Ah L’Agence Tous Risques, série mythique des années 80 qui a marqué toute une génération…
La série
In nineteen seventy-two, a crack commando unit was sent to prison by a military court for a crime they didn’t commit. These men promptly escaped from a maximum security stockade to the Los Angeles underground. Today, still wanted by the government, they survive as soldiers of fortune. If you have a problem, if no one else can help, and if you can find them, maybe you can hire… The A-Team.
L’idée
Lancée en 1983 par Stephen J. Cannell et Frank Lupo, The A-Team racontera pendant 5 saisons et 98 épisodes les aventures de quatre garçons dans le vent. Déployé au Vietnam, le quatuor participe à une opération secrète qui foire dans les grandes largeurs et voilà nos loustics “accusés d’un vol qu’ils n’ont pas commis” (dixit l’intro), collés en taule, évadés et poursuivis par la police militaire. Plutôt que se faire discrets, ils vont au contraire enchaîner les actions d’éclat pour défendre la veuve, l’orphelin et le petit entrepreneur contre de vilains capitalistes. L’Agence Tous Risques, c’est Robin des Bois cloné en quatre exemplaires avec un M16 à la place de l’arc.
À la tête de l’équipe, John Smith, dont on ne saura jamais s’il s’agit de son vrai nom. Surnommé Hannibal en référence au général carthaginois qui fut en son temps la terreur de Rome, il “adore qu’un plan se déroule sans accroc” (alors que toutes ses stratégies sont systématiquement battues en brèche par des imprévus). Dans le civil, il officie comme doublure de monstre pour des films à petit budget. Hannibal est incarné par George Peppard, acteur de cinéma sur le retour dont la carrière connaît un second souffle grâce à la série.
Pour le seconder, Templeton Peck, alias Futé, le beau gosse qui joue du charme, de la séduction, du baratin, du déguisement et de l’entourloupe. Si le personnage est classique dans sa dimension de roublard de l’équipe, son interprète, Dirk Benedict, sait lui donner corps pour ne pas être un énième aigrefin lambda de série télé – ce qui n’aurait pas été le cas si l’acteur initial retenu pour le pilote, Tim Dunigan, avait conservé le rôle.
La force de frappe est assurée par Barracuda, nounours irrascible au cœur tendre et aux muscles en béton armé. Mécano hors pair pour tout ce qui roule, il a en revanche la phobie de tout ce qui vole (source de running gags à base d’hypnose, somnifères, matraquages et bobards pour l’embarquer à l’insu de son plein gré). Mr T lui prête ses traits, fort de sa popularité croissante à l’époque depuis Rocky III, ce qui n’ira pas sans heurts avec George Peppard, leurs melons respectifs ne trouvant pas toujours à s’accorder.
Cas particulier de l’équipe, H. M. Murdock, surnommé Looping (le pilote, on l’aura compris), est le seul membre que la police militaire ne cherche pas à coffrer. Il vit en hôpital psychiatrique, dont il s’évade à chaque épisode. Le personnage a failli ne pas exister, parce que trop déjanté, il sera in fine un des plus populaires. Parce que déjanté. Sa folie prête à débat, il avoue lui-même simuler la plupart du temps… tout en reconnaissant que les univers farfelus où il se réfugie lui permettent d’oublier la guerre. Sa fausse folie le protège d’un vrai trouble de stress post-traumatique. C’est de loin mon personnage préféré (beaucoup de points communs entre nous…).
L’équipe
Au quatuor de choc s’ajoute le camion noir à bande rouge, personnage à part entière qui est de tous les épisodes ou presque.
Pendant une saison et demie, l’équipe comportera une femme… qui se fera ensuite virer pour cette raison. La journaliste Amy Amanda Allen, dont les trois A ne sont pas étrangers au nom de la team, avait pourtant un rôle complémentaire avec les quatre foufous de la pétoire, son métier lui permettant d’accéder à une somme conséquente d’infos et de contacts. Mais pas de femme dans une série d’action, a dit George Peppard, qui réussit à faire virer l’actrice Melinda Culea. Marla Heasley la remplace pour jouer le temps de quelques épisodes Tawnia Baker, une journaliste aussi, bref un clone relégué encore plus à l’arrière-plan au point que le personnage sera très vite évacué au début de la saison 2.
