J’ai posé le pied dans le Territoire des Ombres, un diptyque de José Luis Alemán d’après l’univers de Lovecraft. Le Secret des Valdemar (La herencia Valdemar en VO) et Le Monde Interdit (La herecia Valdemar II : La sombra prohibida) sont sortis en 2010 et 2011 sur les écrans espagnols. En France, ils atterrissent dans les bacs DVD en 2013 sous un titre qui laisse présager du pire, comme tout ce qui s’appelle “des ombres”, “de la nuit”, “des ténèbres”, “de la mort”, “du mal”…
Yé n’ai pas été déçou dou voyage.
Ah, Lovecraft, mon pauvre ami… Quand on voit la masse de ses écrits, voilà un écrivain peu adapté au cinéma et souvent très mal. J’en viens même à me demander s’il existe une seule adaptation fidèle et potable.
Les films qui s’en réclament, comme Dagon, From Beyond ou Re-Animator, s’éloignent beaucoup des histoires originales. Il s’agit moins d’adaptations stricto sensu que de libre inspiration, de productions estampillées “d’après l’idée originale de Lovecraft qu’on a tripatouillé pour pondre notre truc à nous”. Ce qui n’en fait pas des mauvais films, mais on reste sur une insatisfaction et des attentes pas toujours comblées.
Deuxième type de films, ceux qui, sans adapter un récit spécifique, s’inspirent de l’univers de Lovecraft à divers degrés. Quelques bons métrages surnagent parmi une liste de bouses des plus conséquentes (Necronomicon, Cloverfield…). On se rabattra sur le premier Evil Dead, sur L’Antre de la Folie qui se situe quelque part entre H. P. Lovecraft et Stephen King (lui-même très influencé par le Maître de Providence) ou encore sur Pacific Rim et ses bestioles aquatiques tentaculaires venues d’une autre dimension.
Je zapperai ici les films qui utilisent des éléments lovecraftiens de façon plus périphérique (les Grands Anciens de La Cabane dans les Bois) ou juste anecdotique (l’asile d’Arkham dans les Batman).
Bref, comme Cthulhu, je rêve et j’attends. Entre autres l’arlésienne de Guillermo Del Toro : Les Montagnes Hallucinées. Le récit de Lovecraft étant à l’opposé du cahier des charges d’un blockbuster, on n’est pas là d’en voir la couleur tombée du ciel. Ou alors une qui sera à mille années-lumière du matériau originel, pleine de romance à deux ronds, de baston contre des hordes de mobs et de Grands Anciens piétinant des gratte-ciel.
Revenons aux Valdemar qui entrent dans la catégorie “prenons l’univers de Lovecraft et faisons du caca”.
Les Valdemar, c’est UN arc narratif qui tire DEUX flèches – une dans le présent, une dans le passé. Le dyptique ne forme en pratique qu’un seul métrage étiré sur 3h10. La soi-disant fin du premier ne marque qu’une coupure aussi brutale qu’artificielle. Pour avoir la vraie fin, il faudra se taper l’opus suivant. Même syndrome que Les Reliques de la Mort : une bonne dose de longueurs permet de sortir deux films avec une seule histoire et de rentrer le double de pognon.
Le Territoire des Ombres : Le Secret des Valdemar
Chiant et vide. Pas qu’il soit vraiment mauvais, juste inintéressant comme pas permis. L’estampiller film d’horreur, c’est aller vite en besogne pour deux scènes fugitives de cinq secondes. Le fantastique occupe à peine vingt minutes.
En résumé : la demeure des Valdemar, une vieille baraque au lourd passé, doit être vendue. Un premier agent immobilier envoyé estimer le bien a disparu sans laisser de traces, mais tout le monde s’en fout. Pouf, plus là, rien d’inquiétant, normal. Une collègue envoyée à sa suite tombe sur son cadavre puis sur une goule pendant que son appareil photo filme un fantôme. De la baraque chargée, dites donc !… Après sa fuite, elle est recueillie par le jardinier et son pote, un psychopathe et un sociopathe (c’est surtout dans le deuxième film qu’on s’en rend compte, mais dès le départ tous les artifices de mise en scène leur collent le néon “types pas nets” au-dessus de la tête). Puis on n’en entend plus parler.
