Sean Bean joue dans Black Death.
Il meurt.
Enfin, son personnage meurt, lui, a priori, il a survécu au tournage. Je crois.
Bien écrit, Black Death aurait pu être un bon film, ou au moins un film correct, parce que sans budget, c’est quand même compliqué d’exceller. En l’état, y a de l’idée mais aussi de grosses lacunes.
Vers 1346 débarque en Europe la peste noire, originaire d’Asie centrale, qui va ravager l’Europe, dézinguer 25 millions d’habitants, soit environ la moitié de la population. Outre l’Asie et l’Europe, elle se propagera aussi en Afrique et, au total, on se situe sur un ordre de grandeur de 200 millions de morts pour une population mondiale estimée au double.
L’IRL reste le meilleur film d’horreur qu’on ait jamais vu.
Or donc Black Death prend place en Angleterre en 1348. Le film se situe se situe au croisement des genres, entre aventure (épopée de la petite troupe de chevaliers), fantastique (les légendes de nécromancie), histoire (le contexte de la grande peste) et épouvante (quelques passages bien violents).
La photographie superbe, l’ambiance sombre de cette période est bien retranscrite. L’aspect religieux manichéen ne choque pas, c’était comme ça ! L’oscillation entre réalisme et fantastique est également dans le ton de l’époque. La reconstitution est quant à elle un peu plus aléatoire…
Sean Bean fait le taf, à savoir jouer et mourir. Après, on peut regretter que son personnage, comme tous les autres protagonistes, manque d’épaisseur. On a du mal à se passionner pour ce qui leur arrive, à tous ces gens. D’autant que l’histoire accuse plusieurs passages à vide et baisses de rythme.
On est loin du Nom de la Rose, qui a été une des sources d’inspiration évidentes par le biais du jeune moine pris dans le dilemme de la foi ou de la chair. L’enquête du moinillon est trop vite expédiée, trop superficielle, et le personnage n’a pas la carrure d’un Guillaume de Baskerville.
Pas non plus été emballé par cette manie de vouloir filmer caméra à l’épaule dès lors que ça castagne, pour faire “plus vrai” comme si on n’y était, avec pour seul résultat des scènes illisibles qui brûlent les yeux.
Le réalisateur s’est aussi un peu trop perdu dans sa volonté d’effrayer le spectateur et on sent que la violence de certaines scènes est là pour impressionner le chaland plutôt que servir le propos qui s’en trouve dilué d’autant. Il y avait davantage matière à raconter sur les oppositions entre christianisme et paganisme, foi et raison, soumission à l’Église et hérésie, mais Toto a préféré la voie du tape-à-l’œil.
Des bons éléments par-ci par-là mais trop bancal pour convaincre tout à fait, Black Death restera une curiosité frustrante.