Si les trois premières saisons se positionnent bien dans le classement des séries de l’époque, la quatrième fera un bide, la faute à un canevas d’intrigue répétitif, sans parler d’une certaine lassitude des acteurs, à laquelle s’ajoutent les tensions entre l’ego de Peppard et celui de Mr. T. La cinquième saison modifie la donne en s’ouvrant sur la capture de l’équipe qui n’a d’autre choix que de devenir un commando secret du gouvernement. Fini de jouer les justiciers anars pour transformer la série en copier-coller de Mission impossible. Le virage étoffe la bande d’un cinquième larron, Frankie Santana, personnage écrit à la va-vite, qui aurait pu être monsieur Nouvelles Technologies pour ses compétences en informatique et électronique, et se retrouve surtout à faire doublon avec Barracuda pour le bricolage et Futé pour le charme. Le nouveau boss de l’équipe, le général Stockwell, reste anecdotique et ne vaut d’être mentionné que pour son interprète Robert “Napoleon Solo” Vaughn. Cette dernière saison ne séduira pas de nouveau public, ne reconquerra pas l’ancienne audience lassée et perdra les fans de la série, déçus de la nouvelle mouture.
Le concept
La série a pour elle de ne pas (se) prendre la tête. L’ambiance est décontractée et décomplexée, tout en action et humour, et l’équipe remporte les suffrages à combiner les figures du redresseur de torts, du chevalier errant, du cow-boys solitaire, du pirate, du mercenaire-aventurier-baroudeur, de Robin des Bois… et en piochant dans d’autres séries (par exemple Le Fugitif, puisqu’ils en sont, ou encore Mission Impossible pour la complémentarité des membres et de leurs compétences).
Comme beaucoup de séries de l’époque, les épisodes sont tous des stand-alone. On peut les regarder dans n’importe quel ordre, en tout cas pour les saisons 1 à 4, ça ne change rien. Pas d’arc narratif, aucune évolution des personnages, c’était une autre façon d’écrire les séries à l’époque. La trame est à peu près toujours la même, la force et la faiblesse du concept : tant que ça marche, tu peux tourner en boucle le même épisode en changeant juste le décor et le méchant du jour, mais tôt ou tard le public se lasse et tu coules.
La particularité de L’Agence Tous Risques réside dans son rapport à la violence. La série est à la fois hyper violente et édulcorée à 100%. Chaque épisode n’est qu’une succession de bastons, fusillades, explosions, où tout le monde se cartonne à coups d’armes automatiques, lance-grenades et bourre-pifs… mais personne ne meurt ni n’est blessé. Un hélico s’écrase contre une falaise et hop, au plan suivant, on voit ses occupants à côté de la carcasse en flammes, sonnés et titubants mais en vie, avec juste un peu de suie sur la figure. L’équipe – des soldats aguerris, rappelons-le – se frite avec une bande de méchants dans une galerie d’art au fusil d’assaut à quatre mètres de distance : personne ne fait mouche, pas une balle n’atteint son but. À croire que tout le monde sort du même stand de tir que les stormtroopers de Star Wars… Les mitraillages ne sont jamais que des préludes bruyants et défoulatoires avant la tatanne à mains nues. Il y a en tout et pour tout deux morts dans l’ensemble de la série, un type assassiné hors champ et un autre lors d’une ellipse narrative, et deux blessés graves (Barracuda touché à la jambe, mais l’action démarre in media res quand les pieds nickelés se réfugient chez une vétérinaire pour le faire soigner, donc on n’a rien vu de violent, et Looping prenant une balle destinée à Hannibal dans la saison 2, seule scène “violente” de la série, quoique loin des standards actuels).
Série bien de son époque, The A-Team brille par son ambiance d’insouciance, encore d’actualité au début des années 80. Même si les Trente Glorieuses sont arrivées en bout de course, on vit encore dans un monde de paillettes, strass et boules à facettes. Faudra encore attendre dix ans avant que Nirvana ne chante qu’on y est plus, au nirvana.
Insouciance mais pas que.
Ancrée dans son époque, elle met en scène des vétérans du Vietnam, qui pullulent sur les écrans à l’époque. On citera entre autres Magnum, autre série décontractée au possible, sauf dans les moments où il s’agit d’évoquer directement le sujet, auquel cas l’ambiance vire au sombre. Dans L’Agence Tous Risques, le Vietnam reste assez abstrait. Une si jolie petite ville (saison 1) est l’un des rares épisodes à aborder la question de front avec images d’archives à l’appui, souvenirs d’anciens combattants et une ambiance beaucoup plus sérieuse qu’à l’accoutumée.
