Période de soldes oblige, deux films pour le prix d’un avec Planète hurlante et sa suite, dont le seul mérite tient dans la pertinence de son titre, Planète hurlante 2.
Planète hurlante – Screamers
(Christian Duguay, 1995)
Nous sommes en 2078 sur la planète Sirius 6B. La guerre fait rage depuis des plombes entre l’Alliance et le Nouveau Bloc Économique, qui s’affrontent à propos du bérynium, un minerai aux formidables propriétés énergétiques qui a le gros défaut de dégager des radiations de l’enfer mortelles pour les mineurs.
Le Bloc vaporise tout ce qui vit à la surface de Sirius 6B à coups d’armes thermonucléaires, l’Alliance riposte en créant les Hurleurs, des robots de combat autonomes. Assez autonomes pour dézinguer tout le monde et n’importe qui sans distinction, y compris leurs propres créateurs. Depuis, les quelques survivants des deux camps vivent planqués dans des bunkers et la guerre se borne à un statu quo.
Jusqu’au jour où le colonel Hendricksson (Peter Weller), commandant de l’Alliance, reçoit une proposition de trêve des gars d’en face…
Planète hurlante est adapté de Nouveau modèle (Second Variety) de Philip K. Dick, publié en 1953. La nouvelle est dans l’ensemble bien rendue moyennant quelques adaptations. Ainsi l’affrontement initial Américains-Russes devient celui de deux entités fictives, plus adaptés à l’époque de la sortie du film, très axée sur la lutte économique, que le contexte de Guerre Froide qui n’était plus d’actualité après l’éclatement du bloc de l’Est et de l’URSS. Les quelques changements de détail ne remettent pas en cause l’œuvre d’origine.
Si le film reste dans les clous en termes d’adaptation par rapport à son matériau de base, le résultat à l’écran est inégal avec du bon et du moins bon au point de terminer le visionnage sans savoir sur quel pied danser.
Certains éléments paraissent aujourd’hui bateau et prévisibles, ils l’étaient déjà il y a trente ans quand le film est sorti. Adapter la nouvelle quarante ans après sa parution, fallait s’y attendre, le cinéma n’avait pas attendu pour développer certaines idées dans son coin ou en allant piocher en douce chez Dick, qui a beaucoup inspiré (façon polie de dire pillé bien comme il faut). Si les idées du texte de Dick gardent leur force sur le papier, il n’en est pas toujours de même dans la version ciné, dépassée dès sa sortie, encore plus maintenant qu’il a vieilli. Il passait beaucoup mieux quand j’étais adulescent dans les années 90 qu’à le revoir aujourd’hui. Planète hurlante est à regarder comme si on voyait son premier film de SF, avec des yeux de gosse.
Ne vous attendez pas à une débauche d’action et de combat, ce n’est pas le but du film, qui n’en a pas les moyens de toute façon avec ses 11 millions de dollars de budget. Ça a l’air beaucoup, mais à l’échelle hollywoodienne, c’est peu.
Planète Hurlante est d’abord un film d’ambiance. À ce titre, il fonctionne très bien. L’esprit dickien, à la fois sombre et paranoïaque, est partout présent, entre le paysage d’hiver nucléaire et la menace des robots qui interroge sur la notion d’humanité quand rien ne vient plus distinguer l’homme de la machine, tant dans les apparences que dans les actes.
Le film souffre de gros défauts d’écriture avec beaucoup de choses posées mais pas développées ni exploitées. Les thèmes de réflexion peinent à émerger faute d’être creusés, les personnages se contentant de grenouiller dans la pampa et de prendre acte de ce qui leur tombe dessus sans jamais vraiment penser. Ils constatent des trucs et ils sont contents avec ça.
Le casting est aléatoire. Peter “Robocop” Weller s’en sort très bien et porte le film pour ainsi dire à lui seul. On n’en dira pas autant de certains rôles secondaires qui en font des tonnes dans le cabotinage.
Exception faite des paysages, ce qu’on a sous les yeux n’est souvent pas à la hauteur des attentes. Incrustations approximatives et robots mal animés plombent le film. Au cinéma, les effets spéciaux vieillissent vite, à plus forte raison quand ils sont déjà branlants au départ faute de moyens, et sur ce point Planète Hurlante accuse un sacré coup de vieux. On rigolera même beaucoup avec l’épave de la navette spatiale qui semble tout droit sortie d’une pub pour Meccano. Dommage, parce qu’avec un budget plus conséquent, le film aurait eu des effets spéciaux à hauteur de son ambiance et on aurait au moins eu un spectacle qui aurait remonté le niveau à hauteur d’une bonne série B.
Planète Hurlante est donc un film bancal difficile à caser parmi les autres adaptations de Dick. Il est à la fois une des meilleures pour l’ambiance et la fidélité à l’œuvre mais aussi une des pires pour les effets spéciaux.
À voir en tout cas si vous êtes fan de l’esprit dickien.
Et bien sûr pour la scène d’anthologie du carton dans le bunker avec ses hordes de gamins robots qui se font dégommer au fusil d’assaut et au lance-flammes.
Planète Hurlante 2 – Screamers: The Hunting
(Sheldon Wilson, 2009)
Le même film en pire. Scénario tout nase, incohérences à la pelle, pot-pourri de scènes déjà vues et revues ailleurs en mieux, personnages sous-développés, clichés à gogo, rebondissements téléphonés, fin ultra prévisible, brochettes de mauvais acteurs qui rêveront toute leur vie d’un Oscar qu’ils ne remporteront jamais, dialogues affligeants, effets spéciaux Amstrad, décors en carton pâte, monstres en mousse, c’est un bon gros film de chiasse.