Fées, weed & guillotines
Karim Berrouka
J’ai Lu
Quatrième de couv’
Qui est cette drôlesse qui débarque un beau jour dans le bureau de Marc-Aurèle Abdaloff et lui demande de localiser une fille, sans autre indice qu’un sourire malicieux ? Retrouver les gens, c’est sa spécialité, mais là, c’est un peu maigre. Et il n’est pas au bout de ses surprises : la péronnelle en fuite semble avoir le double talent de se promener dans le temps et de foutre le bordel partout où elle passe. Sauf qu’à trop fouiller dans les arcanes du passé et de la féerie, on finit par mettre le doigt sur une conspiration qui dépasse de loin les compétences d’un détective privé… et même celles d’une fée !
De l’urban fantasy avec du polar dedans… ou plutôt l’inverse. Fées, weed et guillotines joue d’abord sur les codes du roman policier.
En scène, un détective privé au patronyme improbable : Marc-Aurèle Abdaloff. Parce qu’un bon enquêteur se doit de porter un prénom abracadabrant. N’est-ce pas Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Aloysius Pendergast, Ellery Queen ?
Une demoiselle en détresse, Jaspucine, qui débarque dans le bureau d’Abdaloff avec un problème sous le bras.
Une équipe, avec du cerveau et du muscle dedans, qu’Abdaloff embarque dans ses investigations… une femme fatale… un coupable qui le porte sur la figure… et une enquête avec de la conspiration derrière.
La totale des ingrédients du genre policier… la fantaisie en prime, vu la giga dose de second degré, de parodie et de détournement des codes.
Berrouka met aussi des fées, parce que… pourquoi pas ? Leur décalage avec le monde des humains permet beaucoup de recul (comment veux-tu, comment veux-tu…).
Fées, weed et guillotines, c’est donc un roman barré bien comme il faut. Les personnages, les situations, les dialogues, le style… Un délire savoureux, humour à tous les étages. On se fend la margoulette du début à la fin.
Cela dit, le jeu sur l’hénaurme prend parfois un peu trop le pas sur la rigueur. Je me suis demandé en quelques occasions si Berrouka savait où il allait ou si son délire ne lui échappait pas des mains. Sur l’air de “ok, c’est marrant, mais là tu veux dire quoi ?”. Des moments brouillons, l’impression de rester à la rigolade de surface sans pousser plus loin.
Quelques longueurs aussi dans les passages d’archives. La correspondance de Jaspucine et le journal du nuiton aurait gagné à être raccourcis comme l’ont été Louis XVI et Marie-Antoinette.
À l’arrivée… oui, non, je ne sais pas… Une lecture sympa où je me suis bien marré. J’aime l’absurde et le déjanté, j’ai passé un bon moment. C’est le but du bouquin, donc une réussite sur ce plan.
Après, je reste sur ma faim au niveau de la mécanique d’écriture. Le délire fonctionne dans les scènes, moins dans la structure d’ensemble, trop en roue libre.
Titre honnête, bourré de bonnes idées mais moins abouti que l’autre Berrouka que j’ai lu, Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu. À lire surtout pour la détente et la rigolade.
Complètement d’accord avec ton avis et C est pourtant ce côté Polar mais déjanté que j’étais venu chercher mais poser un délire pour le poser .. Et bien on pert en rythme pour un Polar..et on ne comprend plus pourquoi on lit ça.. où ça nous amène alors qu’il aurait pu garder son humour et son côté decallé dans des scènes qui ont une logique dans la structure je pense.. C’est dommage car ce genre d’humour en Polar ça me tentais vraiment beaucoup et ça avait le mérite de ne pas sentir le déjà vu…