Niveau timing, ce passage en gros couvre la première demie-heure. Dix minutes de présentation, dix minutes de visite ennuyeuse de la bâtisse sans la moindre tension. Trois minutes de course-poursuite-évasion. Puis transition vers d’autres personnages.
Un vieux… le patron de l’agence immobilière, affublé lui aussi du néon “type pas net qui cache quelque chose” à cause de sa canne au pommeau bizarroïde… Un vieux, donc, engage un détective pour retrouver la nana disparue. Juste elle, parce que son collègue, c’est définitif, on s’en balance. Le détective doit faire le trajet jusqu’à la demeure ancestrale en compagnie de la présidente de la Fondation Valdemar, cliente du coiffeur de Mireille Mathieu. Hum, attendez. Alors il existe une Fondation Valdemar ! Ah ?… Pour laquelle, le manoir est super important, on s’en doute. Mais pourtant, à la base, il est question de le vendre. Pourquoi ?… Et c’est la présidente qui fait le déplacement, rien que ça, pas un sous-fifre. Bon… Une fois n’est pas coutume, on devine à sa dégaine de conspiratrice qu’elle en sait plus long qu’elle n’en dit. Lui accoler l’adjectif “vénéneux” sonnerait comme un cliché puant, mais on n’est plus à ça près.
Sur tout ce qui précède, il faudra attendre le second film pour avoir davantage d’explications. Dans le premier, peau de balle. D’accord, les deux volumes sont censés fonctionner ensemble, mais bon. Plein de trucs sont balancés, pas expliqués, pas exploités et pas d’une logique évidente, ce qui aboutit juste à une grande confusion. On ne se sent pas frustré pour autant : vu qu’on s’ennuie, au fond, on s’en fout. Au fur et à mesure des lourdeurs de dialogues et de mise en scène qui soulignent trois fois chaque élément important, on en arrive à rétablir soi-même un scénario à peu près clair… ce qui flingue d’ailleurs les révélations “surprises” du deuxième opus.
En résumé : volume 1, on ne sait rien et on s’emmerde ; volume 2, on a tout deviné et on s’emmerde.
Passons sur les étrangetés du monde contemporain où l’on communique par téléphones portables, où des dirigeables survolent les gares et où l’on roule en train à vapeur… Un univers alternatif, pourquoi pas, encore faut-il l’exploiter et pas se contenter de trois pauvres plans fugaces qui ne posent aucune ambiance.
Le trajet du détective et de la présidente est l’occasion d’un creux d’une heure. Oui, une heure sur un film d’une heure trente ! Pour raconter l’histoire des Valdemar. Sauf que les trois quarts ne présentent pas d’intérêt et ressemblent à un drame familial en costume dans l’Espagne fin XIXe. Cette chronique des Valdemar aurait pu être résumée en dix minutes, vingt en comptant large.
Les Valdemar sont des gens bien puisqu’ils dirigent un orphelinat. Ils aimeraient avoir un enfant, sauf qu’ils n’ont pas les moyens de se payer une adoption et… Hein ? Ils s’occupent d’un orphelinat, donc trouver un gamin sans recourir à la magie noire ne doit pas être sorcier (ah, ah), y en a une demi-douzaine qui vivent dans leur manoir. Oui, un manoir, pas une cahute de clodo. Des pauvres qui ont les moyens d’entretenir au moins une soubrette, un majordome, une vaste propriété avec écurie… Ouaip, ouaip, ouaip… J’aimerais bien être pauvre aussi à ce compte-là.
Pour trouver du blé, Valdemar ne va pas s’attaquer à Maître Cornille pour le dévaliser. Non, il monte une escroquerie autour du spiritisme à base de photos d’esprits trafiquées et de table qui lévite grâce à un mécanisme caché. Ce qui lui vaudra un séjour en taule. Vingt minutes sans intérêt juste pour lui faire rencontrer l’occultiste Aleister Crowley ! Y avait plus simple, plus efficace et plus court.
