Victor Crowley tue des gens dans les marais de Lousiane. Voilà, c’est le pitch du film et son spoil intégral. De rien, merci et au revoir.
“Ni un remake, ni une suite, ni basé sur un film d’horreur japonais” annonçait l’affiche à la sortie de Hatchet en 2006, lequel se voulait un film d’horreur à l’américaine et à l’ancienne, un one-shot percutant plutôt qu’une interminable franchise réchauffée… avant que son réalisateur ne retourne sa veste pour accoucher de trois suites (Hatchet 2 en 2010, Hatchet 3 en 2013 et Victor Crowley en 2017).
Hatchet premier du nom sera donc un bon vieux slasher des familles.
Et quelque part, on se demande pourquoi l’argument chie sur les remakes, suites et adaptations, sous-entendu “c’est toujours pareil, y a pas d’innovation”, quand l’optique de Green s’oriente vers le retour aux sources old school qui revient au même : refaire ce qui a déjà été fait.
Et pour le coup, Green ne se casse pas trop la nénette en repompant tranquille Vendredi 13. Victor Crowley est un clone de Jason Voorhees, sa légende itou, son interprète même combat (Kane Hodder a incarné quatre fois Jason). Seuls le lac et la forêt d’origine subissent un changement drastique pour muter en bayou… donc de l’eau et des arbres aussi.
Reprenant les vieilles recettes, Hatchet (“hachette”, qui devient par on ne sait quel miracle de la “traduction” Butcher, “le boucher”) va donc mettre, comme 90% de la production horreur/épouvante, du temps à démarrer et traîner en longueur pendant une ennuyeuse première demi-heure.
L’ennui ne sera pas compensé par le fond, puisqu’il n’y a en pas. Cohérent avec son affiche à base de sang et de poitrine, le film ne raconte rien, ne porte aucun message, aucune réflexion. Le vide absolu scénaristique et thématique.
Côté clichés, on a droit à la totale. Quelques répliques à l’humour bas de gamme… vieille histoire locale sur le boogeyman du coin qui n’est qu’un énième croquemitaine au background éculé… galerie de personnages plus débiles les uns que les autres à l’exception d’un ou deux dont il est évident qu’ils survivront jusqu’à la fin… défilé d’archétypes, de la blonde très conne digne des pires blagues Carambar au Noir sympa et rigolo… des seins à la tonne, le Mardi Gras de la Nouvelle-Orléans et sa tradition d’échanger des colliers de pacotille contre quelques instants d’exhibitionnisme fournissant matière à des plans nichons à tire-larigot. Du déjà vu mille fois en mieux, ailleurs. Le réa connaît les codes du genre, ils les a tous mis. Sauf qu’il n’en a compris aucun. Tout sonne faux, bête, pas drôle, artificiel, forcé, sans âme, comme si un cahier des charges de tous les éléments classiques de l’horreur tenait lieu d’écriture. Sauf que non, une liste de courses ne suffit pas pour bâtir une histoire, des personnages, une ambiance.
L’ensemble est servi par un casting hétéroclite (Joel David Moore, Robert Englund, Tamara Feldman, Mercedes McNab) qui ne se prend pas au sérieux – donc ne joue pas très, très bien –, sans doute conscient de l’inanité de l’entreprise. La VF de tout ce petit monde est insupportable.
Côté méchant, on a Elephant Man dans la salopette de Sinoque (Les Goonies). Si l’instrument de prédilection de Crowley reste la hache (d’où le titre), il n’hésite pas à sortir le catalogue complet de Mr Bricolage quand il faut, ce qui apporte de la variété tout en tirant une balle dans le pied au concept : quand tu files une arme fétiche à ton personnage, jusqu’à donner son titre au film, tu t’arranges pour qu’il s’en serve, pas qu’il utilise autre chose, sinon ça n’a aucun sens. L’autre spécialité du gars Victor est le démembrement à mains nues !
Quand le film se décide enfin à démarrer après un tiers de pellicule à brasser de l’air et des seins, la méga dose de gore débarque sur l’écran. Ça ne lésine pas sur les litres d’hémoglobine ! John Carl Buechler s’est occupé des effets gore et il sait y faire. On dira ce qu’on voudra, mais les techniques old school restent les meilleures dans ce domaine. Ici, aucun trucage par ordinateur et surtout pas de ce sang numérique à mourir de rire qu’on croise dans les pires nanars (Ninja Assassin) comme dans les productions les plus sérieuses (Valhalla Rising).
Le film se résume à ça : du sang qu’Adam Green étale partout comme un sale gosse, juste pour s’amuser, sans que le résultat rime à grand-chose. Victor Crowley tue des gens dans les marais de Lousiane. Et c’est tout. Et c’est nase.
Emblème du genre en concoctant un pot-pourri de tous les ingrédients du slasher, Hatchet ne révolutionnera donc pas le genre, puisque c’est justement ce qu’il ne veut pas faire. En même temps, il se borne à répéter ce que ses prédécesseurs ont déjà raconté et se situe in fine dans la même lignée que les suites, remakes et adaptations de films d’horreur japonais, ce qu’il ne voulait pas faire non plus.
On se demande au fond quel était l’objectif d’Adam Green en se lançant là-dedans, à part montrer du sang et des nichons. Ça, l’affiche y parvient très bien et c’était pas la peine d’en faire un film complet. Juste une image, ça suffisait et aurait épargné au monde ce métrage pas bien terrible, ainsi que ses suites encore pires – comble du foutage de gueule pour quelqu’un qui les dénigre, hein, Adam ?