Valhalla Rising – Nicolas Winding Refn

Valhalla Rising, aka Le guerrier silencieux, aka Le guerrier des ténèbres raconte l’histoire d’un esclave borgne et muet qui devient pote avec des Vikings taiseux. Ensemble, ils partent sans un mot de l’Écosse vers la Terre Sainte et atterrissent en silence au Vinland. Viser Jérusalem et atterrir au Canada, on a connu les Vikings meilleurs navigateurs…

Affiche film Valhalla Rising Nicolas Winding Refn 2009

En termes de construction visuelle, ce film est énorme. Et c’est heureux, parce qu’il n’y a que ça dedans (et l’ambiance sonore aussi). À part deux, trois combats, on ne peut pas parler d’action, et côté rythme certains passages s’enlisent dans la longueur, i.e. la traversée en bateau aussi interminable pour le spectateur qu’elle l’est pour les protagonistes, sans que cette langueur étirée apporte quoi que ce soit.
Y a-t-il un scénariste dans l’avion ? Non. Nicolas Winding Refn avouait ne pas trop savoir quoi faire avec son film et en effet, on sent bien la longue dérive au gré du courant sans direction claire dans l’histoire comme dans le propos. Je ne sais pas si tu es au courant, bonhomme, mais un film, ça ne s’improvise pas, hein ?
Côté dialogues, le titre donne un avant-goût mais sous-estime la muticité générale. Silencieux, ils le sont tous en fait. La moitié des personnages ne parlent pas, les autres ne disent presque rien.
Le héros ne m’a paru que moyennement intéressant au final, et ça c’est dommage, très dommage, parce que tout aurait pu et dû reposer sur lui alors qu’il se contente d’être là. Son côté mystérieux est entretenu jusqu’à l’excès et si on se pose des questions à son sujet dans un premier temps, on en vient vite à ne plus y penser dès qu’on comprend qu’on n’aura jamais la moindre réponse. Certes, on peut faire travailler son imagination, mais avec quel matériau ? Faut une base à un moment, on peut pas juste bâtir sur du vide.
Au plan technique, une seule critique : les giclées numériques sont hyper très mal fichues, aussi ridicules que dans l’immonde Ninja Assassin, c’est dire, et cette foirade occulocide fait tache dans un film qui joue autant sur le visuel et l’esthétique.

Pour autant, le film n’est pas à négliger. Je n’ai qu’à moitié accroché, je ne peux pas dire que j’ai aimé, mais je peux dire que je n’ai pas détesté. Le film repose sur une ambiance particulière, très contemplative, et se regarde comme un tableau. Ce que l’absence d’intrigue construite perd d’un côté en cohérence scénaristique est regagné de l’autre par un aspect onirique de dérive floue vers… mystère… impression renforcée par le jeu sur la brume, les éclairages, les images subliminales… Juste que trop de mystère tue le mystère et que le côté cinéma d’auteur hyper esthétisé, c’est bien gentil, mais si tu files pas en tant que réalisateur quelques clés et pistes, personne ne bite rien faute d’être dans ta tête.

Mads Mikkelsen déploie un charisme invraisemblable pour réussir à faire exister un personnage qui, il faut bien le dire, serait d’une platitude inifinie autrement. Le gars, il a pas de background, pas une ligne de dialogue, le parfait néant de bout en bout. L’homme sans nom des western spaghetti est une vraie pipelette loufoque en comparaison.

Bref, pas exempts de défaut, mais intéressant sur le fond pour l’interprétation à donner à certaines scènes ou images. À voir comme une expérience visuelle et sur ce plan, le film est une réussite. Par contre, je n’irai pas jusqu’à crier au génie. Qu’on ne pige rien à ce film n’a rien de génial, c’est juste qu’il est mal foutu et qu’il n’y a pas grand-chose à comprendre en vérité. Joli mais creux comme un trou de balle.

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