S’ensuivent vingt autres minutes de blabla digressif sur les relations entre les époux Valdejenaimarre pour en arriver à la cérémonie finale d’invocation d’un esprit, un vrai cette fois. Sur quelle base déjà ? Ah oui, Crowley a remarqué que sur les photos truquées de Valdemar, un authentique fantôme apparaissait à côté du faux. Comment Valdemar a pu zapper ce détail alors que c’est lui qui bidouille les clichés ? Aucune idée… Pourquoi invoquer un second esprit ? Qu’est-ce que j’en sais ?… C’est qui ce fantôme ? Mystère… Pourquoi personne ne s’intéresse à ce phénomène qui sort de l’ordinaire ?… Parce que… je… c’est-à-dire que… ou pas…
Donc la baraque est hantée et personne ne s’en émeut. Normal. Et c’est pas ça le secret des Valdemar, si vous vous posez la question. Je ne suis même pas sûr d’avoir capté en quoi consiste ledit secret en fait.
Après cette longue, ennuyeuse et inutile parenthèse historique arrive enfin l’heure de la cérémonie occulte et le retour au fantastique. Ce qu’on attend avec impatience depuis le début aura droit à une portion congrue d’un quart d’heure…
L’invocation tourne en sucette et c’est un “dévorateur” qui émerge d’une faille dimensionnelle. Une créature dont je ne suis pas sûr qu’elle existe dans les écrits de Lovecraft ou en tout cas pas sous ce nom ridicule. “Dévoreur” aurait suffi… Le bestiau échappe à tout contrôle, se transforme en fumée noire – comme les démons de Supernatural –, puis fonce dans une tombe dont il ressort sous forme de goule.
Ignorant tout de la psyché des monstres d’outre-dimension, je ne sais pas pourquoi le dévorationneur choisi de troquer une enveloppe éthérée – donc invulnérable et capable de voler – contre celle d’un revenant dont le seul pouvoir consiste à marcher au plafond. À moins de vouloir entamer une carrière dans un cirque… Peut plus voler, peut être frappé par une arme, se déplace plus lentement, perd la capacité de s’introduire dans une victime pour la pulvériser de l’intérieur, dispose d’une force ridicule incapable de tuer un vieux. Autant échanger un avion de chasse contre un tricycle.
Dans le même temps, la baraque brûle sur fond de chœurs épiques. Enfin, un incendie s’est déclaré suite à l’évasion du dévorationnateur, mais le feu reste bien sage, sans se propager aux bouquins ou aux rideaux à dix centimètres.
À la fin, pour apaiser le dévotruc qui réclame un sacrifice, la femme de Valdemar… se sacrifie. On apprend que c’est elle la passerelle qui permet de communiquer avec le monde des esprits… sauf qu’elle était absente lors de l’invocation qui a pourtant fonctionné. La foirade du contrôle de la créature est présentée comme le résultat de l’évanouissement de MONSIEUR Valdemar, donc rien à voir avec madame. Encore plus con, la portée de son geste héroïque m’échappe puisqu’on a vu la goule en début du film au XXIe s. Faut croire qu’elle s’est sacrifiée pour rien, ça valait le coup…
Et on n’en sait pas plus sur le secret des Valdemar. Sans déconner, c’est quoi le secret ? Pas le fantôme vu qu’il n’est pas exploité. La cérémonie ? le don médiumnique de madame Valdemar ? Pas l’impression. Sans doute la présence de la goule dans la baraque.
Et bonjour le secret bien gardé puisque toute l’histoire est consignée par Valdemar dans son journal, transmis à travers les âges à la fondation qui porte son nom. La présidente le fait d’ailleurs lire au détective tout en lui racontant l’épopée dans les moindres détails. D’ailleurs, en y repensant, journal plus récit oral font double emploi. Enfin bref, raconté au premier venu, voilà un beau secret de polichinelle. Confirmé par la réputation de la baraque aux alentours… au détail près que la baraque est isolée au milieu de nulle part. Réputation auprès de quels voisins alors ? On n’est plus à une contradiction près.