Entre les vétérans rejetés par la société (Rambo) et ceux qui se sont plus ou moins bien réintégrés, souvent dans les forces de l’ordre ou assimilées (cf. Hooker, Magnum, L’arme fatale…), les joyeux compagnons de la justice font figure de trublions, appréciés par la population, en rupture de ban avec leur propre hiérarchie et pourchassés par toutes les polices du pays. L’image des flics dans la série est éloquente : au mieux, des péquenots débiles, au pire, des salopards tyranniques et corrompus. Rien d’étonnant quelques années après le Watergate et la perte de confiance des Américains dans leur gouvernement et toute institution se réclamant de la loi et l’ordre, le credo de l’administration Nixon.
Signe des temps qui changent, la trame scénaristique recyclée d’un épisode à l’autre et qui marche à chaque fois, peu importe le contexte dans lequel elle est transplantée. David contre Goliath, le premier l’emportant à l’écran, le second dans le monde réel. Tout un monde de petites entreprises familiales traditionnelles confronté à des mastodontes capitalistes. L’échelle humaine du commerce local contre le gigantisme dévorant de la grande enseigne, la brasserie de quartier contre la chaîne de restaurants, le petit commerçant contre la chaîne de magasins, l’épicier contre la chaîne de supermarché, la liberté d’être son propre patron contre les chaînes tout court. L’Agence Tous Risques n’a aucune vocation à la critique économique et sociale, et c’est tant mieux, parce qu’elle aurait un train de retard. Les Charlots ont déjà livré le même combat en 1973 dans Le grand bazar, genre de A-Team avant l’heure et à la française. N’empêche que la série, à travers ce qu’elle représente, raconte quelque chose du déclin du petit commerce indépendant et de la salarisation de la société à l’œuvre depuis les années 50.
Et c’est une raisons pour laquelle j’adore L’Agence Tous Risques. Alors ouais, ça a vieilli, l’écriture de la série est datée et la scénarisation d’une pauvreté insondable, les fringues et les coupes de cheveux se sont ringardisés, tout est répétitif, stéréotypé, irréaliste et on flirte souvent avec le débile.
Mais d’une part, il y a un attachement affectif de jeunesse, un amour pour les personnages qui date de quand j’étais gamin, qui ne m’a jamais quittté et ça, on peut pas lutter. L’inobjectable sujectivité de l’affect…
Et d’autre part, la revoir plus adulte, en plus de retrouver ce plaisir de môme, c’est aussi l’occasion d’un questionnement d’historien : qu’est-ce que cette série raconte de son époque et des mentalités à travers ses représentations fidèles ou fantasmées ? Sur le Vietnam, la justice publique et privée, la société, le monde du travail, l’ambiance particulière des années 80 qui ne savent pas encore qu’elles appartiennent aux Trente Piteuses…
L’épisode
Un affreux personnage, riche et puissant mais véreux, veut créer un grand complexe immobilier (hôtel, immeuble, supermarché, parc d’attraction), s’accaparer un monopole quelconque (taxi, alcool, commerce d’un denrée random) ou se livrer à une bête extorsion de fonds. Il achète donc tous les terrains dont il a besoin pour la bonne marche de son projet. Tous ? Non, car un petit propriétaire – toujours un type franc du collier, une jolie veuve que draguera Futé, une bonne sœur à la tête d’un orphelinat – résiste encore et toujours à l’envahisseur, refusant de céder son patrimoine à une entreprise capitaliste méprisant le facteur humain et visant à un monopole stalino-fasciste anti-libéral. Le grand méchant décide de faire pression sur les récalcitrants et pas en leur offrant une bière. Non, il recrute des mercenaires moustachus pour menacer le petit entrepreneur, le passer à tabac et bouter le feu à sa grange/maison/ferme/atelier.
Fondu au noir… On retrouve le propriétaire démuni et désespéré à Los Angeles, dans la boutique de monsieur Lee, un blanchisseur chinois. Hannibal vient à sa rencontre, grimé, méconnaissable sous un déguisement qui ne dissimule rien (perruque Playmobil, fausse moustache et accent bourru), et emmène son client dans un garage. Soudain, le masque tombe, les compères sortent de leur cachette : le malheureux propriétaire rétif a en face de lui la célèbre Agence Tous Risques, ces justiciers avec un cœur aussi gros que leur propension au mitraillage.
Après une séance d’explications – pourquoi nous nous cachons, dit Hannibal ; pourquoi je suis venu demander de l’aide, enchaîne le client en exhibant ses cocards –, fondu au noir (bis).
