Guide des oiseaux – Richard Fitter et Francis Roux

Corvidés corbeau corneille choucas des tours têtes de suie

En avril dernier, un corbeau a pointé le bec dans mon jardin. Le modèle XXL assez grand pour me picorer le genou sans avoir à se dresser sur ses pattes. Un Grand Corbeau de son nom vernaculaire, ou Corvus corax de son nom scientifique, hérésie mélangeant grec, latin et redondance. Corvus signifie corbeau dans la langue de Pline, corax veut dire pareil dans celle de Pausanias. Il s’agit donc d’un corbeau corbeau dit grand corbeau et, si on ne peut pas nier une cohérence d’ensemble, faut quand même admettre qu’on a connu les ornithologues plus imaginatifs en matière de nommage d’espèces.
Or donc maître Corbeau a débarqué un soir, tranquille. A repéré les lieux. S’est ensuite installé avec femme et enfants. A nettoyé à lui seul le cerisier de la moitié de ses fruits… et l’autre moitié, il l’a disputée aux merles. Nous, on en a eu quatre – cerises, pas merles – à se mettre sous la dent, pas plus.
Au gré des semaines, une vingtaine d’autres corvidés – corneilles noires et choucas des tours – ont suivi le mouvement et pris leurs petites habitudes chez moi et à l’entour, ce qui fait qu’aujourd’hui je possède ma propre d’escadrille d’oiseaux de malheur (et une réputation de nécromancien sataniste auprès des voisins).

Maître Corbeau sur un arbre perché
Maître Corbeau sur un arbre perché le soir de son arrivée. Ambiance et cotillons…

Jusqu’alors, je ne m’étais jamais préoccupé de ce qui se tramait dans le jardin. L’arrivée de ce squatteur au sombre plumage représente un cas d’école d’incident déclencheur. Je me suis intéressé à lui, parce que oiseau mal aimé par excellence et ça nous fait un point commun. En plus, les grands corbeaux sont rares dans ma région où on croise plutôt des freux, et les trucs pas communs, on aime bien ça ici : avec deux autistes dans nos murs, les atypiques sont la marque de fabrique de la maison K à part, la bien nommée.
Au-delà de son cas, je me suis penché sur la riche vie aviaire qui s’épanouit juste là sous ma fenêtre, pleine de moineaux, mésanges, rouges-gorges, merles, étourneaux, chouettes, chauve-souris (qui sont des mammifères mais on s’en fout du moment que ça vole), grives, troglodytes, pigeons, tourterelles… Et une horde sauvage de corvidés qui foutent les jetons à tout le voisinage quand ils volent en cercle et en croassant au-dessus de la maison. Et ça, ça n’a pas de prix.

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Propriété défendue – Arnaud-Dominique Houte

Tel Clint Eastwood caracolant dans Pale Rider, il nous arrive tout blême et tout poussiéreux après sa chevauchée depuis le fin fond des archives départementales.
On le connaissait surtout pour ses travaux sur la gendarmerie. Depuis, il a trouvé la lumière et décidé de s’intéresser aux gens de l’ombre à travers Propriété défendue, ouvrage qui ne porte pas sur les châteaux forts mais sur les voleurs.
Entre foufous de la matraque et malandrins, voici l’historien des gens pas fréquentables : Arnaud-Dominique Houte.

Propriété défendue, la société française à l’épreuve du vol XIXe-XXe siècle
Arnaud-Dominique Houte

Gallimard / Bibliothèque des histoires

Propriété défendue Arnaud Dominique Houte Gallimard Bibliothèque des histoires
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Petit pays – Gaël Faye

Petit pays
Gaël Faye

Le Livre de Poche

Couverture Petit pays Gaël Faye Le Livre de poche

Le “petit pays” annoncé en titre, c’est le Burundi. Petit, ça reste relatif, puisque, comparé au Vatican, il est quand même soixante-trois mille deux cent cinquante-neuf fois plus étendu. Pour les billes en géographie qui ne sauraient pas le situer sur une carte, le Burundi est juste au sud du Rwanda. Si vous ne savez pas où se trouve le Rwanda, sachez que c’est en Afrique à droite (ou l’est, comme disent les géographes et les cardinaux adeptes du coup de point). Si vous ne savez pas où se trouve l’Afrique, de quelle planète venez-vous ?

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Les hommes-machines contre Gandahar – Jean-Pierre Andrevon

“Doués pour l’exploit, les hommes ont rapidement transformé leur très jolie planète bleue en trou du cul du diable (grâce notamment à l’invention de la guerre, de la religion et de l’argent).
Il va de soi qu’un sphincter n’est pas un endroit très agréable à habiter.”
René Laloux, préface de Gandahar

La première fois que j’ai mis les pieds au royaume de Gandahar remonte à la fin des années 80. Le voyage se fit par le biais non pas du papier mais de l’écran, à travers le long-métrage d’animation réalisé par René Laloux. Depuis sa sortie en 1987, j’ai bien dû le voir une demi-douzaine de fois avant de mettre le nez dans le bouquin et autant après.
Cette chronique vaut autant pour le roman que pour le film, le second étant une adaptation fidèle du premier.

Gandahar
Jean-Pierre Andrevon

Folio SF

Couverture Gandahar Jean-Pierre Andrevon Folio SF
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La stratégie Bancroft – Robert Ludlum

Robert Ludlum, c’est d’abord une poule aux œufs d’or. Quand même un des rares auteurs sinon le seul à avoir dans sa biblio plus de bouquins publiés post-mortem que de son vivant. Ses éditeurs s’en frotteraient les mains, si elles n’étaient pas déjà occupées à compter les biffetons que leur rapporte l’ami Bébert.
Si on ne peut pas nier à Ludlum un savoir-faire en matière de construction narrative, on ne peut non plus lui nier d’écrire plus ou moins le même bouquin à chaque fois. S’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait La mémoire dans la peau, premier volet des interminables aventures de Jason Bourne et seul valable du lot. Tout Ludlum est dedans : espionnage, gentil héros solitaire en croisade contre le méchant reste du monde, manichéisme plein pot, brouettes de complots, magouilles, machinations, plans diaboliques, organisations secrètes, groupuscules mystérieux et hommes de l’ombre. Si tous les complotistes du monde se donnaient la main, ils n’arriveraient pas à la cheville de Bobby Ludlum.
On en arrive à La stratégie Bancroft, ultime ludlumerie publiée cinq ans après la mort de Robert dit “le Surcoté”, ultime aussi en termes de poil dans la main et d’autocaricature de sa production.

La stratégie Bancroft
Robert Ludlum

Le Livre de Poche

Couverture roman La stratégie Bancroft Robert Ludlum Le Livre de Poche
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