autour d’un paquet d’autres figures iconiques du fantastique ou de la SF (sorcière, Jack O’Lantern, bestioles tentaculaires lovecraftiennes, fourmis géantes, dinosaures, yéti, tout un tas de robots et aliens au look improbable sortis des années 50). Même en s’en tenant aux monstres retenus par Lego, il y avait encore de quoi raconter. Par exemple, la momie est mise en scène à bord d’un char égyptien, mais elle aurait pu bénéficier d’un second set avec son sarcophage. Mais non. Après, la gamme se marie très bien avec d’autres, comme Adventurers, Ghostbusters ou encore Scooby-Doo, on peut toujours par conséquent étoffer soi-même en croisant les effluves.
Or donc, la maison hantée, le set maousse des Monster Fighters, coûtait 180€ à sa sortie pour arriver aujourd’hui à un prix délirant d’environ 600-800 balles sur les sites et marketplaces généralistes. N’achetez JAMAIS de Lego là-bas, les vieux sets sur la Fnac, Amazon, eBay, Leboncoin, etc. redéfinissent la notion d’envolée des prix et par contrecoup celle de foutage de gueule. Pour une bonne affaire occasionnelle – parce qu’on en trouve quand même parfois – vous croisez 99 annonces du même produit qui relèvent de la spéculation à des tarifs abusés. Sur les sites spécialisés en revente de Lego comme Bricklink, la même baraque tourne autour de 400, ce qui représente beaucoup mais déjà moins claqué au sol.
La version que je possède m’en a coûté 70, parce que ce n’est pas du Lego mais un clone chinois issu d’AliExpress et dépourvu de marque de fabricant, l’officiel comme l’officieux. M’enfin, ça reste la même maison hantée, cinq à dix fois moins chère que ce que d’autres en demandent pour un contenu et une qualité de briques identiques à la version originale. Le calcul est vite fait et son résultat ne m’empêchera pas de dormir.
Un seul défaut à signaler dans cette mouture alternative : l’impression a bavé sur le visage du majordome Frankenstein, l’affublant d’une moustache hitlérienne. Notez qu’Adolf dans une gamme de monstres, quelque part, y a une logique. Coup de bol, je possédais déjà la minifig, dénichée sur une brocante, sauf qu’il lui manquait le front large à la Frankie. Inspiré par l’esprit de saint McGyver, j’ai piqué le front du Führer pour le refiler à la figurine incomplète en bon état et récupéré une tignasse dans mon stock de rab pour la version baveuse.
Mon casting complet comporte neuf figurines : les six de base, le doublon moustachu, ainsi que deux squelettes récupérés d’un cimetière qui viendra jouxter la maison hantée.
Pour ne s’en tenir qu’au contenu de la boîte : on y trouve deux fantômes qui brillent dans le noir, la créature de Frankenstein, un cuisinier zombie, la fiancée du vampire (comme le film éponyme) et le comte vampire, ces deux derniers ayant une tête phosphorescente. Très Dark Shadows dans l’esprit que cette tribu de résidents (evil).
Seule lacune de cette boîte, le manque d’accessoires pour les minifigs. Une chance que mon stock de pièces regorge de matos, j’ai pu équiper un des fantômes d’un boulet au bout d’une chaîne, le valet d’un plateau avec un verre et le cuistot d’une petite cuillère (pour manger le cerveau de ses victimes directement dans leur crâne) et d’un hachoir.
Niveau montage, on en a pour son argent. Il y a de quoi faire avec trois niveaux plus le toit à assembler, soit quelques heures bien remplies. Pas de folie technique qui rendrait le montage complexe, pas de passage ennuyeux ou répétitif, donc une expérience agréable à voir l’édifice prendre forme petit à petit.
Sans surprise, on va de bas de haut et on commence par le rez-de-chaussée.
La bâtisse est prévue pour s’ouvrir et se fermer grâce à un système de charnières au niveau du conduit de la cheminée.
L’intérieur se compose d’un vestibule vide qui aurait mérité un peu de déco. Faute de disposer de la traditionnelle armure de chevalier, j’ai mis une plante carnivore dans un coin de la pièce, repiquée d’un set Elves (41186). C’est ce que j’aime dans ces vieux sets, il manque toujours un petit quelque chose quelque part et j’y vois moins une lacune qu’une façon de les personnaliser à ma sauce. J’adore ça !
L’autre pièce est une cuisine avec four, plaques chauffantes, table et une énorme marmite.
Entre les deux, la cheminée en marbre d’un blanc éclatant. Pas très convaincu par cette teinte dans un premier temps, mais je l’ai conservée, parce qu’après avoir testé en gris clair, gris foncé, noir, mix d’un peu tout ça, ben rien ne rendait mieux. Le noir est trop sombre, le gris se fond trop dans l’arrière-plan.
