Une bande d’étudiants part en week-end dans – le titre donne un indice de taille – une cahute isolée au fond de la forêt.
Voilà du pitch à l’originalité zéro qui promet un slasher comme on en a vu mille fois. Sauf que non. La cabane au fond des bois joue une carte peu commune pour le genre : celle de l’inventivité.
Le film d’horreur, le slasher en particulier, est un genre bourré de codes. Usés jusqu’au trognon, ces codes sont devenus autant de clichés… et de facteurs d’ennui. On en vient vite à deviner chaque scène avant qu’elle n’arrive, parce que c’est toujours le même groupe de personnages, comportant les mêmes individus stérétoptypés, dans les mêmes lieux isolés, face aux mêmes situations, avec les mêmes comportements.
La Cabane passe en revue tous les codes du genre. Certains sont respectés à la lettre, d’autres subiront un contrepied. Tous auront une justification, pas forcément celle qu’on attend, pas toujours adroite, mais au moins voilà un film qui questionne le genre auquel il appartient et qui tente quelque chose.
Quelques exemples…
– En se rendant dans le coin paumé où ils passeront leurs vacances, les personnages croisent toujours la route d’un type inquiétant, un vieux souvent (un coup de Perceval de Galles ?), qui délivre un avertissement sybillin ou qui fout les jetons parce qu’il a une sale trogne. Toujours est-il que cette rencontre n’a jamais de réelle utilité. La scène pourrait sauter que le film ne changerait en rien. Ici, le mec louche a une fonction bien précise, un rôle à jouer, ce qui donne un sens à cette scène de rencontre qui n’en a jamais d’habitude.
– La bande d’étudiants de La cabane au fond des bois se compose des archétypes classiques : la pouf blonde qui joue la cochonne de service, le beau gosse athlétique, le binoclard-geek-intello, la bûcheuse coincée, le cancre crétin et défoncé. À quelques nuances près. Ainsi la blonde est en fait une brune qui s’est décoloré les cheveux, donc au revoir les clichés sur la bêtise innée des blondes. Le sportif de la bande, d’ordinaire pas très futé et peu porté sur les matières qui demandent d’utiliser ses neurones, est un gros balèze en théorie économique.
– On aura une explication – capillotractée mais c’est l’intention qui compte – sur les choix crétins des personnages de slasher, qui accouchent toujours d’idées géniales du genre se séparer et s’aventurer chacun de son côté, tout seul, sans armes et sans lampe dans des coins sombres où se cache peut-être un monstre.
Bref, les idées ne manquent pas dans cette cahute perdue et le jeu sur les codes de l’horreur apporte une bonne dose d’originalité et de fraîcheur. Si tout ne fonctionne pas dans ce que propose le film, au moins il y a une démarche, ce qui est déjà beaucoup plus que les trois quarts des navets du genre.
Deux défauts quand même, un petit au début, un gros à la fin.
Première erreur : le générique. L’abondance d’images de sacrifices donne un méga indice sur ce qui se cache derrière cette histoire… ce qui spoile tout le film. Quand la première scène démarre, on connaît déjà la réponse au pourquoi du comment. Quelques pièces du puzzle plus loin et en un quart d’heure, on sait avec exactitude où le film va nous conduire. On voit arriver grosse comme une cabane maison la révélation finale, anéantie d’entrée de jeu à cause de cette maladresse d’un générique trop explicite dans son iconographie.
Deuxième foirade : la fin. Ratée de chez ratée, trop nawak, trop pompière, trop grandiloquente. Autant défauts que l’effet de surprise aurait peut-être pu tempérer. Sauf que, comme je viens de le dire, la surprise, tintin. Pire, le spectateur avait compris tout seul, mais encore en plus Sigourney Weaver débarque comme un chien dans un jeu de quilles pour se lancer dans une explication des tenants et aboutissants à la fois exhaustive, cabotine et redondante. Dommage, parce qu’on finit le film sur une déception et une mauvaise impression alors qu’il s’était souvent montré malin et intéressant.
Nonobstant cette fin foireuse qui empêchera le film d’acquérir un meilleur statut que celui d’une simple curiosité, La Cabane est un film qui mérite d’être vu, rien que pour le questionnement sur un genre qui ne cherche plus à renouveler sa mythologie et sert trop souvent la même soupe formatée.