Des soldats américains en Afghanistan sont pourchassés par des gros vers géants qui vivent sous le sable (et qui ont été un petit peu beaucoup plagiés de Dune).
Prenez Dune, ajoutez Tremors, retirez le souffle épique du premier et l’humour du second. Voilà. Autre alternative, vous pouvez retirer Les Sables de l’Enfer et regarder à la place les deux films que je viens de citer.
Les Sables de l’Enfer est un de ces films ni bons ni mauvais, ou à défaut pas trop mauvais, en tout cas très moyens en tout et vite oubliés.
Le point de départ est des plus solides (ou pas) : une patrouille de soldats arrive on ne sait comment au milieu de nulle part pour y faire on ne sait trop quoi.
La fine équipe se compose des éternels quotas et figures habituelles : une blonde, un sergent moustachu afro-américain, un binoclard pétochard, un lieutenant incompétent sorti du civil, un rouspéteur chevronné. À la différence à nombre de ses collègues filmiques adeptes du stéréotype caricatural jusqu’au comique, Les Sables de l’Enfer ne va pas forcer le trait de ses personnages. Il va juste faire du rien. En-dehors d’un vague trait distinctif jamais exploité, les protagonistes sont insipides et interchangeables. Ils courent, se battent, meurent ou survivent, ça ne fait ni chaud ni froid au spectateur.
En dépit de quelques longueurs pour caser les inévitables scènes de dialogue sortez-les-violons-j’ai-des-enfants-qui-m’attendent-au-pays, le métrage tient un certain rythme. Pourtant, on est toujours à deux doigts de glisser dans l’ennui. La faute aux péripéties téléphonées à un point qui relève du harcèlement. Des voitures sans essence aux radios hors d’usage en passant par l’indigène qui surgit à point nommé ou les blessés qui se sacrifient pour ne pas retarder les survivants, rien de nouveau sous le soleil afghan.
Signalons tout de même un point agréable qui a fait frémir mon anti-américanisme primaire. L’US Army, c’est plus ce que c’était. Il est loin le temps des soldats invincibles qui jouaient aux héros en se riant des balles ennemies. Les mecs sont des gros nases. Exemple : pendant l’escarmouche contre les talibans au début du film, les sept Américains défouraillent comme des malades plusieurs minutes durant sans toucher un seul ennemi. Quand on pense que John Wayne faisait mouche à chaque coup… Bref, sous le feu de l’ennemi, premier réflexe, appeler des renforts. Pas pour se battre, non, pour se faire évacuer. Deuxième réflexe, le repli tactique (en clair, la fuite). Ils sont beaux, les guerriers… Autre exemple qui occupe les trois quarts du film : face aux vers géants, la seule solution envisagée est de fuir, il n’est jamais au grand jamais question de les affronter de face.
Verdict : pur produit de commande sans relief notable, un film moyen qui repompe deux classiques sans jamais y faire explicitement référence (honteux !) et qui peut meubler une deuxième voire troisième partie de soirée quand le marchand de sable commence à faire glisser le spectateur dans les bras de Morphée.
Autres chroniques sur le thème de la guerre en Afghanistan :
– la novella Chair à canon de Jean-Michel Calvez
– le film Dunes de sang d’Alex Turner