Et Dieu se leva du pied gauche
Oren Miller
L’Homme Sans Nom
Quatrième de couverture :
Après avoir avoué à sa femme qu’il avait toujours détesté le thé, Ambroise Perrin se défenestre sous les yeux médusés des personnes présentes.
Dans un palace vénitien, Louise Duval se réveille d’une soirée de gala et découvre que sept de ses collègues sont morts au même moment dans leur lit de causes inexpliquées. Rien ne lie ces deux affaires. Si ce n’est leur mystère. C’est assez pour intéresser Évariste Fauconnier, enquêteur émérite spécialisé dans les affaires que personne ne peut résoudre.
Entre crimes en série, esprits diaboliques et complots politiques, le fin limier va devoir dénouer les fils d’une gigantesque toile qui risque bien d’avaler son âme autant que sa raison.
Car l’araignée a souvent le dessus sur le papillon.
Un livre qu’il est plutôt bien écrit – en tout cas sur la forme avec une plume alerte et un style bien tourné, nonobstant un côté m’as-tu-vu à abuser des effets de manche – mais qui m’aura aussi barbé bien comme il faut à cause de ses mécanismes narratifs qui ressemblent moins à de l’écriture qu’au cochage d’items dans un cahier des charges.
On a eu Holmes et Watson, Poirot et Hastings, Mulder et Scully, David et Jonathan, voici l’histoire d’un énième duo d’enquêteurs régis par une relation asymétrique (ici mentor/disciple) confrontés encore une fois à deux affaires que rien ne relie en apparence. À la suite des Sherlock, Hercule, Aloysius et autre Tirelipimpon, ils ont bien sûr des prénoms à coucher dehors (Évariste et Isabeau). Alors déjà, c’est pas du côté des personnages que va poindre le renouvellement du thriller.
Du meurtre en série, de la machination politique, une touche jamesbondienne d’exotisme friqué (parce que c’est toujours un palace vénitien, jamais un taudis en Albanie), des nazis parce que ça marche toujours comme méchants déjà écrits et prêts à l’emploi, des éléments qui lorgnent vers le fantastique parce que, comme les vieux de Perceval dans Kaamelott, c’est “mystérieux”. Ben pour reprendre une phrase du même Perceval : “Merlin, il met pas tout à chaque fois”. Et l’écriture, c’est comme les ingrédients dans la confection de potion : faut pas tout mettre. Et surtout pas tout ce qui a déjà été vu et revu. Donc là, une brassée de Conan Doyle, une louche d’Agatha Christie, une pincée nazillonne des Rivières Pourpres de Jean-Christophe Grangé, un soupçon du cycle Pendergast de Douglas Preston et Lincoln Child pour flirter avec l’irrationnel…
Et tout ce bazar mis bout à bout donne un roman qui fonctionne mais tient davantage de la recette que de la création et n’intéressera in fine que les lecteurs et lectrices qui aiment le terrain balisé de leur zone de confort, ainsi que les novices n’ayant jamais mis le nez dans un polar. Parce que sinon, dès lors que tu as un poil de bagage sur le sujet, tout ça, tu l’as déjà lu (et/ou vu à la télé ou au ciné, vu que c’est le genre de produit générique qui s’adapte très bien quand il n’est pas carrément conçu pour dès le départ).
Comme porte d’entrée sur le thriller, vous pouvez trouver chaussure à votre pied avec Et Dieu se leva du pied gauche, qui est bien fichu dans la catégorie “rien de nouveau sous le soleil”. Par contre, si vous connaissez un peu le genre et que vous souhaitez être bousculé dans vos habitudes de lecture, laissez Dieu se lever tout seul et restez couché, ce roman ne vous bottera pas.