Anthologies Librio à 10 F / 2 €
J’ai Lu
“La collection Librio affirme une volonté de proposer à tous une entrée dans les fondamentaux de la culture générale, à partir de 2 euros.” Dixit le site de Librio.
J’ai Lu, pas à une faute de goût près, n’a pas retenu le slogan que j’avais proposé au lancement de sa collection dans les années 90 alors que j’avais mis dans le mille quant au but de la démarche : Librio, des bouquins pour les pauvres.
À l’époque, pauvre, je l’étais. Les bouquins coûtaient dix balles. On était faits pour s’entendre.
Or donc, aujourd’hui, soit trente ans plus tard, il sera question des recueils thématiques en fantastique et science-fiction qui traînent dans ma bibliothèque.
– Un bouquet de fantômes
Onze nouvelles pleines de revenants, spectres, âmes en peine et machins hantés par des esprits vengeurs ou facétieux. De la très sérieuse épouvante à l’humour frissonnant, il y en a pour tous les goûts.
– Les cent ans de Dracula
Paru en 1997, ce recueil commémore le centième anniversaire du roman Dracula (publié en 1897 pour ceux qui ne seraient pas doués en calcul mental). Avant que le genre ne devienne un sujet de rigolade plein de vampires décérébrés qui brillent au soleil, le nosferatu était un sujet sérieux. Goethe, Polidori, Gautier, Crawford, Stoker (qui s’autocélèbre en étant présent dans un recueil qui de base lui est déjà dédié), Askew, Ray et Lovecraft, de quoi succomber à la nostalgie des vampires qui avaient la classe et les crocs plutôt que des amourettes de lycéens à la sauce Twilight.
– La dimension fantastique (4 volumes)
Le premier tome constitue une bonne entrée en matière pour le néophyte, le second s’essouffle déjà, le troisième redresse la barre, le dernier arrive en bout de course.
– Les dinosaures
Cinq nouvelles, plutôt sympas dans l’ensemble avec deux auteurs archiconnus (Isaac Asimov, Le Jour des Chasseurs et Robert Silverberg, Notre-Dame des Sauropodes) et l’excellente Une nuit préhistorique de Philip Barshofsky. En revanche, Le dieu qui vient avec le vent de Francis Carsac ne m’a pas emballé, pas plus que L’inversion de Polyphème de Serge Lehman (en plus, sélectionner un de ses propres textes pour une anthologie, j’ai trouvé la démarche un peu gonflée).
– Fées, sorcières et diablesses
Ni bon ni mauvais… ni moyen, en fait. Correct mais avec certaines redites par rapport à d’autres recueils bricolés par Sadoul. Le thème de la figure féminine comme liant entre fées, sorcières et diablesses est un peu léger, les trois thèmes n’ayant pas de rapport nécessaire entre eux. C’est aussi cohérent qu’un recueil qui mélangerait vampires, Triangle des Bermudes et peinture flamande.
– Le futur a déjà commencé
Composition originale pour cette anthologie qui, au lieu de ne comporter que des nouvelles, n’en aligne que trois, pour mieux compléter son propos en intégrant des textes de réflexion sur la science-fiction (préface de Michel Le Bris, interview de Norman Spinrad, articles de Jacques Chambon et Marion Mazauric).
– Gare au garou
Le loup-garou attend ton toujours son grand roman – l’équivalent du Dracula de Stoker avec plus de poils n’a toujours pas été écrit – et il n’est pas là d’en voir la couleur depuis que la mère Meyer l’a rabaissé au rang de toutou pétri de guimauve et d’amourettes adolescentes. Donc il attend et nous aussi à la manière d’un Cthulhu rêvassant à R’lyeh. Pour patienter, on se rabattra sur ces huit nouvelles qui ratissent large dans le temps (Pétrone au Ier siècle et Marie de France au XIIe) comme dans le style (notamment avec Nibards de Suzy McKee Charnas) et proposent un balayage intéressant du sujet.
– Une histoire de la science-fiction (5 volumes)
Cinq volumes pour une cinquantaine de nouvelles rassemblées par un passionné et fin connaisseur du genre. Du premier au dernier tome, rien à jeter, que des pointures de la plume et des textes intéressants. À ce prix-là et à ce niveau de qualité, on aurait tort de se priver !
– La solitude du vampire
Huit nouvelles qui explorent le thème du vampire, toujours en marge de l’humanité par sa nature mais incapable de s’en passer pour d’évidentes raisons alimentaires. À l’instar de Robert Neville, le vampire est une légende et donc bien seul. Ce recueil a le mérite de ne pas faire doublon avec l’anthologie Les cent ans de Dracula rassemblée par la même Barbara Sadoul.
Dans l’ensemble, ces recueils sont plutôt bons. Mes trois préférés sont le premier volume de La dimension fantastique, Le futur a déjà commencé et la pentalogie Une histoire de la science-fiction.
Pour l’essentiel, on y trouve une majorité de textes classiques, d’auteurs très connus (et aussi très morts et très tombés dans le domaine public, d’où le prix des bouquins).
Les spécialistes en SF et en fantastique les connaîtront déjà. Mais je pense aussi aux autres. Voilà l’occasion de découvrir pour pas cher des genres, thèmes, auteurs qui couvrent un pan énorme de la littérature (à compléter avec d’autres anthologies dans la même collection, par auteur cette fois et non par thème). Si ça vous plaît, vous pourrez toujours investir dans les intégrales de Spinrad, Lovecraft, Bradbury… Si vous n’aimez pas, vous n’aurez perdu que deux euros.