Monument littéraire parmi les plus anciens avec 3800 ans au compteur, très antérieur à la Bible (mais avec déjà du Déluge dedans), the mother of all!
L’épopée de Gilgameš
Jean Bottéro
Gallimard
Bottéro présente cette épopée de façon plus académique que moi. Normal, il était universitaire, très sérieux, tout ça tout ça. Cette version, il l’a voulue rigoureuse – d’où une certaine aridité du texte – et adressée aux non-spécialistes – d’où une grande pédagogie.
Le bouquin s’ouvre sur une soixantaine de pages d’intro. Prononciation de l’akkadien, carte, chronologie, cosmologie babylonienne, contexte historique, état des sources, présentation de l’œuvre et de son héros… Balayage concis, pointu et clair qui permettra aux néophytes en histoire mésopotamienne de ne pas s’aventurer dans le texte les mains vides.
Les 230 pages restantes sont consacrées à l’épopée et à la quête d’immortalité de Gilgamesh. Aucune idée de que vaut la traduction en elle-même, mes connaissances en clous sont de l’ordre du zéro, autant en bricolage qu’en cunéiforme. M’enfin Bottéro n’a pas une réputation de bras cassé, on peut lui faire confiance. Sa version s’agrémente de nombreuses notes expliquant les difficultés et choix de traduction. Les trous dans le texte, mots manquants slash illisibles slash effacés, sont restitués. En soi, c’est une bonne chose, puisqu’il s’agit d’un travail scientifique. Le texte, rien que le texte. Cela dit, on touche quand même aux limites de l’ouvrage adressé aux non-spécialistes : on ne parle quand même pas d’un bouquin grand public. Si tu veux lire une bonne histoire de fantasy sans trous dans le texte, tourne-toi vers une version romancée. Par exemple Gilgamesh, roi d’Ourouk de Robert Silverberg.
Quelle que soit la version retenue, je conseille aux amateurs de fantasy d’y jeter un œil. Une quête, des épreuves, des combats, des monstres, un compagnon d’aventure… L’épopée de Gilgamesh, c’est le super ancêtre de l’heroic fantasy (Conan, Fafhrd et le Souricier Gris, Elric et Tristelune…).