Futé, déguisé en médecin, s’introduit dans l’asile où retourne Looping entre chaque épisode. Muni de faux papiers, il fait sortir son comparse juste avant l’arrivée de la police militaire toujours à la poursuite des fringants compères. Bizarrement, personne ne pense à placer Looping sous bonne garde en espérant capturer ses copains lorsqu’ils viendront le récupérer au prochain épisode…
La scène suivante nous montre la ferme/usine/entreprise convoitée. La visite des lieux permet à Hannibal et Futé de repérer les emplacements stratégiques pour organiser la résistance pendant que Barracuda s’énerve contre Looping, qui discute avec une chaussette enfilée sur sa main ou avec son chien invisible Billy ou des elfes ou un homard empaillé. Au moment où le tour du propriétaire s’achève, les mercenaires débarquent, balancent de vagues menaces, mais s’enfuient en voyant à qui ils ont affaire.
Sur quoi, Hannibal propose d’aller faire un tour en ville histoire de prendre la température – c’est une image, il ne plante pas pour de vrai un thermomètre dans le fondement des gens qu’il croise. Direction le bistro où ont atterri, comme par hasard, les mercenaires qui se requinquent à coup de billard, de musique country, de binouse ou de whisky. Après quelques provocations d’usage, l’inévitable bagarre se déclenche, suivant un rituel immuable : Hannibal met à plat tous ses adversaires – normal, c’est le chef – de même que Barracuda – normal, c’est le plus costaud. De leur côté, Futé et Looping éprouvent des difficultés – normal, ils ne sont ni chefs ni baraqués – auxquelles Hannibal et Barracuda mettent fin. Ce pugilat rythmé par le générique se déroule à mains nues, hormis l’usage par des ennemis retors de chaises ou de queues de billard, et s’achève immanquablement par la victoire de l’Agence Tous Risques.
Après ce vigoureux intermède, chacun rentre faire son rapport. Les mercenaires, déshonorés, houspillés par leur patron, décident de se venger. À la nuit tombée, ils lancent une attaque surprise contre la maison où se reposent nos fringants justiciers. Les méchants roulent toujours en pick-up, dont la plateforme est surchargée de grappes de types armés jusqu’aux dents, qui tirent à tort et à travers. Sitôt leur forfait accompli, ils mettent les voiles. Par chance, l’Agence ne compte aucun blessé, car les balles se contentent de pulvériser des vases ou de soulever des gerbes de poussière aux pieds des héros.
Dès le lendemain de bon matin, les représailles s’engagent. À bord de leur sombre bolide, les fiers justiciers foncent chez l’ennemi, mitraillent à leur tour les portes, les fenêtres, les véhicules, tout sauf les gens. Direction le bureau du Grand Méchant, où Hannibal débite un speech comme quoi il faut laisser les honnêtes gens tranquilles sans quoi ça va barder.
Sans perdre de temps, l’Agence décanille, poursuivie par deux ou trois voitures pleines de méchants en colère. Comme la bagarre initiale, la poursuite suit un schéma canonique. Les portes de la camionnette s’ouvrent, révélant Futé et Looping, mitraillette au poing. Deux voitures sont mises hors course, la première a les pneus crevés, le moteur de la seconde est criblé de balles, les deux finissent leur course sur le talus ou dans un arbre. Le dernier véhicule s’avère plus coriace, obligeant Hannibal à quitter son siège pour prendre la place de ses collègues. C’est au lance-grenades ou à la dynamite qu’il règle l’affaire : le projectile explose sous l’une des roues avant, la voiture s’envole, perd l’équilibre, se retourne, atterrit sur le toit et ses occupants en émergent, secoués et titubants, avec quelques contusions, là où dans le monde réel ils seraient réduits en ketchup.
Forts de leur succès – “j’adore quand un plan se déroule sans accroc”, dixit Hannibal –, les valeureux héros s’accordent une petite pause avant leur prochain raid.
