Kristina, Queen of Vampires – Frans Mensink

Kristina, Queen of Vampires
Frans Mensink

Eurotica

Le démarrage de la série ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour Kristina. Dès les premières pages, en plus de dévoiler ses crocs de vampire et une énorme paire de seins, elle finit empalée sur un pieu par une foulée d’excités et meurt au XVIe siècle.
Fin de l’histoire au bout de 5 pages ? Non, la miss ressuscite. Pile au-dessus de l’endroit où reposent ses ossements a lieu un meurtre. Le sang coule… s’infiltre… et la ramène à la vie au début du XXIe siècle.

Kristina Queen of Vampires Frans Mensink Eurotica chapter 1

Bon, j’y croyais pas trop dès le début. De base, je ne raffole pas du style comics, en plus ici le graphisme est assez moyen sur le premier tome, avec des couleurs étranges qui parviennent à être flashy et ternes à la fois.
La narration est expédiée sur le passé de Kristina, sa résurrection torchée en quelques cases. On se dit au bout de dix pages que l’histoire va se limiter à de l’action bourrine avec une légère touche d’érotisme. Deux personnages, un flic et une coroner, apparaissent, qui retrouvent le mec que Kristina a vidé pour se nourrir à son réveil, ils semblent bien se connaître, nous on n’aura même leurs noms dans cette scène de non-introduction. Et pouf, d’un coup, une case avec une entreprise de pompes funèbres, ailleurs, à un autre moment. Et repouf, le soir, le flic et la coroner. On l’aura compris, le récit pèche dans son exposition, kaléidoscope narratif qui part dans tous les sens en n’installant rien.
Le flic et la coroner tirent un coup avec des gros plans on ne peut plus explicites. Donc la touche d’érotisme attendue tourne au bon gros porno. Perso, ça ne me dérange pas, m’enfin je préfère prévenir d’autres lecteurs tentés de s’aventurer dans ce titre et moins friands de la chose.
La scène est gratuite, présente parce que l’auteur l’y a mise. OK, on dira avec indulgence qu’elle présente à sa façon le relationnel entre les Mike et Iris dont on a enfin les noms, mais ça sent plus le prétexte à étaler du boulard qu’à construire les personnages.
Et pendant ce temps, retour aux pompes funèbres, dont le patron voit débarquer Kristina, qui l’hypnotise… et couche avec, parce que… euh… Parce que.
La suite du premier tome sera du même tonneau. Il arrive des trucs qui sortent de nulle part et se contentent d’être expédiés à la va-vite. Entre deux événements, des gens forniquent.
Aux deux tiers de l’album, Kristina, jusqu’ici fâchée avec les vêtements, endosse son costume de super-héroïne : cuissardes en vinyle, imper noir, corset et culotte rouges. Pourquoi cette tenue plutôt qu’une autre ? On ne sait pas et on ne le saura jamais. Comme on n’apprendra rien de l’historique du personnage, de sa psychologie, de ses objectifs, de ce qui motive son appétit sexuel démesuré.
Déjà pas flamboyante, la narration part en roue libre totale sur la dernière partie, qui voit Kristina tomber comme par hasard sur Mike en pleine nuit, tirer un coup avec lui, lui inoculer le vampirisme, il repart, le jour se lève, coup de téléphone à Iris, la nuit tombe, il rebaise Kristina dans une ruelle où Iris débarque à l’improviste… et tout ça en deux ou trois pages où chaque case est un saut dans le temps, dans l’espace et dans l’histoire. Le récit ou ce qui en tient lieu file à cent à l’heure en amoncelant les facilités d’écriture, ellipses, heureuses coïncidences, raccourcis et deus ex machina. Comme si ça ne suffisait pas, la fin rajoute une couche : un vampire qui sent la présence de la puissante Kristina… alors qu’elle est moribonde et qu’il n’avait rien remarqué quand elle était au top de sa forme. On n’est plus à une incohérence près… Cette apparition éclair sent bon l’idée de dernière minute pour amener un cliffhanger et une suite.

