Le dernier jour de la Création – Wolfgang Jeschke

Le dernier jour de la Création
Wolfgang Jeschke

Denoël

Couverture Le dernier jour de la Création Wolfgang Jeschke Présence du Futur Denoël

Quand des archéologues découvrent une vieille Jeep dans une forteresse médiévale et que la relique de saint Vit se révèle être un tube en plastique, le coup fourré temporel n’est pas loin (et l’humour tout proche).
Et pour cause, les États-Unis ont envoyé dans le passé un contingent pour pomper les réserves de pétrole du Moyen-Orient et les transférer dans leur sous-sol.

Paru en 1982, un bouquin bien de son temps, fondé sur les inquiétudes liées aux chocs pétroliers de 1973 et 1979, à la dépendance énergétique, à la guerre froide, à l’agitation au Moyen-Orient… Il reflète aussi une certaine idée de l’Amérique hégémonique et, plus largement, de la mentalité occidentale, dont la rapacité n’est plus à démontrer depuis la fondation des premiers empires coloniaux.
Un roman toujours d’actualité quarante ans après. Le pétrole reste une de ces bases qui font la pluie et le beau temps de l’économie mondiale. Le Moyen-Orient conserve son rang de merdier phénoménal. Et à défaut de colonies, les multinationales ont pris le relais pour aspirer les ressources vers les pays du G20.
Le dernier jour de la création appartient à cette bonne SF pleine d’idées, qui sait susciter la réflexion chez son lecteur sans l’assommer. Jeschke mêle voyage dans le temps, aventure, humour. À l’inverse de ce que je disais sur Histoire d’os d’Howard Waldrop, lui parvient à tirer dans tous les sens et toucher ses cibles. Sur le voyage temporel, par exemple, il joue des paradoxes et des uchronies en les nourrissant de son propre récit. Ainsi, l’envoi des Américains dans le passé modifie le cours de l’Histoire, ce qui amène d’autres nations à essayer de bricoler de leur côté, et ainsi de suite, créant chaque fois une uchronie boule de neige. “Ils ont fait exploser la vérité en petits morceaux, et maintenant, les avenirs se dispersent comme autant de galaxies.”

Sans spoiler le dénouement, la leçon à tirer de la fin pour notre vrai monde à nous de maintenant, c’est qu’à force de déconner à vouloir tout contrôler, toujours procéder dans l’urgence, avec des vues égoïstes à court terme, ça finira mal. Mais bon, on va pas coopérer avec les autres et partager, oh ! On a vu ce que ça a donné en… quand… Ah non, tiens, on n’a jamais eu l’idée d’essayer.

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