Mais…
La seconde attaque se transforme en fiasco. Attendue de pied ferme, l’Agence se jette tête baissée dans le piège et doit mettre bas les armes face aux légions adverses. Le Grand Méchant triomphe, parade, annonce qu’il est temps de mettre fin à cette plaisanterie et envoie ses hommes ramener le petit propriétaire sans défense pour lui faire signer les contrats de vente, au besoin par la force. Pendant ce temps, nos intrépides amis sont emmenés sous bonne garde dans un hangar. Un nouveau rituel débute. Désarmés, enfermés, mais non défaits, les quatre compagnons enclenchent le plan B. Car l’ennemi, c’est bien connu, ne ligote jamais ses prisonniers et les emprisonne dans un hangar bourré d’outils et de matériel. Le générique reprend. Tout le monde s’affaire dans la caverne d’Ali-Baba : Barracuda met la main sur un fer à souder et découpe des plaques de blindage, Hannibal bricole des armes maison, Futéfixe des bouts de tuyaux entre eux avec du chatterton et Looping trimbale des trucs et des machins qui ne servent à rien mais ça l’occupe. Tout cet attirail prend place sur une carcasse de voiture qui traîne là, en parfait état de marche et avec un plein d’essence.
Sitôt achevé, sitôt étrenné. Le char flambant neuf défonce la porte du hangar, mitraille de-ci de-là les gardes pris de court. Sans perdre un instant, l’Agence roule à vive allure vers la luxueuse demeure du Grand Méchant. La grille est enfoncée. Une fusillade s’engage, suivie d’un corps à corps épique où tout le monde balance des gnons à la ronde. Le Méchant et ses nervis sont vaincus, ils iront en prison.
Dernier fondu au noir. La camionnette est garée devant la maison du petit propriétaire, prête à démarrer. C’est l’heure des adieux. Les veuves et autres jeunes filles non mariées n’ont d’yeux que pour Futé, qui fera ceinture, car le temps presse. Les sirènes de la police militaire, conduite par le colonel Decker, retentissent au loin. Une dernière étreinte, une ultime poignée de main et déjà il faut partir dans le soleil couchant.
The end.
Le film
En 2010 sort le film inspiré de la série et réalisé par Joe Carnahan.
Refroidi par les carnages qu’avaient été Wild Wild West, Starsky et Hutch et Les Brigades du Tigre, je n’attendais rien de cette énième adaptation d’une série télé. Trop souvent une question de gros sous pour capitaliser sur un titre qui fera vendre, peu importe de capter et de rendre l’essence originelle.
L’absence d’attentes limitant le risque de déception, ça donne un film ni indigne ni transcendant, correct. Et qui aurait aussi bien pu n’avoir aucun rapport avec L’Agence Tous Risques. Changer le titre, gommer quelques gimmicks et références, on ne remarquerait pas la différence, ce serait le même film.
Le plus gros défaut réside comme toujours dans le scénario, pas toujours clair et même confus par moments. On sent les coups dans le script et au montage…
Le film emprunte à la série l’action, les fusillades qui ne tuent personne, la coupe de Barracuda, le camion, les bricolages de l’enfer. Y a un peu tout ce qui porte la marque de fabrique A-Team sans avoir le goût de L’Agence Tous Risques. Tout est posé là, parce que ça doit être là, mais sans que ça soit jamais étayé par un quelconque sens et en restant souvent sous-exploité.
Par exemple le camion noir à bande rouge a droit à son quart d’heure de gloire. Littéralement. On le voit pendant les quinze premières minutes et ensuite plus jamais. Ce véhicule, indissociable de la bande, se résume à du fan service le temps d’une scène. Et c’est comme ça pour à peu près toutes les références à la série. Seule la peur de voler de Barracuda est exploitée au-delà du simple clin d’œil au matériau d’origine.
Ambiance très différente, parce que moins d’humour, ce qui fait qu’on a l’impression d’un film qui cherche à être sérieux alors que L’Agence Tous Risques n’a jamais eu vocation à l’être. Autre approche aussi côté casting, à la fois plus détaché et beaucoup plus premier degré que le quatuor original, qui semblait plus investi tout en restant dans une autodérision permanente. Liam Neeson, Bradley Cooper, Sharlto Copley et Quinton Jackson jouent leurs personnages quand leurs prédécesseurs les incarnaient. Les pères fondateurs étaient dans l’esprit des années 80 où quoi qu’on fasse, on s’y croyait à fond, expression très en vogue à l’époque et qui la résume bien. Bref, cette version modernisée est désincarnée et il manque un petit quelque chose de ce temps-là (que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme disait l’autre).
On a donc au final un pur divertissement sans prétention qui remplit son contrat de film d’action standard, et une adaptation plutôt honnête de la série, pas catastrophique mais superficielle, où manquent le punch et la déconnade originels. Ni ratage ni réussite, ça se laisse regarder.