Bizarrerie de coloris, les charnières sont gris foncé, intégrées dans un conduit de cheminée gris clair sans qu’on comprenne la raison de cette différence de couleur. J’étais parti pour les remplacer par du gris clair plus raccord avec le reste, sauf que la pièce manquait dans mon stock. Changement de démarche, j’ai viré certaines pièces de maçonnerie gris clair pour mettre leurs équivalents gris foncé à la place. Deux teintes de pierre pour une vieille baraque, rien de choquant et le résultat rend mieux in fine qu’un bloc monochrome.
Deux entrées permettent d’accéder au rez-de-chaussée : la porte principale devant et la porte de service sur le côté. Pour le rendu de masure délabrée, certaines fenêtres ont des vitres, d’autres non. La plupart sont condamnées avec des planches. Quelques autocollants avec des toiles d’araignée viennent apporter un niveau de détail supplémentaire.
Au premier étage, on trouve à gauche un palier meublé d’un petit bureau avec écritoire et lettre cachetée, et deux commodes, l’une avec verre et bouteille, l’autre avec ce qu’on suppose être une fleur (?). À droite, la chambre avec armoire, lit, tableaux aux murs, crâne de cerf, un cœur sous une cloche de verre au pied du plumard et une plante en pot.
J’ai remplacé cette dernière qui ne me convainquait pas avec sa base de la taille d’un tonneau par une plante carnivore repiquée du même set Elves que celle du rez-de-chaussée. Pour enclore la montée d’escalier, une seconde rambarde a été ajoutée au premier plan. Enfin, trouvant le sol nu et peu crédible en gris même en considérant qu’il puisse s’agir d’une couche de poussière, j’ai recouvert le tout de plancher à dominante marron clair avec çà et là quelques lattes marron foncé pour éviter une uniformité peu esthétique et un rendu trop neuf pas très compatible avec l’état de vieillesse du bâtiment.
À l’extérieur, certaines fenêtres arborent des volets de guingois. En façade, un balcon. J’ignore quelle école a fréquenté l’architecte, mais il a oublié d’inclure un accès. Bon, après, est-ce gênant ? Le mur n’arrêtera pas les fantômes qui peuvent le traverser. Pratique d’être immatériel quand t’oublies tes clés ou carrément de mettre une porte. Quant aux vampires, capables de se métamorphoser en nuage de fumée ou en chiroptère, ils passeront par la voix des airs pour aller prendre le frais sur le balcon.
Dernier niveau, le grenier, auquel on accède par un escalier dépliant. Bourré d’éléments, il contient un baquet dans lequel trempe un casque de chevalier, un coffre avec un mousquet et un haut-de-forme, une pile de vieux journaux, un os sous verre, un crâne, un phonographe, une caisse de disques et quelques flacons. Là aussi, j’ai étoffé le décor avec du plancher.
Dernière ligne droite, le toit, sur lequel il n’y a pas grand-chose à dire, vu qu’il est tout plat, avec juste une chauve-souris dans un coin. Seul éminence, la pointe sur la façade avant du bâtiment qui donne à l’ensemble un look manoir on ne peut plus dans le ton. J’ai conservé les tenons apparents, qui ne choquent pas, mais pas exclu qu’un de ces quatre, je lisse l’ensemble en noir pour un rendu de toiture en ardoise.
Enfin, le portail, s’il est un peu anecdotique dans la construction, apporte un plus de finition et d’ambiance. Que serait une maison hantée sans sa grille en fer forgé qui grince dans la nuit ?
Au final, on se retrouve avec un beau bestiau de 20x25x40 cm environ. L’édifice est une réussite au niveau de son architecture et de son allure générale. Il a de la gueule et correspond à l’idée classique qu’on se fait d’une maison hantée.
La dotation généreuse en figurines permet de peupler le bâtiment et on pourra l’étoffer encore avec pas mal de monstres piochés dans les Collectible Minifigures (spectre, gorgone, zombie, vampire, banshee…). Manque peut-être un peu de gentils pour venir jouer les chasseurs de monstres, mais après tout les vilains pas beaux n’ont-ils pas droit qu’on leur fiche la paix dans leur home sweet home ? Et puis faut pas oublier le côté commercial du truc : pousser le client à acheter d’autres boîtes de la gamme pour fournir des opposants à la clique d’affreux.
Au regard des critères actuels, on peut trouver qu’il manque quelques finitions, mais on parle d’une boîte vieille d’une douzaine d’années quand la mode n’était pas encore de tout couvrir de tiles pour un rendu bien lisse ni de surcharger de détails au point qu’il y en ait parfois trop. Là, c’est assez rempli pour assurer le taf (mis à part une petite réserve sur le hall d’entrée) tout en restant aéré pour qu’un gamin puisse jouer en faisant circuler les personnages.
Pour moi, ce set est un sans-faute.
Pas impossible que je revienne un jour sur ce set pour lui ajouter un niveau souterrain en le surélevant, avec deux pièces supplémentaires en sous-sol : un labo de savant fou et un double caveau pour les tourtereaux vampires. Affaire à suivre…