Conjuring, un film d’horreur réalisé en 2013 par James Wan.
Si j’en juge par les réactions de ma chère et tendre, The Conjuring devait être un bon film d’horreur. Tétanisée qu’elle était, cramponnée à mon bras au point que j’en porte encore les stigmates.
Moi ?… euh… Les mauvaises langues (aka psychiatres) me dépeignent comme l’incarnation terrestre de Dexter Morgan, incapable d’émotion ou de sentiment. Donc la peur… En vérité, j’ai été élevé par le Bene Gesserit… et le premier qui me sort la litanie entendue 254692 fois risque de passer un sale quart d’heure !
La vérité, la vraie – une de plus, disons –, j’ai vu trop de films d’horreur. Avec le porno, il s’agit du genre le plus représenté dans ma filmothèque. Au gré des ans, j’ai balayé le genre en long, en large et en travers, le pire comme le meilleur, toutes les catégories, sous-genres, sous-sous-catégories… Difficile après ça d’être surpris, effrayé, émerveillé, scotché, ce que vous voulez. Et c’est chiant, parce que plus aucun film n’est capable de m’embarquer. Ah, pouvoir tout effacer et recommencer, redécouvrir le cinéma… vivement Alzheimer !
De toute façon, comment voulez-vous qu’un film me foute les jetons quand Salò ou les 120 Journées de Sodome me laisse de marbre ? D’accord, il ne s’agit pas d’un film d’horreur, mais quand vous l’aurez vu, on en reparlera.
Donc The Conjuring.
En français, il devient Conjuring : Les Dossiers Warren en référence au “célèbre” couple Warren… inconnu en France. Voilà une précision inutile, bravo au distributeur qui a eu cette idée à la con.
Le film est inspiré d’une histoire vraie… Mais attendez… Y a pas un truc qui cloche ? Film d’horreur, fantôme, démon, histoire vraie… cherchez l’intrus. Perso, la dernière fois que j’ai été possédé au point d’entendre des voix et de voir des gens qui sont morts et des couleurs hors du prisme, l’explication rationnelle résidait dans l’abus de CH3-CH2-OH. En clair, j’étais bituré au dernier degré et il s’agissait moins de silhouettes éthérées qu’éthyliques. Garanti 100% vécu authentique pour de vrai !
Un point véridique tout de même, les époux Warren existent dans la vraie vie de l’IRL, du moins madame, vu que monsieur a cassé sa pipe. D’authentiques frappadingues. Avis qui n’engage que moi, mais si un type se pointe à ma porte en se présentant comme démonologue accompagné de sa femme médium… sans déconner, quoi… Bougez pas, les duettistes, je vais chercher a) un fusil ; b) une camisole ; c) Décrocher du LSD pour les Nuls. Je vous jure, Ghostbusters aussi c’est une histoire vraie !
Alors vous allez me dire que c’est un argument de vente tatati tatata. Sérieux, ça attire vraiment des spectateurs le “inspiré de faits réels” ? Y a des gens assez cons pour se laisser convaincre par si peu ?
Bref, la conjuration partait mal… Je voulais pas le voir, ce film, mais alors du tout. La miss a insisté. Comme je suis un boyfriend faible et lâche bon et attentionné, à court de chroniques à rédiger et de prétextes fallacieux, j’ai abdiqué et posé mon séant sur le canapé. Avec consigne de fermer mon clapet pour le reste de la soirée. J’avoue, j’avais peut-être eu une parole malheureuse pendant que madame K à part déballait son Blu-ray. Je me cite :
“Laisse-moi deviner… Trois cons de gamins sont descendus dans la cave d’une vieille baraque construite sur un ancien cimetière indien. Ils y ont trouvé un bouquin en latin appartenant jadis à une sorcière de Salem qui a juré de revenir se venger après son exécution. Ils n’ont pas pu s’empêcher de lire une incantation piochée au hasard qui invoque un démon vilain pas beau super puissant mais qui se contente de faire tomber les vases et tourner les serviettes. Une phrase dans le bouquin, ils sont tombés pile sur celle-là, dans le genre pas de bol !… A croire que les USA forment un gigantesque cimetière indien de 10 millions de kilomètres carrés ! Que Salem était une mégalopole de trente millions d’habitants dont la moitié ont été cramés, pendus, roués vifs pour sorcellerie ! Et pourquoi le latin ramènerait des bestioles sataniques par paquets de douze ? On n’avait pas encore inventé la première déclinaison que déjà des démons gambadaient dans les contrées mésopotamiennes. Après, c’est vrai, des gamins qui lisent le cunéiforme, ça doit pas courir les rues.”
Réponse de ma chère et tendre : “Ta gueule.”
Soirée télé dans la joie et la bonne humeur…
Mon attention a commencé à se relâcher vers la trentième seconde, un record ! La poupée, le thème original de ouf !…
À une minute de film, le fou rire quand les deux greluches annoncent avec le plus grand sérieux qu’après consultation d’une médium, elles ont décidé de devenir copines avec le fantôme d’une gamine morte en lui proposant une colocation dans la poupée. Je ne sais pas à quoi elles carburent, mais c’est du lourd ! À mon avis, je vois bien la confusion entre médium et opium. Même finale pour les deux mots, on a vite fait de confondre…
J’ai décroché pour de bon au bout de 4 minutes. Un record. Annoncer que la poupée n’est pas habitée par un fantôme mais par quelque chose d’inhumain… Ah parce que pour toi, un fantôme, c’est “humain” ?!? Débat philosophique houleux en perspective… Prochain sujet du bac !… L’humain, qui n’est pas un lolcat quantique à la Schrödinger, je le définis comme vivant OU mort. Le fantôme, lui, plutôt ni l’un ni l’autre… ou un peu des deux… Ça dépend comment on le conçoit, c’est le côté pratique des phénomènes bidon “étudiés” par les pseudo-sciences.
Après ça, j’ai dû m’assoupir et somnoler par intermittence entre deux pressions frénétiques de ma chérie sur mon pauvre bras qui n’avait rien demandé.
Nos avis respectifs… D’après ma dulcinée, très angoissant, tout en tension, Conjuring est un excellent film d’horreur. D’après moi, un film reposant, très sombre surtout, vu que j’avais les yeux fermés tout du long.