Banana Games
Christian Zanier
Tabou
Le jour de ses 18 ans, Alex sort de prison où elle vient de passer trois ans. C’est une jeune transgenre en uniforme scolaire comme on n’en a jamais porté dans aucune école (à part dans le hentai). Dehors l’attend Simone, sa chère et tendre à la poitrine plus qu’opulente. Pas sûr qu’il y ait assez de lettres dans l’alphabet pour mesurer son bonnet de soutif, mais on n’est pas là pour parler mode.
Banana Games 1 : Arizona Dream
Tabou
Suite à une tentative de viol, Alex tue son agresseur et l’Arizona Dream tourne au cauchemar. Les donzelles s’enfuient en laissant derrière elle un chemin de mort et de destruction, se mettant en plus des flics des gangsters sur le dos.
Zanier a pioché à droite à gauche pour monter son scénar de cavale sanglante, pompant autant que ses héroïnes assoiffées de sexe. Mélange (ou plagiat) de Thelma et Louise, Tueurs nés et True romance dans une ambiance mi-Tarantino mi-Dorcel, le parcours d’Alex et Simone part à chaque page en sucette dans tous les sens du terme.
Si le graphisme des personnages est excellent, on n’en dira pas autant du reste. Les décors, quant ils sont dessinés, manquent de profondeur et donnent l’impression d’être en 2D. Le reste de l’environnement se contente de photos passées à la moulinette de filtres Photoshop sans parvenir à raccorder au style graphique des protagonistes. Les explosions, dont les péripéties ne sont pas avares, atteignent des sommets de mocheté : on dirait des CGI bas de gamme de nanar fauché de chez Asylum.
Bilan en demi-teinte pour ce premier tome qui propose des personnages intéressants plongés dans une histoire sans originalité servie par un dessin aléatoire où le pire côtoie le meilleur.
Banana Games 2 : Viva Las Vegas
Amerotica
Dans la lignée du précédent, Viva Las Vegas aligne du cul et de la castagne mais en ne cherchant plus à raconter quelque chose. Pas d’intrigue autre qu’une longue partouze étalée sur les trois quarts de l’album. La BD se clôt sur l’affrontement des donzelles contre une horde de spadassins qui semblent sortir tout droit d’un jeu vidéo : une ninja yakuza tatouée avec un katana, une espèce de Catwoman-Robocop, une snipeuse allemande, une cousine d’Ivy Valentine en version à poil et piercée de partout…
Du grand nawak qui part dans tous les sens mais ne va nulle part.
Banana Games 3 : Chicago Balls
Banana Games 4 : Tequila frappée
Tabou
Magie de la traduction, Once upon a time #1 et #2 deviennent Chicago Balls et Tequila frappée. Comme le titre en VO l’indique, on s’embarque dans une séquence souvenir sur l’air d’il était une fois… En l’occurrence, on revient sur le passé d’Alex du temps où elle se prostituait, quelque part entre le meurtre de sa mère et son arrestation, avec entre les deux sa rencontre avec Simone.
Le récit est un bide.
L’auteur enchaîne les scènes de cul et ça s’arrête plus ou moins là dans le #1. On n’apprend pas grand-chose sur Alex et la seule info qui ressort, c’est que la vie n’est pas tous les jours facile, merci du renseignement.
Dans le #2, la rencontre entre Alex et Simone ne marque pas plus que ça, la relation qu’elles nouent est noyée dans le reste au point qu’on se demande ce qu’elle a de particulier pour pousser Simone à poireauter trois ans en attendant que sa chère et tendre sorte de taule. En prime, on a droit à une mise en scène hachée comme pas permis et tout ce qu’il y a d’illisible. Pour couronner le tout, comme on sait qu’Alex fête ses 18 ans dans le premier tome, elle est donc mineure dans ce diptyque très glauque pour pas grand-chose.
Bilan des courses, Banana Games est un coup d’épée dans l’eau. Alors que la série aurait pu avoir des choses à raconter sur la transidentité, l’homosexualité, la psychose engendrée par les violences familiales, l’engrenage de la violence, l’amour entre ces deux personnages pas ordinaires, il faudra se contenter d’un néant thématique total.
Si Zanier parvient à jongler dans le premier tome entre son récit (dont l’essentiel n’est pas de lui mais repiqué du cinéma) et scènes de cul, il ne tient plus son engagement dans les trois volumes suivants et la cavale tourne court, perdue dans le X hardcore – certes bien dessiné – et la préquelle aussi dispensable qu’interminable.
Après des débuts pas parfaits mais qui pouvaient laisser augure de quelque chose, il faudra donc se contenter de rien.