L’histoire du film :
Des couloirs. Des gens dans un hôpital. Des couloirs. Sortir. Encore des couloirs. Mutants affamés. Toujours des couloirs. Arrivée de Tao (Steven Baudruche Seagal) le chasseur de vampires. D’autres couloirs.
Dans cette énième série Z, un sempiternel virus inconnu a transformé une fois de plus la population en prédateurs déjà vus, créatures assoiffées de sang qui ne sortent que la nuit, genre de vampires-mutants-zombies à la nature pas bien définie que même les personnages du film ne sont pas sûrs de ce quoi qu’est-ce, en bon français dans le texte.
Par chance pour Pétain le monde, il y a la milice (Infectés, nous voilà !). Des types tout de cuir noir vêtus, qui en ont tellement dans le pantalon qu’ils ne marchent qu’au ralenti. Ou alors c’est parce que leur chef est un patapouf qui ne peut pas marcher à plus de deux à l’heure.
En vérité, rien ne semble filmé à vitesse normale. Beaucoup de choses se passent au ralenti en images floues entrecoupées de flashbacks où se succèdent avec frénésie des tas de plans gore qu’on n’a pas le temps de voir. À croire que la lentille du lecteur DVD est foutue, incapable de lire à la vitesse correcte entre saccades, accéléré et ralenti.
On ne capte rien aux tenants et aboutissants, sans doute parce qu’il n’y en a aucun. Un hôpital, des gens dedans, et… C’est tout, on n’en saura pas plus. Parfois les civils marchent ensemble dans un couloir. D’un coup, on les retrouve séparés, à marcher chacun dans son couloir et à se demander où sont passés les autres. Puis ils se regroupent et repartent arpenter d’autres couloirs.
Les rescapés se vantent d’avoir survécu et tué des créatures à la pelle… mais se promènent en parfaits touristes sans même un cure-dent en guise d’arme. Leur seul équipement se résume à une lampe-torche pour six.
Pendant ce temps, les miliciens continuent à faire le tour de l’hosto au ralenti. Pour cacher l’embonpoint de Steven Seagal, le réalisateur recourt à mille et une astuces : le moins de plans possibles, plutôt de dos, de nuit ou dans l’ombre, voire les trois à la fois. Utilisant toutes les ruses de Sioux imaginables, la caméra s’amuse à cadrer les pieds du Bibendum ou à filmer son ombre…
Au bout d’une demi-heure, Stevie balance enfin : “bon, allez, on va entrer maintenant”. Pas bête comme idée. Un tiers de remplissage de film pour moins d’une minute de Seagal à l’écran, il serait peut-être temps de bosser un peu.
Dès lors, dans cet hôpital “vide depuis des mois”, je cite, plus moyen de faire un pas sans tomber sur un milicien, le groupe des “héros”, d’autres survivants lambda, des infectés… Un monde fouuuuuuuuu !
Pourtant, il ne se passe rien. Sur le mode une-porte-un-monstre-un-trésor de Donjons & Dragons se succèdent déambulations dans des couloirs, attaque mollassonne d’infectés, intervention opportune de Stevie et encore des couloirs. Comme un disque rayé qui diffuserait en boucle le même refrain.
Et ça dure pendant l’heure restante.
Ils marchent. Longtemps.
Il y a des couloirs. Beaucoup.
Mais il y a pire, bien pire…
Ce film est une honteuse escroquerie vendue sur le seul nom de fau Saumon Agile, Steven Seagal… qui apparaît environ dix minutes sur toute la longueur du film, par tranches de quinze secondes maxi.
Après un âge d’or des plus brefs limité à deux films (Nico en 1988 et Piège en Haute Mer en 1992), Stevie pète plus haut que son cul lors d’un high kick de trop et se lance en 1994 dans un Terrain Miné qui porte bien son nom pour sa carrière. Il entame la descente vers des séries B puis Z de plus en plus ringardes et nanardes, clous des soirées entre potes avec leur lot de pizzas et de bières (Piège à grande vitesse, Menace Toxique, Hors Limite).
Avec Mission Alcatraz (2002), on découvre un Seagal qui n’est plus seulement bouffi d’orgueil, avec la grosse tête et les chevilles qui enflent : son corps tout entier a suivi le même chemin. Le svelte aïkidoka compterait-il s’orienter vers le sumo ? Pour l’heure, cet Alcatraz sera un aller-simple vers une nouvelle prison : le vidéo-club sans passer par la case ciné.
À partir de 2003, il enchaîne à un rythme stakhanoviste les productions de plus en plus fauchées, tournées à l’arrache en Europe de l’Est, dans lesquelles il assure le minimum syndical. Ces films atteignent un degré de médiocrité tel que même le plus indulgent des nanardeurs peine à y trouver de l’intérêt.
Annoncé comme un “grand” Seagal contre les vampires, on pouvait s’attendre dans Against the dark à un retour en force du nanar seagalien de haute volée avec son lot de bastons irréalistes, répliques débiles, plans nichons casés en dépit du bon sens et du bon goût… Non.
Intermittent du film comme d’autres le sont du spectacle, Seagal n’apparaît qu’à l’occasion, ouvre à peine la bouche, ne fait même plus semblant d’essayer de jouer. Même son expression monolithique disparaît pour laisser place à un grand néant au-delà du non-jeu. Son talent martial a suivi le même chemin. L’expressivité d’un menhir couplée à la dextérité d’un dolmen. Fini la tatane, les coups de latte et les “je t’attrape, je te retourne le coude et crac je te pète le bras en deux”, Steven se contente de donner des coups de sabres patauds bidouillés au montage pour qu’on se croit retourné à l’époque du katana virtuose. Ou plus simple, un coup de pétoire, c’est tellement moins crevant de ne bouger qu’un doigt.
Steve, Steve, Steve… un effort, bon sang… Y a trop de laisser-aller là ! La moindre des choses quand ton nom est sur une jaquette serait, à défaut de jouer, d’assurer un minimum de présence à l’écran.
Mais non, même pas…