Parmi les membres que j’ai fort longs, mon bras figure en bonne place. À force de fellat… de diplomatie, cirage de pompes, pots-de-vin, plus l’appui du corps des meuwines, j’ai pu obtenir un pass backstage VIP on the road again pour les Halliennales, festival de l’imaginaire qui avait lieu ce samedi 8 octobre.
Or donc, ce vendredi, départ dès l’aube, à l’heure où aurait blanchi la campagne s’il avait gelé.
Au volant de la Felicitymobile, une titine angélicotractée, Sophie Jomain et sa conception très personnelle du GPS (des témoins comme l’auteur Fabien C. confirmeront…). Après deux heures de route et une rencontre avec la lumière céleste, nous parvenons “comme même” à bon port dans l’étang les temps. L’organisateur en chef nous rejoint ; il s’agit de Maxime Gillio (Orcus Événements), qui prend la relève d’eXquisMen… où il œuvrait déjà. Le bonhomme connaît la musique (et fait lui aussi un usage peu commun du GPS).
À ce stade, les Halliennales ressemblent à un grand espace vide – ce qui doit sans doute aux vastes dimensions de la salle et au fait qu’il n’y ait rien dedans.
Même si j’en avais eu un aperçu à Esquelbecq, j’ai pu prendre toute la mesure du chantier : la mise en place d’un salon requiert un populo pharaonique ! De l’installation à l’événement proprement dit, une kyrielle de petites mains se démène : compagnie du génie pour le matériel lourd (podium)… agents d’entretien… cantinières, cuistots et tenanciers de buvette… Perceval et Karadoc pour surveiller le stock de pain… escadron de bénévoles multi-tâches (recharger les auteurs en café, épauler la libraire, accueillir les visiteurs, etc.)… édiles locaux (une adjointe et une chargée de com’ de la mairie)… policiers et gendarmes… Une foule d’anonymes dont on ne parle pas assez, en retrait derrière les têtes d’affiche. N’empêche que sans eux, on ne fait pas d’omelettes ni d’event qui tienne debout.
J’assiste la mise en place. Avant de me signaler une coquille, précisons que je n’étais pas là pour me tourner les pouces en regardant les autres s’agiter (assister à). Non, je mets la main à la pâte, paré pour l’occasion du statut de Bénévole (la majuscule, private joke inside, je t’expliquerai quand tu seras grand).
Et c’est parti pour une folle journée à métrer des emplacements, trimballer des tables, des chaises, des grilles, des bouteilles d’eau, des cartons de bouquins mais pas de raton laveur… Mes bras s’en souviennent encore, comme dit la chanson.
Entre-temps, le parrain du salon débarque. Don Corleone n’ayant pu se libérer, Fabien Clavel assume la charge. Bonhomme fort sympathique, doté d’un sacré sens de l’humour et pas fainéant pour filer un coup de main. Je garde un excellent souvenir de nos échanges de l’après-midi, entre sérieux et festival de vannes.
Parce que les nourritures spirituelles ne suffisent pas à remplir l’estomac, je me retrouve à bouffer le soir face à Marc Falvo et Stanislas Petrosky. L’avantage d’être un hydrocéphale de l’ego, c’est que je peux me taper des tête-à-tête par paquet de deux. J’suis comme ça…
Passons sur la réactivation du gène Pierre Richard qui m’a vu pulvériser trois verres et une assiette… Si la Voix du Nord pond un article à propos d’un restau dévasté par Mick Jagger, ben c’était moi.
Bref, deux bonshommes eux aussi fort sympathiques, dotés d’un sacré sens de l’humour et pas fainéants sur la tortore. Entre deux considérations de haute volée sur la littérature, l’écriture, le cinéma, les blogs, il pleut des calembours et des bons mots. J’apprends au passage que les auteurs sont des gens normaux, qui font caca comme tout le monde (private joke, encore, qui fera marrer les deux compères…).
Enfin, après une nuit dont le décompte tient sur une main de lépreux, une journée bien remplie, une longue soirée et dix-sept heures de rangers, direction plumard.
Jour J, le salon. Deux nuits de trois heures chacune, nul besoin de maquillage pour coller au thème de cette année, le zombie.
Arrivée sur les lieux du crime, huit heures pétantes. Le relais transmis aux bénévoles du jour, me voilà nanti du permis de glander toute la journée.
Quelques photos de bon matin avant l’invasion de la foule… Puis ce sera l’ouverture, les visiteurs à la pelle, les pelles à vélo, les animations… des silhouettes étranges en costume steampunk, médiéval ou gothique, plein de zombies… un état d’esprit très festif à mille années-lumière du monde réel, ce qu’est un peu le but de la manœuvre.
Une fois les auteurs installés, première constatation : si tu es une autrice qui met en scène une héroïne badass dans des histoires de loups-garous/vampires/zombies, tes cheveux deviennent bleus. Avec pas moins de cinq représenschtroumpfs, j’aurais dû prendre une photo de groupe avec Dabat, Mendonça, Caldera, Moguez et… pour la dernière j’ai un trou (ne cherche pas de feinte, calembour, contrepèterie, je suis juste infoutu de me rappeler son nom).
Parmi les outsiders, je croise une charmante Alice zombie (des Victimes de Louve) et aperçois Nine Gorman (des Lectures de NiNe).
Côté auteurs, je commence la tournée en allant saluer Jess Kaan (Fissures Noires, Investigations avec un Triton). J’aime ses bouquins, il a aimé mes chroniques, on était faits pour se rencontrer. Un grand monsieur très humble, c’est toujours un plaisir de discuter avec lui au gré des salons et dédicaces. (Et pour Le Label N, promis, je m’attelle sous peu à la chronique.)
