Moonwalk – Michael Jackson

Moonwalk Michael Jackson Mandarin

Moonwalk
Michael Jackson

Mandarin

Premier bouquin écrit par Michael Jackson, Moonwalk – nommé d’après le fameux pas de danse que personne en vérité n’a jamais pratiqué sur la Lune – est une autobiographie sortie en 1988 qui couvre les trente premières années de sa vie. N’attendez pas le tome 2 sur les vingt années suivantes, il n’y en aura pas.

Michael Jackson se raconte, ce qui ne choquera personne, c’est le principe d’une autobiographie. Le connaît-on mieux en sortant de cette lecture ? Pas tant que ça. C’est lui qui parle, il dit ce qu’il veut. Il peut aussi bien déballer la vérité que pipeauter tout du long. Exemple : un passage où il vante les mérites de Diana Ross qu’il adore par-dessus tout. Mec, tu viens de sortir Bad dans lequel figure Dirty Diana qui dit tout à fait le contraire à propos de la même personne. Autre exemple : sur les violences qu’il a subies de la part de son père, il se rétractera plus tard en disant que ce n’est pas lui qui a rédigé cette partie du bouquin (pourquoi c’est marqué que c’est toi l’auteur alors, si tu l’as pas écrit ?), avant de se rerétracter plus tard en disant qu’en fait, si, son paternel tabassait ses gamins (ce qui était déjà de notoriété publique avant la parution de Moonwalk de toute façon).
En clair, tout est à prendre avec des pincettes. Comme dans n’importe quelle autobiographie où on peut réécrire l’histoire à son idée (vivement que j’écrive la mienne !).

Sinon, on découvre quand même une facette plus intime du bonhomme à travers l’évocation de certains souvenirs d’enfance ou de difficultés qu’il a traversées, banales et complexes à la fois, comme n’importe quel gamin de cet âge, mais avec dans son cas une surexposition médiatique à gérer en prime (tu m’étonnes qu’il ait fini plus perché que maître Corbeau sur son arbre…). L’adolescence, l’acné, le passage à l’âge adulte, autant d’éléments de normalité dans une vie hors normes. Clairement, la partie sur son enfance est la plus intéressante, parce que la plus autobiographique, celle où Jackson se livre sur lui-même, avec des anecdotes, du ressenti, du personnel.
À partir de sa carrière solo, le bouquin devient ennuyeux. Pour Off the wall, on a fait comme ci, comme ça, en passant vite fait chaque titre en revue. Pour Thriller, on a fait comme ci, comme ça, en passant vite fait chaque titre en revue. Pour Bad, on a fait comme ci, comme ça, en passant encore plus vite fait chaque titre en revue. Ben la vache, ça donne pas envie de faire de la musique tellement ça a l’air chiant présenté sous cet angle. Alors ouais, y a bien quelques éléments sur la musique, mais on n’entre jamais vraiment dans le dur de la création, faut se contenter d’un interminable catalogue de généralités et de détails, sans propos structuré sur le sujet. En deux bouquins, celui-ci et Dancing the dream, Jacko aura à peine effleuré le sujet musical, c’est un peu dommage…

Moonwalk est un bouquin qui au final vaut surtout parce que c’est Michael Jackson qui l’a écrit. Le même texte passé à la troisième personne au lieu de la première et avec un autre nom en couverture, une biographie standard, quoi, on se dirait que bof, c’est pas fou. C’est pas immonde non plus, ça se laisse lire et Michou s’en sort honorablement, mais pas de quoi se rouler par terre non plus de bonheur à lire le récit de sa vie. Après, à sa décharge, Jackson est chanteur-compositeur-danseur, pas écrivain, et l’exercice autobiographique n’est pas des plus faciles. Pas pour rien si 9 fois sur 10, c’est un tiers qui l’écrit à la place de l’intéressé. Là, pour ce qu’on en sait, il en a écrit l’essentiel lui-même, c’est déjà plus que la plupart des “auto”biographies sur le marché.
Donc indispensable si on est fan du bonhomme, parce que les fans ont une notion personnelle de “l’indispensable”. À lire si on s’intéresse beaucoup à son cas, parce que pour le peu de bouquins qu’il a publiés, ce serait ballot de passer à côté. Après, si vous aimez juste un peu sa musique, vous pouvez vivre sans l’avoir lu, ça ne vous manquera pas.

(PS : l’édition dont je parle est la version anglaise ; pour ce que j’en sais et les extraits que j’ai pu en lire, la VF publiée chez Michel Lafon propose une traduction à chier.)

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