L’été, la chaleur, les vacances… Rien qui donne envie de se lancer dans de la lecture ambitieuse et exigeante. Puisque l’ambiance est à buller, on va partir de dans de la BD, de la petite, de la tranquille qui fatigue pas trop.
Les pompiers
T.1 Des gars des eaux
T.2 Hommes au foyer
T.5 Hommes des casernes
T.8 La ligue des sapeurs-héros
Christophe Cazenove & Stédo
Bamboo Éditions
Les pompiers, interminable série de plus d’une vingtaine de tomes, chiffre énorme pour le peu qu’elle a à raconter : des gags d’une ou deux pages au dessin correct et à l’humour situationnel simpliste. On en a lu un, on les a tous lus.
L’humour se veut léger, je l’ai plutôt trouvé éthéré : on sourit à peine. Même sur les premiers albums, rien, zéro, nada. Ce sont pourtant les meilleurs en général, parce que les auteurs ont plein d’idées au démarrage d’une série, sauf qu’ici le rigolomètre reste à plat dès le départ et ne grimpe jamais. Pas mieux ensuite faute d’avoir davantage d’inspiration.
La série accuse dès son premier numéro dix à quarante ans de retard. Esprit bon enfant à la Boule et Bill, humour simplet, objectif de légèreté torpillé par la lourdeur d’une ambiance de beauf, trivialité d’un autre âge dès qu’un minois féminin apparaît et pousse les mâles à se comporter comme des débiles sortis d’une comédie pouet-pouet des années 70. Des gars des eaux, le tome d’ouverture, sort en 2003, on y voit pourtant un pensionnat de jeunes filles dirigé par une mère supérieure en habit de nonne comme ma mère en a connu dans les années 50, ainsi qu’une pub pour un service coquin sur Minitel, outil télématique en perte de vitesse dès le début des années 90 et considéré comme moribond en l’an 2000. Ça donne une idée de l’archaïsme global où tout a l’air de sortir du dernier quart du XXe siècle et pas du tout du début du XXIe… Si c’était drôle, encore… Mais non, on reste au ras des pâquerettes.
Après une ouverture qui n’a rien de fracassant, le tome 2, Hommes au foyer, confirme que ce n’est pas un problème de série qui aurait eu du mal à trouver ses marques au lancement. C’est pareil. En pire, parce qu’il faut chercher où chaque gag est censé être drôle.
Hommes des casernes, le tome 5, parvient à être encore en dessous, alors que les précédents qui avaient pourtant placé la barre très haut (ou très bas, ça dépend comment on le voit) en matière de gags ratés.
La ligue des sapeurs-héros, le tome 8, passe à côté de son sujet qui n’est là que pour le jeu de mot. Alors que le thème se prêtait à une belle combinaison avec le métier de pompier, il faudra se contenter d’une seule vague référence aux super-héros sur l’ensemble de l’album. Ratage total.
Les femmes en blanc
T.2 Gaze à tous les étages
Raoul Cauvin & Philippe Bercovici
Dupuis
Les femmes en blanc, c’est tout ce que n’est pas Les pompiers dont je viens de parler. Plutôt que chercher le gag facile expédié en une planche dont on voit arriver la fin dès la première case, on a ici des historiettes développées sur une demi-douzaine de pages, ce qui laisse le temps et la place de poser un certain nombre d’éléments, de raconter quelque chose et de préparer la chute.
En dépit du titre de la série, on voit quand même dans cet album plus de médecins que d’infirmières. Ce choix de casting pas très raccord – même si cohérent avec l’nuivers hospitalier mis en scène – est le seul petit défaut. Sinon, l’humour est au rendez-vous, à la fois délirant, absurde, noir, loufoque et invraisemblable.
Toto
T.5 Le maître blagueur
Thierry Coppée
Delcourt
Dessin agréable pour mettre en scène les facéties de Toto, c’est tout ce qu’on en retiendra. Gentillet et bon enfant, l’humour est au niveau des blagues Carambar, léger et inoffensif. Ça se laisse lire, en tout cas pour un très jeune public. Sinon, pas de quoi se rouler par terre avec des vannes qui étaient déjà éculées dans les années 80 quand j’étais à l’école primaire…
Une aventure de l’Archer Blanc
François Corteggiani & Jean-Yves Mitton
Original Watts
Cette édition regroupe l’intégrale des aventures de l’Archer Blanc, un comics de science-fiction à la française paru dans Le Journal de Mickey en 1987-88 pour les dix premiers épisodes et dans Strange en 2007-2008 pour les deux derniers.
On a ici un genre de Batman en négatif, tout de blanc vêtu, inspiré de Robin des Bois pour l’essentiel, avec un peu de Zorro par-dessus pour le héros qui joue les notables dans le civil comme don Diego de la Vega.
Dans un lointain futur, la ville de Sherwood est gouvernée par Klovos, tyran crétin, vert et obèse, qui se déplace en fauteuil volant, accompagné de son âme damnée Yargo. Pour contrer ses plans machiavéliques, c’est un jeunot qui s’y colle, Scott, après avoir reçu une dose de radiations comme tout bon personnage de comics et récupéré l’équipement d’un vieux héros local. Il porte un costume blanc et un arc, il devient donc l’Archer Blanc (et on espère qu’il fera preuve d’un peu plus d’efforts pour lutter contre l’oppression que pour se trouver un nom de super-héros).
Vu le support de la publication originale, on est ici dans l’aventure à destination d’un jeune lectorat. Des intrigues simples sans enjeux dramatiques ni tragédies terribles, un manichéisme tranché, du deus ex machina à foison, on ne risque pas le claquage au cerveau, mais c’est le public cible qui veut ça. Cette version futuriste de Robin des Bois assure son taf de divertissement et son style old school a gardé tout son charme. J’ai pris plaisir à replonger le nez dans cette BD plus de trente ans après l’avoir découverte dans Le Journal de Mickey, avec en prime la fin de l’histoire qui n’était pas parue à l’époque.