On remonte des archives une poignée d’antiques albums de bande dessinée pour voir si aujourd’hui ils ont encore quelque chose à raconter.
Qui survivra à l’épreuve du temps, tel l’increvable Connor MacLeod ?
Léonard, 20 ans de génie
Turk & Bob de Groot
Le Lombard
En 1994, la série Léonard fêtait ses 20 ans et 24 albums – soit plus ou moins ce que j’ai lu dans ma jeunesse en les empruntant à la bibliothèque derrière chez moi –, l’occasion de sortir un album anniversaire pour revenir sur la naissance de l’inventeur inspiré par de Vinci, son évolution, ses créations farfelues, les personnages secondaires, le parcours du duo Turk-de Groot.
L’album est très complet pour découvrir les coulisses de la BD depuis sa genèse et assez drôle puisque les auteurs racontent le tout sans prise de tête et en déconnant souvent.
L’esprit du temps
Benjamin Lacombe
Soleil
La jeune Satsuko est victime d’un tour de con de la part du dieu de la mort, qui s’est entiché d’elle et ne veut pas la voir épouser un autre. Catapultée dans les limbes sans moyen d’en sortir. Bon, elle va quand même s’échapper, sinon il n’y aurait pas d’histoire.
Ce premier tome pose surtout les bases pour la suite, qui était prévue pour ne pas avoir grand rapport avec Satsuko mais parler du Japon sur le temps long à travers le racisme, l’alliance avec IIIe Reich, le fanatisme et les kamikazes (ça vend du rêve comme vision 100% négative du sujet…). Ladite suite se contentera d’un second tome – que je n’ai pas lu, faute d’avoir adhéré au style graphique de celui-ci et au projet d’ensemble – avant d’être abandonnée sans connaître de conclusion.
San-Antonio chez les Grecs
Patrice Dard & Henri Desclez
Fleuve Noir
Cette BD traînant chez mes grands-parents depuis les années 70, elle fut mon premier contact avec le fameux commissaire. Fameux, l’album l’est beaucoup avec cette adaptation pas bien folichonne.
Que le scénar soit barré et parte dans tous les sens n’aurait dû gêner en rien, c’est du San-Antonio et les romans ne sont pas des modèles de rigueur scénaristique. Sauf que les fantaisies narratives qui passaient plutôt bien dans le texte laissent ici un goût de machin foutraque, plus débile que parodique.
Le dessin manque de détails, grossier, brouillon, pas soigné.
Le tout ressemble à un projet qui serait arrivé direct du travail préparatoire à l’impression sans passer par la case finitions.
San-Antonio : l’affaire Souassa et l’affaire Bunks
Henry Blanc & Robert Mallat
Vents d’Ouest
Sur un texte de Robert Mallat (sans lien de parenté avec le pote du Capitaine Flam), Henry Blanc livre un tomberau de vignettes d’illustration. Bande dessinée ou roman graphique, je laisse le soin aux drosophilophiles de se crêper le chignon à ce sujet.
On ne peut pas nier (en osier) une patte graphique au dessin, dont le style global colle plutôt bien au sujet. Cela dit, tous les personnages tirent une tronche de six pieds de long comme si toute la misère du monde leur était tombée sur le coin de la carafe et leur renfrognement finit par être communicatif. Manque aussi de dynamisme, tous les dessins ont l’air de ce qu’ils sont : des images figées. Le format choisi contraint aussi les cases à la petitesse et faut sortir sa loupe.
Bref, c’est pas mal fichu dans l’ensemble, mais ça n’a pas réussi à m’accrocher.
D’autres mini-chroniques de BD :
– Fluide Glacial
– Critiques express n°7 : vieilles BD
– Critiques express n°38 : pour une poignée de bulles
– Critiques express n°58 : bulles de gomme