Laura, voyage dans le cristal – George Sand

Laura, voyage dans le cristal
George Sand

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Alexis aime sa cousine Laura, à qui ces transports ne font ni chaud ni froid. Elle s’intéresse à la géologie et aux minéraux ; par contrecoup, Alexis aussi. Celui-ci tombe dans une géode et de fil en aiguille se retrouve embarqué dans une improbable expédition vers le pôle Nord pour découvrir l’entrée du centre de la Terre.
(“Je sais, c’est un peu décousu, mais moi je vous retranscris ça pêle-mêle aussi.” Serge Karamazov, La cité de la peur)

Laura voyage dans le cristal George Sand Pocket

Ce court roman de George Sand condense les intérêts de son autrice et ceux de son époque, on y trouve : minéralogie (science qui recouvre l’étude des minéraux, pas des plaques d’immatriculation), paléontologie, onirisme, romantisme, fantastique dit hoffmanien (l’imagination ouvre des portes vers des mondes magiques), exploration polaire (un paquet d’expéditions et voyages dans les années 1850), orientalisme (références à Sinbad et aux Mille et une nuits).
Si Laura, voyage dans le cristal présente de nombreuses similitudes avec le Voyage au centre de la Terre paru quelques mois après, c’est parce que, d’après les critiques verniens, Jules Verne s’en est “inspiré”. Perso, j’aurais tendance à dire qu’il a pompé comme un malade sur la copie de sa voisine et qu’à ce niveau, faudrait le rebaptiser Julot Gorge Profonde.
J’ai préféré la version de Sand, parce qu’elle contient quelque chose qu’on ne trouve pas dans Voyage au centre de la Terre : du sens. Alors oui, le roman de Verne est chouette à lire, plein d’aventure, tout ça tout ça, mais ça s’arrête là. Sorti des péripéties, il est creux comme une canne à pêche. Laura, voyage dans le cristal, à travers le rapport de différents personnages à la minéralogie, raconte que science et beauté ne sont pas incompatibles. L’un étudie ses caillasses d’un œil clinique, froid, celui de la Science avec un grand S, un autre aura un regard pragmatique, terre-à-terre sur l’usage qu’on peut faire des minéraux, dans l’industrie notamment. Et Laura de rappeler que ces pierres ne sont pas que cela, et d’apprendre à Alexis à apprécier leur beauté. J’ai trouvé intéressante cette approche, qui propose autre chose qu’un énième savant obstiné par sa discipline et aveugle au reste, et introduit de la chaleur dans sa vision de la science, souvent représentée dans les œuvres de l’époque comme un domaine où tout n’est que froide rigueur et Raison insensible.

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