Hétéroclite : adjectif qui s’écrit en un seul mot, sauf quand on parle de littérature érotique. Ce qui ne sera pas le cas aujourd’hui, pas la peine de commencer à débraguetter vos frocs.
Au menu :
– L’Alchimiste (Paulo Coelho)
– L’Amante d’Etretat (Stanislas Petrosky)
– Les Israélites (Time Life)
– 365 jours zen
– Passagère du silence (Fabienne Verdier)
L’Alchimiste
Paulo Coelho
J’ai lu
On me l’a prêté au motif que j’aime bien les lectures qui font réfléchir. Celle-ci n’en est pas une. Sauf peut-être pour un enfant de 10 ans.
Un genre de “La vie pour les nuls”, un Petit Prince du pauvre, vide comme mes poches à la fin du mois et pas beaucoup plus profond.
Il se résume en une phrase : écoute ton cœur. Bah, merci de l’info, Paulo. Tu es bien le premier à pondre un conte initiatique sur cette idée. Ou pas.
Indigeste digest de clichés, L’Alchimiste s’impose comme une somme, l’Anthologie avec un grand A, de toutes les phrases bateaux sur le développement personnel. Une Invincible Armada de slogans simplistes qui répète l’histoire de la flotte espagnole et tourne au naufrage.
N’importe quelle phrase de Dune (Frank Herbert) sur les Fremen est mille fois plus aboutie que ce pénible pensum désertique.
L’Amante d’Etretat
Stanislas Petrosky
L’Atelier Mosésu
Chouette couverture… enfin, chouette si on aime les natures mortes type vanité – ce qui est mon cas.
Le prologue m’a plu, le reste moins. C’est surtout le format qui m’a posé problème. Il y a de bonnes idées (le bambou) mais pas assez pour tenir cent vingt pages. Un volume bâtard, trop court pour un roman, trop long pour une nouvelle. J’ai trouvé le temps un peu long, un comble pour un récit court.
Plutôt que rallonger la sauce, je pense qu’il aurait fallu condenser. L’Amante d’Etretat aurait pu donner une excellente nouvelle à la fois sombre, mélancolique et percutante. Suffit de voir la fin pour s’en convaincre : typique des nouvelles à chute.
En cours de lecture, il m’a semblé que ce bouquin s’adressait plutôt à un lectorat féminin – ce que m’a confirmé Petrosky lors du salon d’Esquelbecq. A sa décharge, ce n’est pas sa faute si je n’appartiens pas au public cible pour cause de poil au menton et d’organes reproducteurs externes. Il n’en reste pas moins que je reste mitigé, avec une impression de précipitation dans l’écriture (ou dans l’édition) et d’inaboutissement. L’Amante d’Etretat aurait gagné à prendre le temps de la maturation dans son format et du polissage sur son style indigeste.
Les Israélites
Time Life
Ah, Time Life et sa collection de vulgarisation… On y trouve tout et n’importe quoi et celui-ci entre dans la deuxième catégorie. Les auteurs font moins œuvre d’historiens que de prosélytes. La Bible est moins considérée comme une source écrite incontournable mais sujette à caution au plan scientifique que comme un récit authentique jusqu’à la moindre virgule. L’objectivité et la neutralité de l’historien s’effacent devant le statut de peuple élu des Hébreux, qui imprègnerait l’Histoire des origines à nos jours. Ce qui est donc a) hors sujet pour la période traitée et b) hors de propos puisque cette vision de la marche de l’Histoire relève des philosophes (ou des théologiens).
Vaut mieux faire l’impasse sur le texte, trop orienté pour avoir une réelle valeur, et se contenter de l’iconographie, très riche.
365 jours zen
Le Courrier du Livre
L’exemple même du livre à côté de la plaque, qui te colle du zen parce que le mot fait vendre. L’introduction développe un historique du bouddhisme comme si le terme était synonyme de zen. Bonjour le contresens. Déjà, le zen n’est qu’une branche du bouddhisme, il ne représente en rien la foultitude d’écoles de pensée bouddhistes. Ensuite, stricto sensu, le zen est japonais. On peut ergoter sur le mélange indo-sino-coréo-nippon, il n’empêche que zen = Japon, avec certaines caractéristiques propres, inconnues dans le chan (Chine) ou le son (Corée).
On se demande donc ce que viennent faire là autant d’auteurs qui ne relèvent pas à proprement parler du zen. D’autant que la moitié d’entre eux ne sont que des pseudo-maîtres contemporains, qui se contentent de ressortir en dix lignes ce que les anciens synthétisaient en trois avec un meilleur sens de la formule.
Une compilation foireuse pondue par un jemenfoutiste, y a pas de quoi être zen.
Passagère du silence
Fabienne Verdier
Le Livre de Poche
Si vous aimez les autobiographies, les tranches de vie, les quêtes personnelles, la calligraphie, les portraits de la Chine communiste des années 80, Passagère du silence est fait pour vous.
Si comme moi vous ne vous intéressez à rien de tout ça et que vous atterrissez dans cette lecture par hasard ou suite à une erreur de casting, vous passerez à côté du bouquin.
Il n’en reste pas moins un livre bien fait, qui parlera à son public cible (très ciblé pour le coup).