J’ai déjà chroniqué pas mal de bouquins sur le sujet militaire, la plupart très chargés en texte et peu fournis en iconographie, voire dépourvus de la moindre image, ce qui rend leur propos parfois très abstrait et éthéré, avec tout ce qu’on peut imaginer comme difficultés pour se réprésenter le sujet traité.
Aujourd’hui, ce sera l’inverse avec des livres bourrés de photos.
14-18 Mille photographies inédites
Pierre Miquel
EDDL
Bouquin très riche en iconographie comme son titre l’indique, 14-18 a vu grand, peut-être trop. Vu la taille de certaines photos format carte bancaire, on se dit qu’il eût été plus judicieux de n’en choisir que cinq cents au lieu de mille ou d’éditer l’ensemble en deux tomes pour pouvoir tout afficher en grand.
Les “commentaires” annoncés par l’éditeur, de même que le “Pierre Miquel raconte la Grande Guerre en 1000 photos”, c’est un petit peu excessif aussi. Les textes sont d’abord des légendes de photographies, avec peu de commentaires en tant que tel. On trouve quand même en intro un bref récit de la guerre en 16 pages pour cerner le sujet en gros. On l’aura compris, ce livre vaut surtout comme illustration d’ouvrages plus classiques, bons sur le fond mais pauvres en iconographie (i.e. 14-18 : Mourir pour la patrie en Points Histoire).
Autre bémol, la quasi totalité de l’ouvrage commence et s’arrête sur le front occidental (donc la France, encore la France, surtout la France). Mis à part quelques excursions du côté du Levant, le reste brille par son absence. Le front russe est évoqué une paire de fois sans plus, le front italien une seule, les Balkans à l’occasion de l’expédition de Salonique (avec encore des Français dedans), l’Autriche-Hongrie est inexistante, de même que les théâtres secondaires en Afrique et Asie.
Sinon, les photos sont très bien. Soit un bon bouquin mais avec des lacunes.
La Première Guerre mondiale
Susanne Everett
Solar
L’ouvrage d’Everett propose un excellent compromis : du texte, beaucoup, et des images, beaucoup aussi.
Plutôt qu’un récit chronologique linéaire, on s’embarque sur le traitement de grands thèmes : l’entrée en guerre, la violence inégalée du conflit, son ampleur mondiale avec des combats jusqu’en Afrique et en Asie, les gros morceaux de la Somme et Verdun, la guerre sur mer et dans les airs, le tournant de 1917 et enfin “l’illusion de la victoire”, qui ne laisse qu’un continent ravagé et sème les graines du prochain conflit mondial.
Bien fichu dans l’ensemble, un peu daté par moments dans son approche très factuelle héritée d’une histoire-bataille à l’ancienne.
1914-1918 Hommage aux Poilus
Sylvain Négrier
Éditions CPE
Bonne pioche aussi que celui-ci, thématique comme Everett, mais avec une approche moins tournée sur le factuel historique chronologique et davantage sur le vécu des combattants. On a donc “Images de soldats” pour aborder l’individu, “Des machines et des hommes” autour de l’armement et de l’évolution technologique de la guerre, “L’expérience du front” qui aborde la vie quotidienne dans les tranchées et les réalités du combat en première ligne, “Plaies de guerre” sur les ruines, destructions, mutilations, séquelles psychologiques et enfin “Les soldats et l’arrière” pour parler des civils, impliqués eux aussi dans le conflit.
L’ouvrage est illustré en abondance de photographies d’époque sur lequel s’appuie le texte, donc une très bonne synergie écrit/images.
La défaite allemande en Afrique
Eddy Bauer & Luce Botté
Éditions Christophe Colomb
On aurait aimé une couverture globale des théâtres africains pendant la Seconde Guerre mondiale, il faudra se contenter de l’Afrique du Nord et de la courte période fin 1942-mai 1943, quand les Américains déboulent sur les lieux. Dommage qu’on n’ait pas les deux années précédentes pour un aperçu plus complet du théâtre nord-africain.
Le texte est ce qu’il est, antique. Une histoire à la papa, avec des dates, et des dates, et des dates, et des faits à l’heure près, pas trop de vision d’ensemble. Beaucoup de chronologie sans des masses d’analyse, au plus près du fait de terrain à l’instant T en manquant parfois de recul pour le replacer dans ses causes et ses conséquences. Le tout centré sur les grandes figures historiques, parce qu’on ne va pas s’enquiquiner avec la piétaille. Histoire-bataille à l’ancienne… L’ouvrage reste accessible dans une optique de vulgarisation mais dans son style et son approche il est quand même aride (pour de la guerre dans le désert, quelque part, c’est dans le ton…).
Au moins, il a le mérité d’exister. La guerre en Afrique du Nord étant beaucoup moins traitée que sur les fronts européens, c’est toujours ça. Il est aussi illustré de nombreuses photos qui occupent la moitié de la place et c’est surtout pour cette raison qu’il est intéressant, sans quoi il serait juste bof, bof.