Donc de secret, point. D’ailleurs j’ergote pour le principe. Faut juste savoir que le titre français est trompeur alors qu’en espagnol le problème n’existe pas, herencia signifiant héritage. Remarquez, je pourrais tenir le même discours en remplaçant “secret” par “héritage”, ça marcherait aussi bien.
Donc verdict : non.
La réalisation, académique mais correcte, rappelle celle d’un téléfilm. À défaut de génie, elle a le mérite de coller à l’aspect “feuilleton télé en deux parties”.
L’interprétation est moyenne dans l’ensemble, plutôt bonne dans le cas du couple Valdemar, moins pour les acteurs de la partie contemporaine. Le pire reste le détective privé : le personnage, interprété par un acteur qui semble à peine sorti du lycée, n’a aucune crédibilité et pas plus de charisme qu’un nem.
Les effets numériques ne sont pas à la hauteur d’un budget de 13 millions d’euros, chiffre conséquent selon les standards européens. Dans les décors et costumes, on sent par contre que le film ne manque pas de moyens. Ni d’ambition. C’est peut-être là le problème. Je ne sais pas quelle dimension a la tête de José Luis Alemán, peut-être la même que Quentin “j’ai de l’ego à revendre” Tarantino. Peut-être a-t-il voulu pondre son Kill Bill lovecraftien à lui… Toujours est-il qu’il a vu grand en tournant deux films… dont le premier se révèle une simple introduction. Un préambule d’1h40, fallait oser. Prions pour qu’il n’adapte jamais Guerre et Paix, sans quoi faudra endurer une décalogie à 3h30 l’unité.
Le Secret des Voldemort Valdemar tient en trente minutes dès lors qu’on retire tous les éléments inutiles à savoir la fresque historique à rallonge. Les péripéties de la famille Valdemar n’apportent rien. Ni à l’histoire, ni à l’ambiance, ni au développement des personnages. Enfin si, on ne peut pas reprocher au scénariste de les développer, juste que la démarche s’avère hors-sujet et pas palpitante.
On cherche le contenu du Secret des Valdemar (au quart de tour) et on ne trouve rien. Le film s’appuie trop sur son découpage en deux parties, ce qui pourrait se justifier dans le cadre d’une série ou d’un feuilleton télé avec des révélations successives. Mais l’effet tombe ici à plat. Pour reprendre le parallèle avec Kill Bill, le procédé fonctionnait, parce que les deux volumes formaient un tout dont chaque partie était équilibrée et possédait une structure propre. Ici la structure narrative… y en a pas. Si mal foutu que même en restant sur sa faim à l’issue du premier, on n’a pas envie de voir la suite.
D’autres défauts d’écriture le rendent bourré d’incohérences et d’éléments parachutés sans explications. À l’inverse, on compte les éléments de fantastique ou d’épouvante sur les doigts d’une main de lépreux.
L’univers de Lovecraft, absent des trois quarts du film, est respecté pour le peu qu’on en voit (invocation, goule, références à l’ésotérisme et à l’occultisme, livre interdit – ici Le Rituel de Dunwich). Cela dit, quand on s’inspire de Lovecraft, on n’appelle pas son film Valdemar… qui renvoie à Poe (The Facts in the Case of M. Valdemar). Pour posséder et avoir lu l’intégrale de Lovecraft, on ne se trouve pas tant dans son univers proprement dit que dans l’ambiance qui certes baigne ses écrits mais ne lui est pas spécifique.
À l’arrivée, il flotte une franche odeur d’insatisfaction quand la seule bestiole, toute protéiforme qu’elle soit, a un air de déjà-vu. Peut-être pas dans sa forme première de quadrupède à mi-chemin entre Alien et Gollum, assurément quand elle joue les fumigènes ténébreux et plus encore quand elle entonne “quoi ma goule, qu’est-ce qu’elle a ma goule”. Quand on sait la richesse et l’originalité du bestiaire lovecraftien, pourquoi sortir une putain de goule basique ?
