La noblesse française aux XVIe et XVIIe siècles – Jean-Marie Constant

La noblesse française aux XVIe et XVIIe siècles
Jean-Marie Constant

Hachette

La noblesse française aux XVIe et XVIIe siècles Jean-Marie Constant Hachette

Je ne sais pas ce qu’il en est des programmes scolaires d’ajourd’hui, mais de mon temps, jadis, au siècle dernier, la noblesse était un de ces thèmes parents du gruyère : beaucoup de trous et pas tant de matière que ça.
On en entendait parler à propos du Moyen Âge, les seigneurs, les chevaliers, les liens vassaliques, le pouvoir local depuis le château surplombant le fief. Deuxième couche au XVIIIe siècle avec d’abord Louis XIV, Versailles, la cour, puis à l’autre bout, la Révolution. Entre la période médiévale centrale et la fin de l’époque moderne, rien, le néant ou à peu près. En cause, les programmes qui n’avaient pas le temps de tout couvrir dans le détail, et aussi une historiographie éblouie tant par les armures rutilantes des chevaliers que par les dorures clinquates de ce monument à la gloire du bling-bling qu’est Versailles. En clair, les historiens n’en avaient pas grand-chose à battre du petit noble provincial des années 1600. Si ça brille pas ou si ça n’explose pas, c’est pas intéressant.
Alors il se trouve que si, intéressant, ça l’est. Et plus que la partie visible et tonitruante de l’iceberg historique qui, comme son homologue de glace, n’offre qu’une facette restreinte, bien loin de représenter l’ensemble.
La deuxième moitié du XXe siècle voit les historiens découvrir la réalité de la discipline – il serait temps – et commencer à prendre leurs distances avec l’histoire à la papa, l’histoire-bataille et une histoire concentrées sur les seules grandes figures pour se pencher sur le reste, la masse, le squelette, le socle des royaumes, des empires, des sociétés.

Or donc, pour ce qui est de la noblesse, le sujet fut une des questions d’histoire au programme au cours de ma deuxième année de prépa (1995-1996, ça remonte…).
Il en ressort deux bouquins. Si vous aimez la revue de détail et l’étude de cas, je ne peux que vous conseiller Le sire de Gouberville de l’historienne Madeleine Foisil, qui se penche sur le dossier d’un petit noble du Cotentin de la seconde moitié du XVIe siècle. L’ouvrage est excellent.
L’autre, plus généraliste, est celui de Jean-Marie Constant, La noblesse française aux XVIe et XVIIe siècles. Il a le mérite d’être synthétique (260 pages), rigoureux, accessible au grand public, pas juste réservé à un public restreint d’érudits bac+10000 en histoire. Au long de ses dix chapitres, Constant fait le tour de son sujet. Qu’est-ce qu’être noble et comment le devient-on, pour ceux qui ne naissent pas comme tels ? À quoi passe sont temps un noble ? La guerre mais pas que, puisqu’on les voit aussi maîtres de forge, commerçants ou ecclésiastiques. La sociabilité occupe un gros morceau, entre la cour, les alliances entre maisons, les réseaux de parenté. La noblesse ne serait rien sans le pouvoir, on aura donc droit à l’exposé sur le pouvoir seigneurial et sur les relations entre noblesse et pouvoir royal (plutôt agitées sur la période concernée avec les guerres de Religion et la Fronde, par exemple). Au quotidien, on prendra connaissance de l’art de vivre et du fonctionnement d’une maison noble. Toutes les strates de la noblesse sont passées en revue, de la haute noblesse qui gravite dans l’entourage royal au hobereau local, de la plus ancienne noblesse d’épée aux plus récents promus de la noblesse de robe.
On ressort de ce bouquin mieux armé qu’en y entrant. Après, si on veut juste avoir une idée de ce que pouvait être la noblesse des deux siècles concernés, on peut s’arrêter là. Sinon, chaque chapitre comporte un paquet de références bilbiographiques pour creuser tel ou tel point et approfondir, ce qui fait de ce livre un excellent point d’entrée dans ce vaste sujet.

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