La première décennie du XXIe siècle a vu sortir une foultitude de films de zombies qui se sont pris pour 28 jours plus tard. Parmi cette kyrielle de bobines, des étrons, beaucoup d’étrons. The Vanguard est du lot.
Sorti en 2008, ce film britannique promettait l’apocalypse pour 2015. Surpopulation, crise pétrolière, guerre, foutoir total à l’échelle de la planète… Jusqu’ici le pitch de The Vanguard ressemble moins à un film qu’à un documentaire. Pour régler le problème, la Corporation – qui ne s’appelle pas Umbrella mais qui pourrait vu qu’on voit bien où l’idée a été piquée – décide de dézinguer une bonne partie de la population mondiale. Moins de gens, moins de problèmes, tel est le raisonnement qui sous-tend le génocide. Sauf que voilà, le produit injecté n’est pas au point et transforme les “vaccinés” en monstres assoiffés de sang appelés Biosyns, un nom comme un autre parce qu’il en fallait un dans le scénario. Le résultat est donc un bordel encore pire qu’avant. Les survivants humains se terrent dans des cités sous contrôle de la Corporation, pendant que les vilains zombies zonent à l’extérieur. Mais dehors, il y a aussi quelques survivants, dont on ne sait pas trop comment ils sont encore en vie, paumés parmi des cohortes de mobs. C’est le cas de Max, le héros du film. Enfin, héros… C’est beaucoup dire. Film aussi d’ailleurs…
En gros, prenez le concept de Je suis une légende, ajoutez l’ambiance de Valhalla Rising, tirez-vous au Brésil avec la caisse et vous aurez une idée du résultat, qui pue la pauvreté à un point rare. On dirait un film amateur alors que non, ce machin est censé être un métrage professionnel (sic).
Notre héros du jour, survivant solitaire, s’appelle Max. Oui, Max, pas bien dans sa tête, qui tente de survivre dans un monde ravagé. Mad Max, quoi. Un des nombreux emprunts de The Vanguard à tout le corpus post-apo… Mais Max est pauvre, donc exit les grosses machines, il roulera en mobylette. Avec un look tout droit sorti des années 60. En voyant apparaître à l’écran ce croisement improbable de Robinson Crusoé et de George Harrison sur sa bécane, je me suis demandé un instant si le film était parodique. Il se trouve que non.
Malgré son caractère fauché visible comme pas permis, la première partie du film est presque bien. Héros muet, scènes contemplatives, travail sur la photographie, on retrouve un peu de l’ambiance particulière de Valhalla Rising. On se dit que l’aventure promet (peut-être) un film de zombies esthétisant, expérimental sur les bords, pourquoi pas après tout. Sauf qu’il y a la voix off du héros qui vient tout gâcher à blablater des propos incohérents, entendus mille fois dans d’autres métrages et/ou sans intérêt. Ce qui ressemblait à une volonté de filmer le genre différemment se voit torpillé par ces commentaires relous.
Ça va coincer encore pire pour devenir de la bonne grosse daube à partir du moment où d’autres personnages entrent en scène. Soldats de pacotille au look ridicule roulant dans des tanks Playmobil… maquillages dessinés au feutre par un manchot qui a oublié d’enlever sa moufle… dialogues navrants… jeu amateur… effets spéciaux conçus sur un Amstrad… et en prime la lenteur voulue de la première partie tourne à la longueur ennuyeuse… Rien de valable, du pur jus de navet.
Dès qu’il s’agit de mettre en scène une fusillade ou d’aligner quatre, cinq acteurs, la maigreur du budget accouche d’un casting médiocre, de combats mous du genou dignes de Derrick et de zombies sautillants dans la forêt comme des Schtroumpfs. Même le Cyborg d’Albert Pyun avec Van Damme sorti dix ans plus tôt sans scénar et avec des costumes et des décors de récup est mieux. Alors que pourtant… Même Cyborg 2 est mieux, alors que dans le genre nase, il se pose là…
On ne peut pas nier à The Vanguard d’avoir voulu, au moins dans sa première partie, tenter des trucs au plan formel (décors naturels, cadrage, choix esthétique dans l’utilisation de filtres colorés). Mais la mise en scène ne fait pas tout. L’absence d’écriture sur le contenu ne permet pas au film d’atteindre un niveau ne serait-ce que potable. L’histoire et les péripéties oscillent entre le vide, le déjà vu et l’incohérent. Et de toute façon, le budget famélique condamnait The Vanguard à couler à pic quoi qu’il arrive. C’était sans espoir, un comble vu le nom du réalisateur…