Vampire : l’âge des ténèbres – White Wolf

Vampire : l’âge des ténèbres
Jennifer Hartshorn, Ethan Skemp, Mark Rein-Hagen & Kevin Hassall

(White Wolf pour la VO, Hexagonal pour la VF)

Sorti en 1996, Vampire: The Dark Ages aurait pu n’être qu’une vague déclinaison médiévale de son grand frère Vampire: la Mascarade. Il a su devenir un jeu à part entière, un de ceux où je me serais le plus éclaté.

Vampire l'âge des ténèbres White Wolf Hexagonal

Nous sommes à la fin du XIIe siècle (dans le jeu de rôle, pas en vrai).
Nous sommes dans un âge de ténèbres (dans le jeu et en vrai là maintenant).
On incarne des vampires (d’où le titre du jeu), comme dans la Mascarade. Laquelle n’a pas encore été mise en place. D’où grosse différence d’ambiance.
Sans aller jusqu’à dire que les buveurs de sang peuvent se pavaner au grand jour – ne serait-ce que parce que ça les tuerait –, ils peuvent s’autoriser quelques fantaisies en cette époque où le surnaturel est pour beaucoup une réalité (et de fait, ils ont raison, puisque les vampires existent dans ce JdR). On n’en est pas encore à devoir camoufler la moindre trace comme si l’existence de créatures fantastiques n’était que chimère. Toutefois, le Moyen Âge est aussi la période de la toute-puissance de l’Église. Une Église en cheville avec les puissants, riche, omniprésente, avec le bras long… et armé. En attendant son acte de naissance officiel en 1231, l’Inquisition commence gentiment à se mettre en place par la bande. Les ordres combattants ont pignon sur rue et des armes plein les mains. Donc pas question pour les vampires de trop déconner non plus s’ils ne veulent pas se retrouver avec toute la pieuse chevalerie sur le dos, épaulée par des hordes de curetons pyromanes.

Les habitués de la Mascarade et d’autres titre du Monde des Ténèbres seront en terrain connu, les mécanismes du jeu étant les mêmes.
Une différence notable au niveau du choix des Clans d’appartenance : certaines familles vampires n’existent pas encore. À la place, on en a d’autres, appelées à disparaître plus tard pendant la grande chasse qui verra la Mascarade être instituée.
Le jeu a le mérite d’être complémentaire pour son background avec Miles Christi qui se déroule à la même période. J’ai pratiqué Dark Ages avec le même groupe, soit une majorité de joueurs en fac d’histoire et le reste qui s’intéressait assez au sujet pour qu’on soit tous sur la même longueur d’onde. Meilleure configuration possible que d’avoir des joueurs disposant d’une bonne culture historique : pas besoin de tout expliquer, donc meilleure immersion. Après, c’est pas indispensable de ne jouer qu’avec des bac+3. Le jeu peut justement être l’occasion d’apprendre (vocabulaire, coutumes médiévales, événements et personnages historiques…).

J’ai un peu maîtrisé à mes débuts sur L’âge des ténèbres, surtout été joueur ensuite, avant de conclure en remaîtrisant à nouveau.
Premier scénar, je me rappelle d’un festival avec les joueurs en mode Perceval et Karadoc, un exploit quand on sait que Kamelott ne verrait le jour que dix ans plus tard. “C’est systématiquement débile, mais c’est toujours inattendu”. Toute la partie n’a été qu’une longue impro pour tenter tant bien que mal de canaliser le groupe dans l’intrigue prévue. Foirade complète pour ce qui est de l’histoire programmée, réussite totale vu comment les joueurs ont été surpris à la fin quand je leur ai annoncé que tout était improvisé passé les cinq premières minutes. Le grand écart… ‘Fin, on avait bien rigolé, c’était l’essentiel.
Deuxième round, j’ai incarné un Assamite (l’équivalent vampire de la secte des Assassins) à Tolède. Au détail près que je me faisais passer pour un Caitiff (genre de vampire ronin affilié à aucun Clan particulier). Y compris auprès du reste du groupe. On était deux dans la confidence : le maître de jeu et moi. Je disposais de deux feuilles de perso : la vraie (entre les mains du MJ et dans ma tête) et la fausse devant moi, avec des compétences bidon, des pouvoirs qu’en vrai j’avais pas, tout l’arsenal de la fausse identité. Je ratais donc un tas de jets de dés qui auraient dû être faciles, en tout cas si j’avais disposé de la compétence comme je le prétendais. À l’inverse, les autres joueurs se demandaient parfois comment je me débrouillais pour accomplir telle ou telle prouesse qui aurait dû tourner au fiasco. En tout cas, cette campagne reste parmi mes meilleurs souvenirs de jeu.
Dernière étape, retour à la maîtrise avec un autre groupe pour une campagne sur Constantinople qui s’est achevée dans le feu et le sang avec le siège de la ville par les Croisés en 1204.

En restent aujourd’hui d’excellents souvenirs de jeu, d’ambiance, de marrade.
La période offre une richesse inégalée en termes d’univers. La France offre un démarrage classique pour se familiariser en douceur avec le jeu, mais après on a dû couvrir au gré des parties, campagnes et scénarios la totalité de l’Europe, ce qui est très dépaysant pour l’époque concernée. Tolède, c’est la rencontre le monde chrétien et le monde musulman avec d’autres rapports que les conflits en Terre Sainte. Constantinople, c’était le triple combo entre les byzantine, chrétienne et musulmane. On a visité l’Irlande, la Scandinavie, la Transylvanie, soit autant de variantes du Moyen Âge plus exotiques que la barbante Paris médiévale.

Vampire l'âge des ténèbres guide des joueurs

L’essentiel des suppléments que j’aurais utilisés, c’étaient les bouquins d’histoire empruntés à la bibliothèque universitaire.
J’avais investi dans le Guide des Joueurs qui n’en méritait pas tant. Une couverture hideuse, des nouveaux pouvoirs trop puissants, des nouveaux clans si peu développés qu’ils étaient inutilisables, des infos sur le Moyen Âge si généralistes qu’elles n’apprenaient rien et tout un tas de trucs sur les démons trop développés pour un simple aparté et pas assez pour en faire quelque chose, et pour couronner le tout, une reliure merdique à base de colle la moins adhésive du monde.

Vampire Dark Ages guide des joueurs

À l’inverse, Constantinople by night est un investissement que je n’ai pas regretté. Meilleur supplément de la gamme, voire des deux gammes en incluant la Mascarade, très riche de contenu, clair et bien organisé. Il faut bien sûr du travail derrière pour jouer (beaucoup de personnages présentés le sont de façon très succintes et demandent du développement ; les idées d’intrigues sont excellentes sous réserve de les nourrir soi-même en abondance pour en faire de vrais scénarios), mais en l’état, on ressort de là familiarisé avec la ville et ses spécificités, muni de beaucoup de matériau pour alimenter des parties pourvues d’une vraie ambiance propre au monde byzantin. Un must !

Vampire Dark Ages Constantinople by night

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *