Django – Sergio Corbucci

Django, encore un de ces films surcotés sans qu’on comprenne bien pourquoi…

Affiche film Django Sergio Corbucci 1966

Le film a longtemps eu la réputation du western le plus violent jamais tourné. Alors oui, c’est bourrin, sauf que ça ne suffit pas à rendre Django bon ou intéressant, vu que cette ultraviolence ne raconte rien, se contentant juste de montrer des gens se faire désintégrer à coups de pétoires. En fait, Django ne raconte rien.
Le pitch est repompé de Pour une poignée de dollars d’un autre Sergio (Leone), qui connaît mieux son affaire que Corbucci. Un village terrorisé par deux bandes rivales, celle du major Jackson, un vilain confédéré, et celle du général Rodriguez, un méchant Mexicain. Là-dessus arrive de nulle part un type dont on ne sait rien, qui va foutre encore plus le bordel dans ce qui était déjà un beau merdier.
Seul détail à rendre Django un tant soit peu intéressant parmi la cohorte des héros solitaires, mystérieux et mutiques, il trimballe un cercueil avec lui. Sinon il ne transpire pas le charisme, ni le personnage ni son interprète Franco Nero ne cassent des briques. Et sitôt qu’il ouvre sa bière pour en déballer une mitrailleuse, on a fini le tour du sujet, l’énigme de son chargement étant résolue. Avec un avantage tactique pareil et un rapport de force aussi déséquilibré, les fusillades tournent à la boucherie au résultat couru d’avance, donc sans la moindre tension dramatique.
Les méchants, de leur côté, sont juste des méchants. Caricaturaux et mal écrits (voire pas écrits). Destinés à servir de chair à canon (ou à Gatling).
L’histoire, déjà mal engagée sur la base foireuse d’un plagiat peu inspiré, se contentera de dévider un fil narratif oscillant entre le vide et le n’importe quoi à empiler des éléments et péripéties au petit bonheur. Face à ce que le scénariste sort de son chapeau sans trop s’occuper de cohérence, les personnages réagissent de façon tout ce qu’il y a d’illogique. Rien n’a de sens.
Les dialogues lapidaires ne mettent jamais à profit les silences ou le laconisme des personnages, qui se contentent juste de ne pas dire grand-chose, parce que personne n’a cru bon de leur écrire du texte à débiter. Que les protagonistes préfèrent faire parler la poudre plutôt que leur langue aurait pu être exploité, mais pourquoi s’enquiquiner avec de la thématique ? Faudra se contenter d’une symbolique pas bien finaude qui ouvre la porte à des révélations pas très révélantes en vérité (la boue, c’est sale, l’amour, c’est beau, le racisme, c’est mal…).
Quant aux décors, à la mise en scène et tout le versant esthétique, y en a pas. Ça se veut cradingue et ça l’est mais sans panache. Mexicains crados, boue à foison, baraques branlantes, cimetière, tous les ingrédients du spaghetti balancés dans le saladier sans que rien dans la réalisation ou la photographie ne parvienne à faire monter la sauce pour créer une ambiance. Cette compil du cracra ne sonne ni réaliste ni crépusculaire ni poisseuse ni rien : y a des trucs sales, on a mis une caméra devant, on a filmé. Point.

Publié le Catégories Chroniques ciné

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *