Concerto en lingots d’os – Claude Vasseur

Tu te rappelles Le Label N de Jess Kaan ? Eh bien, on repart sur les traces de Luc Mandoline, dit Le Mariachi l’Embaumeur !

Concerto en lingots d’os
Claude Vasseur
L’Atelier Mosésu

Couverture Concerto en lingots d’os Claude Vasseur L'Atelier Mosésu collection L'embaumeur

Concerto en lingots d’os est le troisième volet des aventures de Luc Mandoline, ex-légionnaire reconverti comme thanatopracteur.
Pour le coup, Lucky Luc a du pain et du macchabée sur la planche because canicule qui décime des vieux à tour de bras. Il va se retrouver embarqué dans une chasse à l’or nazi, objet de bien des fantasmes au même titre que celui des Templiers – juste la croix qui change d’allure.
Du polar classique, donc, avec son lot de meurtres, bastons, poursuites, pistes vraies ou fausses. Classique sur le papier. Parce qu’avec Vasseur aux manettes…

Ce roman mérite qu’on s’y arrête pour trois raisons.
Grand 1 – prends des notes, y a interro à la fin. Grand 1, disais-je, sa tranche. Une perle de coquille.

Coquille Concerto en lingots d’os
Pourquoi un Zéro tout droit sorti des “Têtes Brûlées” ? Parce que.

J’essaye d’imaginer la tête de l’éditeur quand il a vu le bousin…
Après, faut voir le bon côté. Si Concerto en lingtos d’os doit être réédité, il le sera sans la faute. Enfin j’espère… Ce premier tirage deviendra un collector qu’on s’arrachera pour des millions sur eBay. J’en ai d’ailleurs trois caisses d’avance à la cave. À défaut d’or nazi, une montagne d’argent en perspective…

Deuzio, l’auteur, Claude Vasseur et son style qui décoiffe ! Sans doute pour se venger de n’avoir plus des masses de poils sur le caillou.
Luc Mandoline se pose ici en héritier de San-Antonio dans un hommage appuyé à Frédéric Dard. Un peu trop peut-être. Seul reproche que je pourrais émettre, une proximité marquée à l’extrême avec son modèle. Dans le style, les scènes, les personnages… On m’aurait dit que le bouquin était de Dard, je n’y aurais vu que du feu.
Semi-critique, puisqu’il s’agit d’une volonté délibérée de l’auteur.
Fait exprès, of course, on n’aboutit pas à ce résultat par hasard. Vasseur maîtrise son sujet, on le voit. Mieux, on le sent. Plus qu’un simple pastiche, il s’agit bien d’hommage. Saint Claude – taillé dans le bois dont on fait les pipes – restitue un je-ne-sais-quoi qui va au-delà des gimmicks, de la patte, d’un bête San-Antonio-like : l’esprit. Cet esprit gaulois et déconneur, critique aussi, souvent, qui imprègne les aventures du célèbre commissaire.
Une réussite de ce point du vue. Même si, par moments, j’aurais préféré que Vasseur s’éloigne de son modèle. Mais bon, je n’ai pas été volé non plus. Dard est un auteur que j’adore, ma collec’ de SanA en témoigne. Je suis friand de cette plume échevelée, riche en néologismes, listes délirantes, calembours plus ou moins approximatifs, piques envers les uns et les autres.
Parti pris de l’auteur et pari réussi. Pour avoir lu deux autres romans de Vasseur, précisons qu’il sait aussi s’affranchir de son modèle. Le champ des sirènes, s’il reste dans la filiation de Dard par le phrasé, baigne dans une atmosphère beaucoup plus sombre. Dans La dernière croix, le Claudio change radicalement de thème et de style, preuve qu’il ne se contente pas de jouer les épigones. Le bonhomme a plus d’une mine à son stylo (histoire de changer de la comparaison habituelle, vu que je connais peu d’auteurs qui écrivent avec un arc).

Tercio, comme disent les piquiers espagnols, les “vieillards lubriques” mentionnés en quatrième. Le fameux chapitre 19 qui a fait couler beaucoup de salive dans les salons… Une scène sur toutes les lèvres, au propre (?) comme au figuré… Un passage estampillé docteur Vasseur et madame Claude qui donne une dimension très littérale au mummy porn et restera dans les mémoires (parce que dans les an(n)nales, ce serait trop facile).
Je m’en voudrais de déflorer son con-tenu, vaut mieux que tu la découvres par toi-même.

Pour conclure (non, Jean-Claude Dusse, pas comme ça), Concerto en lingots d’os déborde d’humour. D’amitié aussi, “un point essentiel de cette chienne de vie” – inutile de chercher cette citation dans le corps du texte, elle n’apparaît que sur mon exemplaire, gribouillé par Vasseur himself.
Un roman fun et décontracté avec lequel j’ai bien rigolé. De l’or en barre (ou en lingtos, au choix). Si tu aimes San-Antonio, tu y trouveras ton bon compte (donc ton bon ami en la personne de Mandoline). Sinon, tant pis pour toi, tu passes à côté d’un joli morceau.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *