De 1992 à 1995, en 2 saisons pour un total de 85 épisodes de 22 minutes (chacun, pas l’ensemble mis bout à bout), Batman: The Animated Series, connue aussi sous le nom de Batman TAS, BTAS, Batman, la série animée ou encore Les Aventures de Batman et Robin, aura fait date, tant par la qualité de son contenu que par son poids sur l’univers du Chevalier noir. On lui doit des répliques fameuses comme “je suis la vengeance, je suis la nuit, je suis Batman”, l’étoffement de plusieurs protagonistes comme Double-Face et Mr Freeeze et l’apparition de l’iconique Harley Quinn.
La Batmobile était bien sûr de la partie, très caractéristique avec son design hyper épuré d’interminable suppositoire sur roues. C’est elle que Lego a choisie pour un de ses rares sets sur l’univers de la série d’animation (à savoir deux, en comptant celui-ci). La boîte s’intitule “Batman avec la Batmobile contre Harley Quinn et Mr. Freeze”, un nom dont on ne voit pas le bout qui a le mérite d’être complet à défaut de la concision.
Cette boîte n°76274 est bien, mais…
L’éternel “mais” qui fâche, le reproche récurrent que j’adresse à Lego. Quand on se veut une marque qui se tourne de plus en plus vers 1) le jouet de luxe et 2) un public adulte donc beaucoup plus critique que des gamins de 6 ans, on n’a pas le droit pas à l’erreur. Un jour, faudra vraiment qu’ils intègrent ça, à Billund, parce que ce “mais” finira par leur jouer des tours. L’offre concurrente en compatibles ne manque pas, tant légale que contrefaite, autant que dire l’approximatif, le dilettantisme et, pire, le foutage de gueule évident dans certains sets se paieront tôt ou tard.
La Batmobile est chouette. De ce côté-là, pas de problème. Elle est conforme au modèle original du dessin animé, avec quelques petits écarts compréhensibles vu l’échelle qui impose certaines contraintes. On bénéficie de deux options : avec ou sans les pétoires à l’avant du véhicule. Quand on la fait rouler, une flamme tourne à l’arrière au niveau pot d’échappement. Dans l’habitacle, on peut loger Batman avec sa cape sans que cette dernière soit reloute à caser.
Elle est bien et je l’aime beaucoup.
Après, je me demande quand même pourquoi sur le toit, il y a une foute plate 2×4 qui laisse apparaître 8 tenons, dont la présence ne se justifie pas. Le toit de la bagnole, dans l’animé, il est lisse. Et c’est pas faute de pièce existante, vu que des tiles 2×4 dans la teinte bleu nuit choisie, y en a cinq dans la boîte. Bon, j’ai remplacé la brique du délit par une plus appropriée, mais voilà, on attend quelque chose de propre et on se retrouve avec un détail moche et dépourvu de sens.
Même chose pour l’intérieur de l’habitacle avec un trou qui laisse voir la route sous la bagnole. WTF !
Pour l’exposition de l’engin, on a un socle à construire dans le même esprit que celui de la Batmobile de la série TV de 1966-1968. Bonne idée pour aligner les modèles côte à côte avec une belle homogénéité de présentation. Par contre, mêmes défauts ici que pour l’autre, la voiture tient à peine sur le socle, parce que rattachée par quatre malheureux tenons. Donc t’attrapes la caisse, le socle se barre. Et ce faisant, en prime, il se déboîte parce que les deux parties qui le composent sont à peine solidaires entre elles.
Ajoute une expérience de montage aussi courte que répétitive et peu palpitante : le véhicule est tout ce qu’il y a de symétrique, donc une fois monté la base, on ne fait qu’assembler les éléments de carrosserie en double, un coup à droite, un coup à gauche.
Certes le modèle est de taille réduite, donc on n’attend pas d’y passer des heures ni de se rouler par terre de plaisir à emboîter des briquettes, mais pour un jeu de construction, je trouve qu’on est quand même loin du compte.
Les trois figurines sont très jolies. Harley Quinn, que j’adore, ne pouvait que figurer dans ce set dédié à la série qui l’a vue naître. Mister Freeze a tout à fait le look qu’il avait à la télé. Batman dispose d’une cape en plastique souple qui a bien plus de dégaine que les capes cheapos habituelles en tissu synthétique.
Mais… Ça aurait été sympa de filer des accessoires pour le Dark Knight. Dans certaines boîtes, il se retrouve avec quatre batarangs alors qu’il n’a que deux mains. Ici, zéro, rien, nib, peau de balle.
Ces défauts restent de l’ordre du détail, quand même gênants pour une marque qui se veut haut de gamme, mais pas rédhibitoires non plus.
On n’en dira pas autant du prix, qui est un vrai repoussoir : 60€. La vache…
À titre de comparaison, la Batmobile 76119 coûtait 30€ à sa sortie en 2019 pour 342 pièces (dont des accessoires pour Batman) et 2 figurines. C’était un sans-faute. En 2021, la Batmobile 76188 de la série avec Adam West valait 35€ pour 345 pièces et 2 figurines. Quatre ans plus tard, la Batmobile 76274 coûte le double pour 435 pièces et 3 figurines. Une petite centaine de briques d’écart et une minifig, v’là l’inflation galopante ! Et les trois modèles font à peu près la même taille, la dernière en date n’est pas deux fois plus grosse que ses consœurs.
Entre les détails qui laissent à désirer, de plus en plus nombreux dans chaque set, et la politique tarifaire en roue libre, ce qui double, surtout, c’est le grand écart entre la promesse et le résultat. Prix en hausse, qualité en baisse. On en reparlera dans une paire d’années… Ou peut-être qu’on n’en parlera plus, justement.
Je me suis décidé à m’offrir cette Batmobile, parce que je l’ai repérée sur Amazon à un tarif plus avantageux de 50 balles… qui ne me convainquait pas beaucoup plus… mais s’est encore retrouvé amputé de 5€ parce que carton était abîmé (que de rebondissements !). Donc là, ouais, la facture était déjà plus correcte. Quinze balles de rab pour une centaine de pièces et un personnage, en tenant compte du fait que la Batmobile d’il y a cinq ans n’était carrément pas chère et qu’on l’aurait plutôt vue à 35€ comme celle d’il y a quatre ans, j’étais prêt à mettre la différence (même si mine de rien, elle représente 50% d’augmentation pour un tiers de contenu supplémentaire). 45€, c’est ce que j’ai payé, c’est ce que vaut cette boîte. Au prix public de Lego, jamais je ne l’aurais achetée, même si elle me faisait envie.