Casa Howhard
Roberto Baldazzini
Geisha / Eurotica /Dynamite
Casa Howhard est l’œuvre maîtresse de Baldazzini, dessinateur qui ne m’a jamais convaincu (et comme scénariste encore moins). Cette lecture aura été un festival de variété, m’étant tapé le premier tome en VF paru jadis chez feues les éditions Geisha, les tomes 2 à 4 en anglais chez Eurotica et le dernier en VF chez Dynamite.
La fameuse casa est une résidence dont les pensionnaires ont des visages féminins, des bas et porte-jarretelles, des boobs et une teub. Transgenres ? Intersexuées ? Aucune précision. La figure de l’hermaphrodite est une marotte de Baldazzini, ne pas creuser son sujet aussi. On n’en saura donc pas plus sur la raison de ce choix. Choix qui aurait pu être intéressant si Roberto racontait quelque chose en développant son thème, en exploitant ses spécificités. Ce qu’il ne fait pas. Donc à l’arrivée, ça pourrait être n’importe qui comme personnages, hommes, femmes, gays, lesbiennes, hétéros, aliens, pingouins, le bouquin serait identique à deux, trois détails graphiques près.
En presque trois cents pages, Casa Howhard ne raconte RIEN.
Tout le long du tome 1, des gens rencontrent d’autres gens et chaque fois qu’une personne en croise une autre, ils baisent. Et c’est tout. Voilà. Fin.
Tome 2, pareil, avec comme nouveauté des prouts et des lavements.
Tome 3, même chose, avec comme nouveauté un pénis tentacule.
Tome 4, on change de décor pour la jungle… où il se passe la même chose, avec comme nouveautés une vigne tentaculaire nymphomane et des Pygmées.
Tome 5, rebelote mais dans un train, avec comme nouveauté une légère influence du manga sur le graphisme.
Presque trois cents pages de gens qui se promènent les fesses à l’air, se croisent, se sucent et s’enfilent, sans qu’on comprenne jamais ce que ce titre essaye de raconter. Comme une interminable séance de diapositives de vacances…
Le dessin a son style particulier, très épuré, très simple, presque naïf dans les trois premiers tomes, plus élaborés dans les deux derniers. Pas ce que je préfère, mais c’est un style, un parti-pris graphique.
Naïfs aussi, les dialogues. D’une telle candeur qu’on ne sait pas si c’est fait exprès ou très, très con. En les lisant, l’intonation dans ma tête était celle des films porno mal doublés des années 90, ceux où les comédiens de doublage ne jouaient pas leur texte mais se contentaient de le lire d’une voix au pire atone, au mieux forcée pour essayer de mettre quelque chose dans le ton mais sans y parvenir.
Le résultat, c’est qu’un dessin simple, plus des dialogues simplistes, plus… ah ben non, c’est tout, because zéro scénario et pas davantage d’approfondissement des personnages. On ne s’intéresse donc à rien ni personne de cet univers qui aurait pourtant eu des choses à raconter. Peu et mal exploités par la littérature érotique, les thèmes de l’androgynie, de l’hermaphrodisme, de la transidentité, de tout ce qui combine, redéfinit et/ou rend caduque la notion de genre, auraient pu trouver ici un traitement intéressant, mais non, Baldazzini reste égal à lui-même et ne propose qu’un grand vide.