Dancing the dream
Michael Jackson
Doubleday
Dancing the dream est un recueil de réflexions et poèmes de Michael Jackson lui-même. Je me rappelle qu’à l’époque, j’en avais chié des ronds de chapeau pour mettre la main dessus dans mon patelin pourri paumé au bout du monde. Nan, mais sans déconner, c’était l’enfer en 1992, avant Internet et la VPC en trois clics, pour trouver des bouquins en VO dans l’espèce de zone où j’habitais et qui n’avait de ville que le nom.
Or donc, de la poésie – activité que je ne pratique pas, comme vous avez pu le constater. La poésie, en français, est un genre qui me gonfle au-delà de toute mesure. En anglais, c’est pire, vu que j’aime pas l’anglais non plus. Pourquoi avoir acheté ce bouquin alors ? En ces temps jadis, j’étais fan de Michael Jackson. Enfin, fan, vu que j’avais quand même un peu d’esprit critique sur le sujet et que je ne trouvais pas tout ce qu’il faisait formidable au point de tomber en pâmoison, l’étais-je vraiment ? Vous avez quatre heures…
Toujours est-il que les fans représentaient le public-cible de l’ouvrage qui se proposait d’être un peu plus fin que les éternels débats sur la chirurgie esthétique et le caisson hyperbare, donc sans intérêt pour la majorité de la population. Marché restreint (à son échelle, hein, on parle quand même de centaine de milliers de personnes à travers le monde) et faible promo, Dancing the dream fut un échec éditorial avec moins de 60000 exemplaires vendus (j’entends d’ici un tas d’auteurs pleurer, qui peinent à en vendre 100 et pour lesquels un chiffre de 1000 ventes constitue un succès de librairie). À titre de comparaison, son premier bouquin, Moonwalk, s’était vendu à 450000 exemplaires en quelques mois en 1988.
Quarante-six chapitres de deux pages chacun, avec au choix un poème ou une pensée de Michou. Il parle beaucoup des enfants, de la planète, des enfants, de l’environnement, des enfants… De sa mère, aussi, de Dieu, d’enfance (faut qaund même admettre que le thème est obsessionnel chez lui…). Quelques-uns de ses textes sont des chansons qu’on connaît (Heal the world, Will you be there), peut-être que d’autres aussi qui n’ont jamais été enregistrées ou qui l’ont été sans jamais figurer sur un album (après tout, Dangerous, c’est quand même 50 titres enregistrés pour n’en garder que 14). Outre les poèmes ou chansons sans la musique, on trouve des mini-contes et des paraboles, ainsi que quelques réflexions du bonhomme sur des concepts divers et variés (l’amitié, le courage, l’amour…).
Perso, ça m’en a touché une sans remuer l’autre. La poésie, parce que c’est de la poésie, donc incapable de me parler. Quant à la prose, les textes se montrent trop courts pour développer une pensée profonde. On perçoit une sensibilité, oui, et on sent que le gars en a dans le citron, mais il aurait fallu étoffer pour creuser le propos au-delà de la pensée balancée vite fait comme ça en passant, entre la poire et le fromage. Là, on reste juste à la surface des choses, pleines de love et de poussière de fée, un peu trop cul-cul la praline pour être prise au sérieux, alors que pourtant on sent qu’il y a une vraie réflexion derrière, juste elle n’a pas le temps de sortir parce que pliée en quelques lignes. À avoir voulu se montrer synthétique, le texte se limite à du superficiel.
Sur le sujet de la musique, par exemple, un domaine qu’il connaît bien, tout le monde est d’accord là-dessus, How I make music résume le sujet en douze lignes. Douze. Qui ne font que la moitié de la page de large en plus. Si c’était si simple de faire de la musique, tous les chanteurs vendraient des albums par dizaines de millions. Mec, t’as fait péter je ne sais combien de records de ventes de disques et peu d’artistes peuvent se vanter d’avoir fait mieux, que ce soit en chiffres bruts ou en qualité de musique, t’as vraiment que douze lignes à dire sur la question de la création musicale ? Ce qu’on aurait voulu, au lieu de vingt poèmes sur les enfants, c’est que tu causes musique. T’es censé être le roi de la pop, pas Casimir !
‘Fin bref, si vous aimez la poésie, les animaux et les enfants, le livre de Bambi (le bien-nommé) vous plaira à coup sûr.
Si vous voulez avoir un aperçu global de son univers, Dancing the dream fait le taf.
Si vous cherchez de la réflexion plus poussée, le bouquin risque d’être décevant. Pas parce qu’il est mauvais – il est au contraire plutôt bien écrit si on aime le style candide – mais parce qu’il est frustrant à rester en surface. Dans ce dernier cas, faudra se consoler avec l’iconographie prolifique tout à la gloire de son auteur (en même temps, c’est son bouquin, on ne sera pas choqué qu’il y ait sa tronche partout).