Les Sept Péchés Capitaux
Anthologies présentées par Sebastien Lapaque
J’ai Lu Librio
Orgueil, Envie, Avarice, Paresse, Colère, Luxure, Gourmandise, sept recueils parus en Librio, qui ont le défaut de leurs qualités. Ils balayent large dans les genres et les formats. Théâtre, conte, roman, lettres, traité, il y a de tout. On est donc sûr de ne pas tout aimer et dans le même temps à peu près sûr de trouver au moins un texte auquel on accroche.
L’ensemble n’emballe pas plus que ça. J’attendais beaucoup du volume sur la luxure, mais Apollinaire (Les onze mille verges) et Sade ont dû se perdre en route. Celui sur la paresse comporte onze textes d’auteurs français sur un total de treize, à croire que nous sommes champions du monde de la glande (peut-être bien en fait…).
Le gros problème vient surtout de la sélection. La liste des péchés capitaux doit beaucoup à saint Thomas d’Aquin dont la Somme théologique date du XIIIe siècle. Au mieux, on remontera à Évagre le Pontique (IVe s.). La notion même de péché capital relève du seul christianisme. On se demande donc ce que viennent faire dans ces recueils des auteurs antérieurs, à plus forte raison païens. Certes, on peut les rattacher en généralisant l’idée de vice, mais dans ce cas, fallait pas baptiser la série du nom aussi exclusif que le concept des péchés capitaux. Je cherche toujours le rapport entre Homère et le christianisme, pour ne citer que lui…
Autre problème dans le choix des textes, la totalité des auteurs sélectionnés sont européens et encore, c’est beaucoup dire. Trois quarts de Français, le restant à moitié mangé par des auteurs gréco-latins hors sujet. Le péché capital dans le christianisme orthodoxe ? Un texte russe. Byzance et l’Europe de l’Est ? Évacuées. La très catholique Espagne ? l’Italie ? À peine présentes. La Teutonie qui a passé plus de temps à s’appeler Saint-Empire qu’Allemagne ? Partie planter des choux à la mode de chez nous. Le continent américain intégralement chrétien depuis un bail ? Invisible. Idem l’Afrique qui a pourtant connu la colonisation missionnaire.
Bref, une sélection qui pèche beaucoup. C’est dans le ton, tu me diras.