Tonnerre sous les tropiques aurait pu être un grand film, il se contentera d’offrir un moment sympa sans plus.
À travers le tournage d’un film sur la guerre du Vietnam, l’idée était de parodier les films sur le sujet (Platoon, Hamburger Hill, Apocalypse Now, Platoon, Full Metal Jacket, Voyage au bout de l’enfer…) et de se lancer dans une critique du système hollywoodien entre caprices des stars, méthodes des acteurs pour s’imprégner du rôle et surtout se mettre en valeur, réalisateur incapable de gérer les frasques de ses têtes d’affiche, ingérence des producteurs, dépassement de budget dans des proportions délirantes…
Le résultat est faux film de guerre, assez sympathique dans son premier degré de film d’action, qui se contente sur le fond d’égratigner gentiment les acteurs qui se la jouent, les producteurs rapaces en passant, les agents opportunistes et les réalisateurs jetables… mais pas trop non plus, parce qu’il faudrait pas torpiller sa carrière en se fermant toutes les portes.
Si Tonnerre sous les tropiques démarre fort avec ses fausses bandes-annonces caricaturales, véritables condensés des clichés hollywoodiens – sans conteste le meilleur passage du film –, la suite ne se hisse pas du tout au même niveau.
Ben Stiller aux commandes, fallait pas s’attendre au top de la finesse, rattrapé qu’il est par sa tendance naturelle à la potacherie. Les gags sont assez inégaux, balayant tous les genres du comique (ironie, satire, absurde…). On regrettera la vulgarité gratuite de certains dialogues, pas mal de gags lourdauds (des pets, bien sûr…) et beaucoup d’agitation à grand renfort de répliques hurlées, autant d’éléments représentatifs de l’humour américain et de ses bonnes grosses comédies pipi-caca-prout et tartes à la crème.
Dommage quand, à côté de cette approche aussi basique qu’éculée, on trouve pas mal de références plus pointues, de la belle écriture dans les faux monologues/dialogues d’intello et un nuancier intéressant des comportements de stars en quête d’attention, pathétiques, prisonnières de rôles ou d’images qui ne reflètent pas forcément leur personnalité, qui en souffrent… et qui en jouent, parce que c’est leur métier.
À louvoyer entre action, grosse comédie et critique, le film a souvent du mal à trouvers son rythme et sa tonalité, et à trop pousser ses vannes lolilol, il passe à côté de sa dimension satirique. N’en restera qu’une critique très gentillette de son sujet et une performance hallucinante de Tom Cruise en producteur cupide et d’une vulgarité absolue, loin de son image de playboy papal.