Pendant qu’il ne se passe rien en France le 11 février, le Japon commémore la fondation mythique de l’Empire. Bon, de fait, il ne s’y passe pas grand-chose non plus, les célébrations étant on ne peut plus discrètes.
Fête nationale au Japon, le Kenkoku kinen no hi (建国記念の日) est un jour férié dédié à la réflexion sur l’appartenance à la nation nippone. Il s’agit d’une fête patriotique, sans que le terme revête de connotation péjorative – être patriote n’implique pas par essence de virer à l’extrême-droite ni de vouloir conquérir et/ou exterminer tout ou partie du monde.
En comparaison avec la ferveur nationaliste de la première moitié du XXe siècle, durant laquelle cette fête était une des plus importantes du calendrier, les célébrations actuelles sont discrètes. Temples et sanctuaires organisent à cette occasion diverses manifestations festives avec procession (建国祭). Les drapeaux sont de sortis et tous les bâtiments sont pavoisés. Et c’est tout.
Avec les fêtes japonaises, on se répète toujours un peu quand il s’agit de parler de leurs origines qui remontent dans 99,99% à la nuit des temps. Celle-ci ne fait pas exception à la règle. Ses racines sont anciennes et renvoient à la fondation de l’État japonais et de la lignée impériale par le premier empereur, Jimmu (神武天皇, Jimmu Tennō), descendant en droite ligne de la déesse Amateratsu, le 11 février 660 av. JC.
Cette date du 11 février -660 a été fixée lors du passage au calendrier grégorien au début de l’ère Meiji et la fête associée instituée en 1872 sous le nom de Kigen-setsu (紀元節, jour de l’Empire). Supprimée en 1948, sa réintroduction fait l’objet de débats dès 1951 et elle revient en 1966 sous le nom de Kenkoku kinen no hi qu’elle porte porte encore aujourd’hui (soit littéralement “journée de commémoration de la fondation du pays”).
Le jour dit, le Premier Ministre se fend d’un discours et la participation de l’État aux festivités s’arrête là. La marine impériale hisse tous les pavillons qu’elle a en stock et illumine ses vaisseaux à la tombée de la nuit. Les temples bouddhistes et les sanctuaires shinto organisent parades, processions et défilés, qui attirent un peu de monde sans non plus déplacer des foules délirantes. Sur le sujet, les Japonais se sentent coincés entre leur amour pour les traditions culturelles et la peur de voir l’ultranationalisme revenir sur le devant de la scène dans ce genre d’occasions.