En fait, Le Secret des Valdemar donne l’impression de vouloir ratisser large en bouffant à tous les râteliers. Vendu comme un récit de fantastique-épouvante-horreur alors qu’on en est loin pendant l’essentiel du film. M’enfin, voilà une étiquette qui attirera les fans de ces genres. Lovecraft, vu l’attente d’une bonne adaptation de son œuvre, ramène toujours beaucoup de clients. Le titre s’inspire de Poe, donc hop. La police Exocet du générique rappellera des souvenirs aux gamers briscards, que ce soit les adeptes du jeu de rôle (Planescape de la gamme AD&D) ou ceux du jeu vidéo (Diablo). Parce que Lovecraft leur parle : il fait toujours lever la tête des rôlistes, même ceux qui n’ont pas pratiqué L’appel de Cthulhu. Et HPL a beaucoup contribué au survival horror qui a vu le jour avec Alone in the Dark, directement inspiré de sa prose. On continue en grattant à droite à gauche avec des éléments comme l’occultisme, le spiritisme, la présence anachronique de Crowley, un fantôme, une maison hantée, le gothique victorien… On trouve même un clin d’œil aux loups-garous quand l’acteur Paul Naschy, qui en a incarné à l’écran, fait le mariole avec une photo. La goule m’a tout de suite fait penser à la vogue des films de zombies, des jeux vidéos de zombies, des livres de zombies, des séries de zombies. Pour la jouer moderne, on colle un duo de sbires qui sentent les tueurs en série à plein nez… ce que confirmera le début du second film qui donne l’impression d’avoir basculé dans un épisode d’Esprits Criminels. Idem pour la présence de Belle Gunness et Lizzie Borden. Enfin, le bref passage de Bram Stoker lorgne vers les amateurs de vampires qui ont toujours été légion entre les Dracula, Lugosi, Anne Rice, et sont sortis récemment de leurs cercueils pour l’indigeste saga Twilight.
Un véritable melting-pot dans lequel Lovecraft se retrouve noyé. Pas de bol pour lui.
Ah, tant qu’on y est, ne vous fiez pas au résumé sur la jaquette du DVD. Ni même au visuel que j’ai utilisé en début d’article. Aucun des deux ne tient la route.
Passons sur “unnivers” avec deux n… Le côté gothique anglais nappé de brouillard brille par son absence. La pleine lune sachant que l’invocation a lieu pendant une éclipse de lune, je me gausse. Valdemar brandissant sa lanterne laisserait à penser que… Mais non, pas d’exploration de sombres couloirs ou de jet de TOC comme dans le jeu de rôle L’Appel de Cthulhu. Sa version en tenue de soirée au dos de la jaquette vient du deuxième film. Quant à la damoiselle, il s’agit d’une amie de madame Valdemar qui n’a qu’un rôle mineur dans le film et à tout casser deux minutes de présence à l’écran. Enfin, le majordome a beau tenir un bouquin, il n’a rien à voir dans les affaires occultes ou dans l’invocation, c’est Crowley qui devrait figurer dans cette posture. J’ignore qui a accouché de la jaquette, mais il a réussi à confondre deux des trois personnages représentés ! Chapeau l’artiste…
Au dos, la baraque dévorée par les flammes à grand renfort de pyrotechnie photoshopienne se présente ainsi dans le film :
C’est pas la même intensité…
Le résumé…
– “Ils ont ouvert une faille.” Non, le film ne part pas de là, il se conclut dessus. Ils l’ouvrent au bout d’1h20.
– 1874. Comment Valdemar va-t-il pouvoir rencontrer Crowley né en 1875 ? un Bram Stoker grisonnant alors qu’il a 27 ans cette année-là ? Lizzie Borden qui en avait 14 ? Bravo les anachronismes pourtant faciles à éviter : suffisait de situer l’histoire vingt-cinq ans plus tard. À plus forte raison quand le second volet comporte un flashback dans les années 20. Détail qui tue, la bande-annonce française donne la date de 1879.
