Après la clôture du Noël des auteurs, je continue à solder les comptes en attaquant le dernier volet du triptyque consacré aux éditions Lune écarlate. Ce qui ne veut pas dire que je ne chroniquerai pas d’autres bouquins de cette maison à l’occasion (la preuve avec Infemmes et Sangsuelles), juste que j’en avais annoncé trois et que j’aime bien boucler ce que j’entame. Celui-ci, je le gardais sous le coude pour une raison évidente liée au calendrier.
Noël écarlate
Lune écarlate
Noël écarlate est un recueil de nouvelles sur le thème de Pâques Noël. Dix textes, autant d’auteurs. Et j’ai une flemme phénoménale de tout taper, donc… EFFETS SPECIAUX !
Des trois livres chroniqués, celui-ci est mon préféré. Parce que je déteste Noël – donc il n’est question que de ça sur le blog depuis une dizaine de jours, contradiction ou catharsis ?… Sans rire, vous n’avez pas idée… et encore c’est rien à côté du Nouvel an.
Mais revenons-en au sujet (pas gagné dans une phrase à l’impératif qui n’en comporte aucun).
Dans ces nouvelles, Noël en prend plein la tronche. Réveillons foirés, esprit de fête perverti, psychopathes en tenue rouge et blanche… J’en passe et des pires, comme disent les Éacides (de Corneille).
160 pages de Noël déglingué. Assez long pour faire le tour de la question, assez court pour éviter le gavage. On s’en doute, le recueil a le mérite de l’homogénéité autour de son thème. Il parvient à ne pas redonder grâce à une diversité de traitement bienvenue.
Ode à Fouettard s’apparente à un conte, jusque dans ses tournures archaïques. Réveillon de Sang, sans doute inspirée du film Douce nuit, sanglante nuit, sort le bon vieux père Noël psychopathe. Striping Mother Christmas la joue sur le ton de la comédie. Fantastique (De terre et de larmes), horreur (Moi, ton Sauveur), SF (The Tower), cyberpunk (Les Maîtres de San Kioji), festival pour tous les goûts.
Étant très ouvert niveau genres et tons – on l’aura compris à l’éclectisme des lectures que je présente –, j’ai apprécié cette variété. Rien ne ressemble plus à Noël qu’un autre Noël. Ici, tout le contraire.
J’ai été surpris du niveau de l’ensemble qui va de bon à très bon. Surpris dans le sens où les recueils sur ce genre de thèmes conventionnels ressemblent souvent à des fourre-tout de nouvelles pondues à la va-vite ou de textes mineurs dont les auteurs cherchent à se débarrasser. Pour tout dire, je craignais les cohortes d’adverbes en -ment. Et… non. Une bonne surprise. Pas de texte faiblard ou qui sente le truc bâclé, pas de texte de remplissage pour étoffer à moindres frais (vous savez, ces “nouvelles” qui ressemblent à de la poésie en prose avec saut de ligne tous les cinq mots et qui ne riment à rien).
En mode 3615 Ulla MaVie, le tiercé de mes préférées. Moi, ton Sauveur pour sa chute immonde comme je les aime. Les Maîtres de San Kioji, parce que ça faisait un bail que je n’avais plus lu de cyberpunk et ça manquait. Striping Mother Christmas qui m’a bien fait marrer avec son elfe racontant la vérité sur le père Noël dans un décor de boîte de strip-tease.
Bonne sélection, bons textes, bon recueil. Du beau, du bon, du bonnet (de père Noël).