Auteur en vacances : Marc Falvo

Dylan Dog
Tiziano Sclavi
Billet vacances par Marc Falvo

Couverture Dylan Dog Tiziano Sclavi Sergio Bonelli editore

Ah, les vacances d’été…
Limbes vaporeuses où se détendent nos neurones surchauffés par une année de dur labeur. Où s’ébattent nos envies, nos grandes ambitions et nos petits budgets pour les concrétiser, voire, si on a le bol de rencontrer le/la partenaire idéal(e), nos sens en émoi…
Ready, vous êtes en condition ?

Mais les vacances souvent riment aussi avec lecture. Enfin si la rime est pauvre, elle n’en reste pas moins vraie. Et qui dit lecture estivale dit, pour moi, forcément Dylan Dog.
Qui ?
J’en vois déjà lever leurs sourcils broussailleux et/ou épilés, à l’évocation d’un héros que bien peu hélas en France connaissent. Because à la base, Dylan Dog nous vient tout droit du pays des lasagnes bolognaise et de Silvio Berlusconi, à savoir la Finlande – rires – et qu’il a eu trop peu d’occases de percer ici, au pays du fromage et du vin de Bordeaux, à savoir la Suisse. Seuls quelques albums furent traduits puis édités par Glénat il y a fort fort longtemps – à l’époque où je ne me rasais pas encore, c’est dire – et depuis, nib… Nada à part le pire du pire, une adaptation cinoche en forme de fist-fucking, aussi fraîche qu’une entrecôte périmée laissée deux mois sous la cendre. Sinon morne plaine. Bref, ne parlons plus des choses qui fâchent.

Affiche film Dylan Dog

Laissez-moi plutôt vous présenter Dylan.
La mi-trentaine. Beau gosse, genre brun ténébreux. Physique calqué sur celui de l’acteur Rupert Everett. Toujours vêtu d’un jean, d’une chemise rouge et d’une veste noire, flegmatique en diable. D’ailleurs, à propos de Diable, Dylan est aussi détective privé. Catégorie hors-sol. Il ne s’occupe en effet que des affaires étranges. Surnaturelles. Horribles. Spectres hagards squattant votre frigo ou loups-garous chassant la gueuse en plein cœur de Londres…
Because c’est là que ça passe, in the british capital.
So classy, isn’t it?
Dylan Dog est donc une BD – autrement dit un fumetti, l’équivalent du comics aux USA qu’on trouve chez les marchands de journaux – créée en octobre 1986 et sortie depuis à rythme mensuel. Incluant les tonnes d’inédits en tous genres, de volumes hors-collection et de numéros spéciaux, ses enquêtes comptabilisent plusieurs centaines d’occurrences. Qui en font l’une des BD les plus vendues de Finlande – rires bis – et l’idole de trois générations. La mienne itou, je le confesse, à cause de raisons diverses et variées dont ce billet – merci à Fred d’Un K à part pour sa proposition, au passage – tente de se faire le résumé succinct…
D’abord, à cause du contenu. Subtil mélange de fantastique et polar – pas étonnant si quelques années après m’est apparu un certain personnage de détective… Stan Kurtz étant ni plus ni moins une version débraillée du personnage – mais aussi d’humour et de poésie. Univers où se côtoient Groucho Marx – assistant attitré de Dog, pour vous situer l’ambiance, et véritable machine à blagues douteuses – et les vers de Dylan Thomas. Romantique et baroque, toujours en décalage, parfois parodique ou d’une noirceur infinie, Dylan Dog se définit par un adjectif souvent usité mais souvent usurpé : inclassable. Foncez-y, vous verrez… Si possible dans la langue de Silvio, sinon jetez-vous sur les rares traductions disponibles.
Ensuite, à cause du contenant. Ces albums magnifiques en noir et blanc, aux couvertures si bariolées, dantesques et évocatrices surtout si vous les découvrez gamin, par hasard, alors qu’un membre plus âgé de votre famille est en train d’en lire…
Car, en réalité, mon attachement affectif à cette série – au-delà de son immense qualité – vient idem de là. Elle vient du blues. Celui des vacances estivales, passées durant toute ma jeunesse en Italie du Sud. Où, à l’heure de la sieste, un gosse hyperactif trouve peu d’occupations autres que compter les minutes ou s’emmerder copieusement. Rêver à ces bédés géniales qu’on vous défend de bouquiner – ça y tue et ça y baise, ma bonne dame, à chaque page il y a des nanas à poil et des gerbes d’hémoglobine – et que vous ne pouvez qu’imaginer…
Dylan Dog, pour moi, c’est un peu tout ça. Les vacances et le goût doucereux de l’interdit. La chaleur filtrant des volets entrouverts et le fog glacial de Londres, cité tentaculaire où se cachent les monstres. Depuis, bien sûr, j’en ai lu…
Beaucoup.
Je me suis marré et j’ai frissonné. J’ai été ému ou secoué par les intrigues, les messages, les dessins. J’ai même, à mon tour, tenté de provoquer ces réactions chez d’autres gens. Chers amis, après lecture de ce billet, n’attendez plus. Dylan, Groucho et leurs potos difformes sont en ville. Ce serait dommage – qui a dit mortel ? – de les rater.

Dylan Dog

(Chronique réalisée dans le cadre des auteurs en vacances.)

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