Virée spéléo dans les archives pour ces critiques express qui ont tout d’une brocante.
Au menu : … Et boules de gomme (Maëster), Rumeurs en Aquitaine (Philippe Caupenne) et Un drôle de phénomène (Cézard).
… Et boules de gomme
Maëster
Fluide Glacial
Maëster “… et boules de gomme”, le titre donne le ton d’entrée dans cet album qui reprend ses premières histoires publiées chez Fluide Glacial, riches en parodie policière. Calembours, vannes à deux ronds, humour tour à tour absurde, potache, noir ou trash, on se marre à chaque case dans cet album très marqué par les références (Blanche-Neige, Bogart, la publicité, Cendrillon, Tex Avery…). L’influence de Gotlib est patente (La mémé, Le secret de la vie), celle de Mad aussi, mais il y a déjà ce petit quelque propre à Maëster aussi bien dans le texte que l’image (décors, détails loufoques glissés ici et là).
Les aventures de Tristan Queceluila
T.1 : Rumeurs en Aquitaine
Philippe Caupenne
C.E.D.S Editions
Un album qui fête ses quarante ans et inaugurait à l’époque les aventures de Tristan Queceluila. Sacrée aventure éditoriale pour une série qui, de 1976 à 2011, est passée par C.E.D.S Editions, Pierrette d’Antoine, Les Editions du Village et Daric.
Nous sommes en 1355 quand s’ouvre Rumeurs en Aquitaine. Coincé entre la France et l’Angleterre, Tristan, seigneur de l’Entre-Deux-Mers, décide de rallier le camp français pour bouter l’Anglois hors d’Aquitaine.
Le postulat est quelque peu bancal. Les Rosbeefs sont présentés comme des occupants… ce qu’ils n’étaient en rien. Le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II de Plantagenêt avait fait tomber l’Aquitaine dans l’escarcelle anglaise. En 1355, Edouard III était un duc de Guyenne tout ce qu’il y a de plus légitime, pas un envahisseur ou un occupant.
Ceci mis à part, la BD est agréable, à mi-chemin entre le patriotisme bon enfant de Thierry la Fronde et l’esprit historico-humoristique des Tuniques Bleues.
Billy Bonbon
T.3 : Un drôle de phénomène
Cézard
Aventures et Voyages
Sympathique bande dessinée parue en 1974 qui met en scène Billy Bonbon, un bébé tireur d’élite à la force prodigieuse. Dessin typique franco-belge des personnages à gros pif (Achille Talon, Astérix et Obélix) et décor western en vogue à l’époque de sa sortie (pleine période du western spaghetti, BD Les Tuniques Bleues née quelques années auparavant).
Un album très fun, bourré d’humour, de jeux de mots, de situations délirantes, genre de mythe d’Hercule transposé au far-west avec ce bambin qui tire au flingue comme personne et balance des rochers comme s’il s’agissait de boulettes en papier.
Les Fées
T.1 : Fées pas braire
François Froideval & Patrick Larme
Dargaud
Premier tome d’une série qui n’a jamais eu de suite et pour cause !…
Pourtant, ça partait d’une bonne idée : le détournement des codes du conte à travers les aventures d’une bande de fées taquines et rigolardes.
Sauf que rien ne tient la route. Le scénar raconte moins une histoire qu’une enfilade de sketches étirés pour occuper de l’espace et répétitifs avec plus ou moins les mêmes tours pendables réutilisés en boucle. À l’occasion l’humour potache fonctionne et quelques trucs font sourire, mais le plus souvent on s’embourbe dans le lourdingue.
Les fées passent une bonne partie de l’album à poil, parce que… Ben parce que. De la fesse et des boobs gratuitement, comme ça, sans servir l’histoire ni créer d’ambiance érotique, je vois pas l’intérêt. En plus de leur coller des fringues, ça aurait été bien de leur écrire une personnalité au lieu d’avoir cinq personnages interchangeables au caractère identique. Et puis les fées, elles passent un peu au second plan derrière les péripéties foireuses du prince charmant qu’elles accompagnent.
Pour couronner le tout, le dessin est immonde, amateur, confus, brouillon, j’en ai encore les yeux qui piquent.
La dernière planche s’achève sur un cliffhanger, mais on n’aura jamais la fin de l’histoire, la série n’ayant pas été poursuivie.