(La suite du périple sera racontée dans le plus parfait désordre et je me limiterai aux moments d’anthologie sans quoi le carnet de bord prendra quatre heures à lire.
Je n’aborderai ici que le versant salon littéraire. Sachez qu’il se double d’un “marché fantastique” plein de jolies choses sans rapport avec Virginie Despentes. Moins ma tasse de thé, donc je vous renvoie aux photos du site et de la page FB des Halliennales.)
J’avais promis à un ami de lui ramener un exemplaire de Les anges ont la mort aux trousses. J’aurais mieux fait de me péter une guibole. Toute la journée Jomain a eu une grosse queue – une longue file d’attente si vous préférez – et Gillio a virevolté en tous sens à vérifier la bonne marche du salon. Pratique pour les dédicaces…
Note pour ceux qui ont poireauté des plombes : suffisait d’attendre l’heure du midi que les visiteurs crèvent de faim et aillent becqueter pour voir la file fondre comme la neige d’une peau de chagrin au soleil (combo-cliché offert par la maison).
Après au moins trois minutes d’attente – un scandale, ce délai ! –, leur paraphe orne le bouquin. Mission accomplie.
Détour par L’Atelier Mosésu de Sébastien Mousse, même si j’ai déjà tout son stand dans ma bibliothèque. À une exception près, Anicroches de Jacques Saussey. Mickey Mousse a un geste commercial au vu des ardoises que je lui laisse d’habitude et me l’offre. Merci, Mosésu.
Dans la foulée, il m’apprend qu’à deux reprises des clientes sont venues sur la foi de mes chroniques (Cavaliers de l’Orage et Bloody Glove). Outre une certaine fierté, j’en tire deux conclusions : a) j’espère qu’elles aimeront les bouquins sans quoi j’aurai l’air fin ; b) dans 38584 ans 6 mois et 4 jours, on pourra me considérer comme un poids lourd dans le monde éditorial.
J’emplette (et néologise) un petit Falvo pour la route… Gland que je suis, j’ai oublié de lui acheter D’occase, son dernier roman (pour le citer “j’anticipe vos vannes, il est vendu au prix du neuf”). Prochaine fois, promis.
Comme il est bon de changer d’air et de se renouveler, lançons-nous vers de nouveaux horizons.
Je profite d’un coup de mou dans la queue de Hauchecorne pour lui embarquer Journal d’un marchand de rêves. S’ensuit une intéressante discussion qui voit s’entrecroiser Conan, La Compagnie Noire, Pratchett et la musique des mots. Comme dirait lui, “on est bien d’accord”. Je note de me pencher sur son cas et ses autres romans.
Hop, crochet chez le parrain Clavel. J’en repars avec deux bouquins à tonalité historique : les pérégrinations romaines en Germanie avec de la SF dedans (Furor) et la Hongrie de l’an mil avec de la fantasy autour (Le châtiment des flèches).
Sur les conseils d’une consœur bien connue pour ses chevauchées wagnériennes, je passe au stand de la maison Kitsunegari. Je manque de me laisser tenter par Michaël Sailliot, j’hésite, j’ai déjà quinze bouquins dans mon sac, ça pèse, ça coûte… donc non… Finalement, je me dis que j’aurais peut-être dû… Une prochaine fois…
J’enquille avec Fleur Sauvage. Va pas t’imaginer des trucs comme quoi j’aurais une amante sioux, je te parle d’une maison d’édition. À peine arrivé au stand, pouf, cadeau de David Lecomte, l’éditeur. Le tome 3 de Série B de Stan Kurtz. Ça tombe bien, je comptais acheter l’intégrale. Par-dessus le marché, il m’offre une ristourne sur le lot ! Pas décidé à me lâcher, il propose en sus de me photographier avec deux de ses auteurs, Oksana et Gil Prou, à qui je viens d’acheter une paire de bouquins (L’outre-blanc et Tomyris et le labyrinthe de cristal). Tu te doutes bien que pour un gugusse dans mon genre, une photo avec Oksana, c’est un rêve de gosse qui devient réalité (un gosse qui aurait l’âge de mater des films olé-olé, tu vois le topo ?). Merci David, tu mérites l’érection d’une statue. Laisse-moi juste le temps de trouver un bloc de marbre et d’apprendre la sculpture.
En Guise de conclusion, dixit le duc de, un superbe week-end. Tu sors des Halliennales comme d’une folle nuit d’amour : beaucoup d’agitation, mal partout, les bourses vides… heureux, content de ton coup…
Je remets le couvert l’an prochain, sans faute.
Bonus track : la vidéo souvenir.
Journée extra donc ! Merci pour le partage de l’événement ! ^^
On s’est manqué de peu sur le stand de L’Atelier Mosésu… c’est dommage, j’aurai aimé te dire de vive voix combien j’aime lire tes articles… j’en aurai même profiter pour te voler quelques conseils de rédactions :p ce n’est que partie remise à l’année prochaine 😉
Merci pour ce carnet de bord qui prolonge l’état de béatitude post- Halliennales
De rien. Un prêté pour un rendu après ton récit des Aventuriales. 😉
Ah, flûte, dommage qu’on se soit raté. Faudra essayer de se capter à l’occasion d’un prochain salon (Sailly-Labourse, Esquelbecq, Templemars ou Halliennales, pour les 4 que je suis sûr à 99% de faire en 2017).
Quel périple!
Merci de l’avoir si bien partagé avec nous.