Écriture, Mémoires d’un métier
Stephen King
Le Livre de Poche
Quatrième de couverture :
Quand Stephen King se décide à écrire sur son métier et sur sa vie, un brutal accident de la route met en péril l’un et l’autre. Durant sa convalescence, le romancier découvre les liens toujours plus forts entre l’écriture et la vie.
Résultat : ce livre hors norme et génial, tout à la fois essai sur la création littéraire et récit autobiographique. Mais plus encore révélation de cette alchimie qu’est l’inspiration. Une fois encore Stephen King montre qu’il est bien plus qu’un maître du thriller : un immense écrivain.
Il est de bon ton de conseiller cette lecture aux auteurs en herbe… qui se ruent aussitôt vers la seconde partie du bouquin, la “boîte à outils” de Stephen King. Entre nous, il s’agit des pages les moins intéressantes.
Indispensables et pleins de bon sens, ces outils relèvent de l’évidence. Travailler sa grammaire et son vocabulaire, éviter les adverbes en -ment, parler de ce qu’on connaît… Merci, La Palice. Bon, là, je suis un peu méchant avec King. Il prend moult précautions oratoires pour souligner que sa musette ne contient ni Grande Révélation des Techniques Millénaires et Secrètes d’Écriture, ni recette miracle pour pondre le bouquin parfait. Des bases. Évidentes, certes, mais surtout indispensables, sans quoi pas la peine de vouloir poursuivre les travaux de plume.
Ces conseils tomberaient dans la banalité affligeante s’ils n’étaient pas aussi peu maîtrisés par les apprentis écrivains. Au gré des bêta-lectures, et corrections de manuscrits, voire de produits finis et commercialisés, je me suis rendu compte que les évidences n’en étaient pas pour tout le monde. Ben, elles devraient…
Visiblement certain croivent pourtan ke cé vraiment possib de devenir auteur quant bien même si on a séché absoluement tout les court de fransais pendant toute sa scolarité a l’école.
J’exagère à peine… Certains défauts persistent même chez des auteurs qui en sont à quatre, cinq, six romans. Le jour où les adverbes en -ment seront cotés en bourse, j’en connais qui trusteront les premières places du CAC 40…
Or donc, si tu comptes te lancer dans l’écriture, lance-toi d’abord dans Écriture. Fonce sur la deuxième partie et médite les conseils du père King (qui se résument en gros à connaître ta langue, ton sujet et tes classiques, avec beaucoup de travail derrière).
Retour sur le début du bouquin.
J’attendais un guide d’écriture tout le long, mais la moitié du bouquin couvre la bio de King. Rien de folichon : avant de devenir la star qu’on connaît, il a eu une existence quelconque pleine d’anecdotes qui n’ont aucun intérêt en soi. Ce qui donne à cette première partie une valeur inestimable !
Si la boîte à outils ne relève pour une bonne part que de l’apprentissage technique, à travers cette bio on touche à ce qui fait la différence entre le technicien et l’artiste : l’inspiration. De grands mots qui se la pètent, en clair où va-t-il chercher tout ça ?
Avant d’attaquer Écriture, si tu ne veux pas te sentir largué, il vaut mieux connaître sur le bout des doigts la biblio du père King. Il se réfère très souvent à ses bouquins… mais parfois non, au lecteur de relier tel épisode de sa vie à tel texte.
On mesure à quel point la vie de King occupe une place majeure dans son œuvre. Une rencontre, un job d’été, une table de nuit, rien qui ne finisse dans un bouquin. C’est ce passage de la réalité à la fiction qui m’a botté dans Écriture. Le cœur du processus créatif que King développe en seconde partie trouve ses meilleurs exemples dans la première. Cette personne, cette rencontre, cette anecdote, qu’est-ce qu’il en a fait ? comment il a fait ? Elle est là, la grande leçon d’écriture, plus que dans les astuces grammaticales, les agents littéraires ou les ateliers de nouvelles.
Des mémoires incontournables aussi bien pour les apprentis auteurs que les amoureux des bouquins de King.
Tous les auteurs ont leurs petits travers d’écriture. Le tout est d’en avoir conscience et de redresser la barre. Mais il est vrai que dans certains bouquins, au bout d’un moment, tu finis par compter les adverbes en ment, les participes présents, les verbes faibles… et j’en passe. Soit le livre n’a pas eu de travail éditorial et/ou l’auteur n’a toujours pas compris ce que c’est qu’écrire…. Souvent l’histoire en elle-même est du même niveau que le français, hélas…
Je ne parles pas des fautes car, nous en faisons tous et je dirais même que ce n’est pas le plus grave, les fautes n’empêchent pas de s’exprimer correctement.
C’est un peu méchant ce que je dis, mais quand on voit ce que l’on reçoit en comité de lecture et comment on se fait insulter parfois par les auteurs parce qu’on refuse leur livre… Après on a envie de répondre avec beaucoup moins de tact.
Pour les fautes, les correcteurs sont là pour ça (j’en sais quelque chose, je corrige).
Le reste oui, quand la langue ne va pas, le reste ne suit pas. Ce qui paraît logique, puisque sans maîtrise minimale de la langue, je ne vois pas comment on peut exprimer une idée, construire un personnage ou déveloper une intrigue.
Un mauvais bouquin, c’est quand “tu finis par compter les adverbes en ment, les participes présents, les verbes faibles…”
Définition excellente et synthétique, pourquoi j’y ai pas pensé ?!? 😀