Penchons-nous sur le set Lego 76386 intitulé “Poudlard : l’Erreur de la Potion Polynectar” (que j’aurais tendance à rebaptiser “Lego : des erreurs sur l’emploi abusif de majuscules”). Enfin quand je parle de se pencher, pas trop quand même pour éviter de tomber dans la cuvette des gogues. Parce que, accrochez-vous bien, ce set nous embarque dans un haut lieu de la magie : les chiottes de l’école des sorciers.
Petit set de 217 pièces, petit prix aussi de 20€ pour le tarif public, ce qui est plutôt honnête pour du Harry Potter – gamme qui est au porte-monnaie ce qu’Attila est à la pelouse –, d’autant que la boîte contient trois figurines jouables, quatre si on inclut la version dorée “collector” (avec des guillemets, parce qu’à 2€ l’unité sur Bricklink et de pleines brouettes disponibles, on se situe loin de la pièce de collection rarissime et hors de prix).
Une fois n’est pas coutume, ce set a atterri entre mes pognes grâce à maman, qui l’a dénichée soldée à 50% chez Monoprix.
Cette boîte fait partie des sorties de l’année 2021 pour célébrer vingt années passées à essorer les fans de leurs deniers sous forme de boîtes Lego. Le côté commémoratif se manifeste via une mention sur l’emballage, une figurine dorée qui ira prendre la poussière sur une étagère et deux cartes Chocogrenouille aléatoires (soit deux tiles violettes tampographiées dépourvues d’utilité). En clair, cet anniversaire n’est rien de plus qu’un argument marketing creux comme un trou de balle, camouflé sous une fausse opulence qui fait encore moins illusion qu’un tour de magie de Garcimore.
Le contenu fait référence à une scène de Harry Potter et la Chambre des Secrets qui ne devait pas être bien marquante dans le bouquin comme dans le film, vu que je n’en ai aucun souvenir. D’après des sources bien informées, c’est quand les pieds nickelés de Gryffondor bidouillent une potion de polynectar dans les toilettes des filles (et comme d’hab’ la situation échappe au trio de bras cassés). Les trois pignoufs sont livrés ici en tenue Serpentard – seule maison à tenir debout dans cette école de saltimbanques en peignoir – avec tronche double-face et cheveux de rechange pour refléter leur métamorphose, rien moins que huit baguettes magiques (#stopLaCourseAuxArmements) et quelques accessoires (fioles, chaudron) pour jouer à Panoramix sans avoir le dixième de ses compétences.
La pièce en elle-même ne présente aucune difficulté de montage : socle, murs, cabine des toilettes, lavabos et hop.
Astuce : un des lavabos se soulève pour révéler un espace secret avec un trou dans le fond. Mes souvenirs des bouquins comme des films étant assez flous quant à l’architecture de Poudlard, je serai bien en peine de dire s’il s’agit d’une simple planque ou d’un accès à la pièce du dessous.
On regrettera l’agencement trop tassé en largeur qui rend à peine accessible le lavabo de gauche, coincé contre la paroi des WC, ainsi que le manque de profondeur de la salle, qui empêche de caser les figurines dedans. Et c’est bien là le problème de ce set : si on pose la structure à plat par terre ou sur une table, osef du manque de profondeur, puisqu’on peut toujours rejouer la scène ou en inventer d’autres en jouant avec les figurines à l’extérieur juste devant… sauf que l’accès “à trou” derrière le lavabo n’a plus de sens, puisqu’il est obstrué. L’autre option, c’est d’intégrer les toilettes des filles dans un bâtiment plus vaste – c’est possible et même prévu pour, on y reviendra – auquel cas on peut accéder à l’étage inférieur via l’orifice dans le sol, par contre on se demande où on va caser les personnages et leur matos faute de place.
Structure plus vaste, disais-je pas plus tard que dans la phrase précédente. En effet, en combinant ce set avec d’autres (76389, 76398, 76401, 76402, 76413, 76415, soit un total de 500€ environ), on obtient un château de Poudlard modulaire. S’il vous en manque, vous pourrez toujours combler les vides avec d’autres sets conçus sur le même principe (40452, 40477, 76387, 76395) mais pas intégrés dans la construction finale (ce qui fait qu’on se demande pourquoi leur agencement permet une intégration dans un ensemble où ils ne sont pas prévus pour figurer). Sinon, vous pourrez toujours fabriquer vos propres modules.
Le système est simple et hérité de l’antique gamme Castle de ma jeunesse : des briques à trous et des pins Technic qui s’emboîtent sur les flancs. Et sur le dessus des murs, des tiles avec ici et là quelques tenons qui permettent un emboîtement vertical avec le plancher de la pièce supérieures assez solidaire pour tenir le tout mais pas trop non plus pour pouvoir récupérer les modules sans désintégrer la moitié du bâtiment (système que j’ai utilisé pour les modules de ma Batcave).
Au final, on a donc un petit set correct sans être renversant, dont le principal mérite est son prix mini.
Pour ma part, n’ayant aucune intention de m’embarquer dans un Poudlard géant, je piraterai l’installation et intégrerai les éléments dans ma Batcave (en ajoutant au passage une brique à trou dans le mur des chiottes pour faire un gloryhole, histoire que Batman et Catwoman puissent s’amuser un peu).
Une chose m’a choqué quand même dans cette boîte. Quand on ouvre la porte des chiottes, on voit bien la cuvette et la chasse d’eau… mais y a pas de PQ. Alors ils peuvent bien faire leur cake à Poudlard, avec leurs baguettes et leurs pouvoirs magiques, n’empêche qu’ils ont le cul merdeux, les sorciers tout-puissants.
On ne peut pas nier une cohérence d’ensemble entre l’odeur dans les couloirs de l’école des sorciers et les propos transphobes qui puent la merde de J.K. Rowling. Comme diraient nos amis complotistes, “on ne me fera pas croire qu’il s’agit d’une coïncidence”.