Une première cette année : ma pile à lire a vu plus de sorties que d’entrées ! Ce qui signifie que peut-être un jour j’en verrai le bout et que peut-être un jour je finirai par lire le plus ancien bouquin qui y zone (depuis 2011, ça ne rajeunira personne). Cela dit, on n’y pas encore, il reste du boulot… M’enfin, v’là déjà quelques titres arrivés chez moi entre 2016 et 2019 et désormais évacués de la PAL (avant d’être évacués tout court, puisqu’ils sont partis dans le carton des livres à offrir).
Or donc, en ce jour, mes yeux de lynx passent en revue :
– Les Els (H. Roy)
– Comme l’Obsidienne (Vania Prates)
– La brûlure des anges (Pierre Gaulon)
– Destins brisés (Christelle Mercier)
– Fréquence Oregon (Loïc Le Pallec)
– 100 jours en enfer (Robert Muchamore)
Les Els
H. Roy
J’ai Lu
C’est sympa et plein de bonnes idées. Mais. Je suis aussi fleur bleue qu’Emmanuel Macron est de gauche, si hermétique aux choses de l’amour qu’Aphrodite me surnomme “le Tupperware”, autant dire que le versant romance des Els ne m’a pas du tout parlé. Ce qui a donc rendu la lecture un peu longuette, vu que sans les mamours et les câlinous, l’histoire aurait tenu en un tome. M’enfin, dans la catégorie fantastique contemporain orienté ado et girly, ce dyptique assure le taf en mettant en scène des créatures intéressantes qui changent des éternelles resucées de vampires et loups-garous. Plutôt bien écrit sur la forme, je suis plus réservé sur le structure, qui reste trop inscrite dans les canons de la romance paranormale young adult sans jamais sortir des clous (personnages ados classiques, manichéisme, péripéties traditionnels, enjeux habituels…).
Comme l’Obsidienne
Vania Prates
Rebelle
Une “dystopie” (avec des guillemets vu comment le terme est employé à tort et à travers) quelque part entre Divergente, Le Labyrinthe et Hunger Games. Même constat que d’habitude : on est loin de Wang (Pierre Bordage). Ici, des bonnes idées, mais une trame et un contexte hyper classiques, un manque de prise de risques à suivre pas à pas chaque code de la dystopie contemporaine young adult (genre qui est en soi une dystopie…), trop de linéarité dans le déroulement de l’histoire, trop de worldbuilding pour le worldbuilding, le tout aboutissant à une lecture pas désagréable mais trop prévisible. La SF, c’est pas des charentaises, hein, c’est un genre censé te bousculer dans ta zone de confort, pas t’y faire buller gentiment.
La brûlure des anges
Pierre Gaulon
Fleur Sauvage
Classique. Trop. Un de ces thrillers sombres comme il en sort nonante-douze par mois si c’est pas plus, que t’as l’impression d’avoir déjà lu dans les mêmes proportions because même ambiance, mêmes archétypes, mêmes ficelles, mêmes péripéties, mêmes révélations, mêmes mécanismes de construction du récit. Donc au final, du ni bon ni mauvais ni moyen, du qui se laisse lire et qui se laissera ensuite oublier.
Destins brisés, la dernière chance
Christelle Mercier
L’Atelier Mosésu
Dans la lignée de Truman Capote, annonce la préface. Ouais, à sa façon, parce que très vite, ce roman capote.
On dirait une novellisation de thriller hollywoodien lambda. Tout le cahier des charges y passe, tous les gimmicks du genre, jusque dans la façon de les rendre (l’écriture dite “cinématographique”, façon polie de dire que beaucoup d’auteurs confondent roman et film pour, in fine, être à côté de la plaque en proposant une histoire qui se trompe de média).
Fréquence Oregon
Loïc Le Pallec
Sarbacane
Chronique tardive d’un bouquin lu il y a quelques mois maintenant dans le cadre du jury du Prix des Halliennales 2019.
Un road-trip dans un monde post-apocalyptique, tu penses tout de suite à Mad Max. C’est un peu l’idée en version littérature jeunesse, donc bien moins bourrin que la version ciné avec Mel Gibson. Si vous êtes un briscard du genre, pas dit que ce bouquin vous emballe. Vous avez terminé les œuvres majeures sur papier comme à l’écran, vous connaissez les codes, les situations récurrentes, les archétypes, vous ne découvrirez rien de nouveau. En même temps, si vous êtes un briscard du genre, vous êtes vieux, donc pas la cible des bouquins pour adolescents.
Il faut prendre Fréquence Oregon comme une somme, un condensé du post-apo, la quintessence du genre. À ce titre, il est très bien écrit… presque un peu trop, puisqu’il manque à mon sens LA petite touche innovante (drame d’être moi-même un vieux briscard…). En tout cas, pour un ado qui souhaite découvrir le genre, il s’agit d’un très bon titre sur le sujet.
Cherub
Mission 1, 100 jours en enfer
Robert Muchamore
Casterman
Cherub, pas mon truc, je l’annonce d’entrée. Ce premier tome ne manque pas de dynamisme ni d’idées. Et c’est tout. Le personnage principal donne surtout envie de le baffer plus que de s’attacher à lui. La plume est moche. Muchamore, c’est typiquement l’auteur qui serait bon sur du quatre mains, comme scénariste et mine d’idées, en laissant à un autre le soin de la rédaction qui n’est pas son truc mais alors pas du tout. En solo, il atteint vite ses limites. La série Cherub le montre bien : sitôt que Bébert a eu épuisé son stock d’idées, elle tourne en rond et peine à convaincre, incapable de tenir debout par la seule force de ses personnages (au point que l’auteur sera obligé de renouveler son casting), de son style (absent) ou de son ambiance (qui est toujours la même pendant un long chemin de croix de 17 tomes – qui redéfinit l’expression “exploiter le filon”, à plus forte raison quand on ajoute 7 volumes de préquelle).