– “Riche photographe”. Je croyais que les Valdemar n’étaient pas assez friqués pour s’offrir une adoption ? Tout en étant assez riches, en effet, pour vivre dans un cadre princier. Cohérence, quand tu nous tiens… Et mister Valdemar n’exerce pas comme photographe de métier, sa principale occupation de bourgeois s’appelle l’oisiveté. La photo relève du hobby, auquel il s’adonne pour éviter de glander à longueur de journée.
– “S’installe avec sa famille et blablabla”. Voilà bien le seul élément de sa vie non raconté dans son interminable épopée. Le fait est posé d’emblée quand commence le récit : il vit déjà là.
– Il n’apprend jamais que son manoir “a été édifié à un emplacement décrit par de nombreux ouvrages ésotériques”. Doit y avoir confusion avec d’autres récits qui font appel au sempiternel cliché de maison hantée construite à l’encontre de la règle élémentaire du feng-shui : tu ne bâtiras point ta cahute sur un cimetière indien. C’est Crowley qui lui annonce – et sur la seule base d’UN fantôme –, pas une mention dans un bouquin ésotérique vu que Valdemar n’en possède aucun.
– Sa femme ne tombe pas “malade”, elle fait une fausse couche. Valdemar ne cherche pas à la guérir. Son but n’apparaît d’ailleurs pas de façon évidente. D’après Crowley, il s’agirait de “solutionner son problème de descendance”, là aussi sans plus de précision. Améliorer la santé de madame Valdemar à qui il est déconseillé de tomber enceinte ? se faire apporter un marmot par une cigogne ? toucher le pactole pour financer une adoption ?…
– Valdemar ne se livre pas à “d’étranges expériences occultes”. Ou alors au singulier. Et c’est Crowley qui s’y livre en entraînant Valdemar.
– L’invocation ne réveille pas “des forces” mais une seule, le fameux dévorateur au nom si ridicule. Décidément pas copain avec les accords.
Tout long et ennuyeux qu’il soit, Le Secret des Valdemar est un passage obligé pour attaquer Le Monde Interdit. Le deuxième opus, d’une autre trempe, relève le niveau… à sa façon.
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En recherchant quelques commentaires critiques sur cette « oeuvre », je suis tombée sur votre long résumé très complet (et très drôle aussi).
Cela peut sembler paradoxal, mais votre article, ne m’a pas du tout découragé à voir cette première partie, bien au contraire même.
Finalement, j’ai relu votre article après visionnage (c’est encore plus drôle après), et je vais faire la même chose avec la deuxième partie.
Votre article date de 2016, je ne sais pas si vous lirez mon commentaire, mais quoi qu’il en soit, je voulais vous remercier de m’avoir apporté un peu de bonne humeur en cette période un peu morose à cause de cette saleté de coronavirus.
C’est le paradoxe des critiques négatives qui peuvent aussi bien avoir un effet dissuasif qu’au contraire pousser à la curiosité. Il m’est souvent arrivé de regarder des films en dépit des mauvaises critiques, juste pour voir s’ils étaient aussi mauvais que ça.
Content si mon article vous a amusé. En cette période, un peu de rigolade est toujours bon à prendre.
Nous sommes nous aussi tombé dessus par hasard sur Prime… Nous avons été, comment dire ça gentiment… Dubitatifs?
On s’attendait à un film d’horreur… Loupé ! Mais on a bien rigolé !
Je rajouterai au précédent commentaire que la lecture de votre critique a été rafraîchissante et nous a donné et nous a permis de bien rire une seconde fois !
Merci pour ça
@Julie : C’est clair que ce film a le mérite de ne pas laisser indifférent… à sa façon très particulière. Un cas d’école aussi sur la psychologie des spectateurs entre ceux qui restent sur leurs attentes d’horreur avec à l’arrivée ennui et déception, et les autres qui s’adaptent et tournent leurs attentes du côté du comique involontaire propre aux nanars. Et là, oui, on rigole bien, autant à le regarder qu’à le chroniquer (c’est une des chroniques sur lesquelles je me suis le plus éclaté).