The dark gates of terror – Frédéric Livyns

Souviens-toi l’été l’automne dernier, je m’en fus à Mon’s Livre où je dévalisai Frédéric Livyns d’une flopée d’ouvrages : les deux volumes de Petites histoires à faire peur… mais pas trop, Les Initiés (quatre mains avec Sébastien Prudhomme-Asnar), Les Contes d’Amy (parce que les bons contes font les bonnes Amy) et ces fameux Dark gates of terror, in english in the titre but not in the texte.

The dark gates of terror
Frédéric Livyns & Christophe Huet (ill.)

Séma

Couverture The Dark Gate of Terror Frédéric Livyns Séma Amityville
Photo presque authentique pris à Amityville.

The dark gates of terror est un recueil qui t’invite à emprunter, comme son nom l’indique, les sombres portes de la terreur. Six nouvelles pour “revisiter l’esprit comics cher aux mythiques Creepy et Eerie”, dixit la quatrième de couverture.
Comics, oui et non. Pour le oui, l’ouvrage comporte une douzaine d’illustrations de Christophe Huet, superbes et tout à fait dans l’esprit des comics cités. Pour le non, il s’agit de nouvelles, pas de BD. J’aurais plutôt parlé d’esprit pulp.

Les pulps, pour ceux qui ne connaissent pas, furent des publications très en vogue aux USA dans la première moitié du XXe siècle. Papier bon marché fabriqué à partir de pulpe de bois (d’où le nom), donc magazines pas chers, et thèmes porteurs à base d’imaginaire et de sang : autant dire un succès de littérature populaire, où les “mauvais genres” (polar, science-fiction, fantasy, romance, fantastique, western) occupent le plus gros de l’espace. Quelques auteurs “un peu” connus ont commencé (et parfois fini) leur carrière dans les pulps : H. P. Lovecraft, Robert E. Howard, Raymond Chandler, Frank Herbert, Dashiell Hammett… Liste non-exhaustive, un paquet d’auteurs majeurs ont “pulpé” et eu par la suite une influence énorme sur leurs genres respectifs. Comme quoi “littérature populaire” n’a rien d’un gros mot.

The dark gates of terror correspond tout à fait à cet esprit. Du fantastique, de l’épouvante (L’horreur de Slaughterhouse street), de la SF (La planète mémoire) et même une touche de western (Beasts and guns), des monstres vilains pas beaux (vampire dans Symphonie roumaine, démon dans le bien nommé récit Le démon de Vishnou, loups-garous…), du sang, des tripes, un chouïa de fesse…
Six histoires “brutes”, sans prise de tête : de la pure narration. Selon les attentes de chacun, cette simplicité passera pour une qualité ou un défaut. Je dirais qu’entre deux lectures mindfuck, ce recueil est reposant et propose des récits bien ficelés. Ceux qui ont lu les vieux de la vieille et les stars de la grande époque ne seront pas terrassés de surprise, les nouvelles étant assez classiques. Pour les néophytes, The dark gates of terror me paraît une excellente entrée en matière avant de s’aventurer dans les recueils des années 20, 30, 40.
Livyns joue la partition du rétro sans ressortir du vieillot ou du réchauffé. Les amateurs de format old school apprécieront la première nouvelle, Dualité, qui emploie la forme épistolaire : le bon vieux “quand tu recevras cette lettre, je serai mort…”, l’ancêtre littéraire du found footage au cinéma. Bien fichu ici, respectueux des codes du genre, intéressant à mettre en perspective avec la nouvelle Une chance sur six de Gabriel Katz (Créatures, anthologie des Imaginales 2018).
Seul défaut de cette nouvelle – et du bouquin –, Dualité est aussi tartinée d’adverbes en -ment que ma peau de tatouages. Et les gens qui m’ont vu tout nu vous le confirmeront : ça fait beaucoup d’adverbes en -ment… On peut très bien vivre sans, je laisse à chacun le soin de recompter combien on en croise dans cette chronique…
Ce point mis à part, la qualité d’ensemble est bonne. Les amateurs de pulps, de comics sans super-héros et des Contes de la Crypte trouveront leur bonheur dans The dark gates of terror. Première virée pour moi dans du Frédéric Livyns, découverte intéressante, I’ll be back comme disait Arnold.

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