Ce tome d’ouverture se laisse lire, mais faut être honnête, rien ne va. Comme scénariste, Mensink ne vaut pas un clou. Son histoire ne raconte rien, ses protaonistes n’ont aucun semblant d’épaisseur et pas grand-chose à faire hors cogner ou baiser. Aucune motivation définie pour le personnage éponyme qui s’agite sans que ça ne mène nulle part. Pire, Kristina manque de charisme, aussi inconsistante que n’importe qui dans ce bouquin.

Kristina Queen of Vampires Frans Mensink Eurotica chapter 2

Comme j’avais la triologie complète sous la main, j’ai poursuivi ma lecture. À ce stade, je ne risquais plus d’être déçu, vu que je ne m’attendais plus à rien.
Kristina émerge du coaltar après avoir régénéré ses blessures. On ne cherchera pas à savoir comment elle a changé de vêtements entre la fin du tome 1 et le début du tome 2. Des vampires détectent son réveil, mais pas les mêmes que celui qui apparaissait sur une unique page du premier volume. Comme lui, ils n’avaient rien remarqué de la résurrection de Kristina, ce qui fait qu’on se demande pourquoi ils ne tiltent que maintenant.
Et c’est reparti pour un tourbillon de narration WTF où les scènes s’enchaînent au petit bonheur avec pour seule transition un phylactère qui dit “elsewhere”, “an our later”, “at about the same time, miles away”. Des gens font des trucs dans un coin, à un moment, plus tard, ailleurs. Et hop.
Par le biais d’un vampire qui trouve la planque de Kristina parce que c’est marqué dans le scénario qu’il trouve la planque de Kristina peu importe qu’on sache comment, on apprend qu’elle est la plus puissante et la plus ancienne vampirette, donc la reine des vampires. Mais les Nosferatu s’en tamponnent et elle aussi. Ben ça valait le coup d’intituler la série Queen of Vampires si personne parmi les intéressés, reine et sujets, n’en a rien à foutre.
Les vampires baisent, les flics baisent, tout le monde s’enfile à la queue leu leu, comme dans la chanson de Bézu. Il ne se passe rien d’autre. Pas d’action, pas d’histoire. Et le tome 2 se termine comme le précédent, avec une Kristina mortellement blessée par les flics qui fêtent leur victoire en tirant un coup.

Kristina Queen of Vampires Frans Mensink Eurotica chapter 3

Au début du tome 3, Kristina se réveille comme au début du volume 2.
Orgie entre vampires…
Orgie entre flics…
Et nous voilà déjà arrivé à la moitié du chapitre qui n’a rien raconté jusqu’ici.
Après un affrontement expéditif, les vampires quittent la ville. Pour arroser ça, les flics partouzent.
Fin.

Ben mon vieux… Mais de quoi ça parlait au fait ? Aucune idée. La reine des vampires croisent à peine ses semblables, donc pas reine de grand-chose, ce qui la fout mal pour une Queen of Vampires. Jamais on n’a la moindre idée de ce qu’elle cherche à faire de sa vie de vampirette. Si on retire les scènes où elle se nourrit et celles où elle fornique, il ne reste plus de Kristina.
Y a pas un pet d’histoire dans cette trilogie dont chaque tome répète le précédent sans rien apporter, ou alors pas grand-chose, et le peu de neuf – comme la présence d’autres vampires – n’est pas du tout utilisé pour construire un récit, un univers, une ambiance, une galerie de personnages. Posé là et négligé ensuite.
Le dessin est moyen et la mise en scène, tant de l’action que du cul, est quelconque. Idem les personnages, tous sous exploités, que ce soit les seconds rôles (les alliés humains de Kristina), les rôles principaux (le flic Mike et la coroner Iris), jusqu’à l’héroïne elle-même. Un vide abyssal de bout en bout…
Après, je ne peux pas dire que j’ai détesté cette lecture, même si la série n’est pas bonne du tout. Je me suis plutôt marré de ce ratage complet comme devant un bon gros nanar.

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