Le Jidai Matsuri (時代祭) fait partie des grands festivals de Kyoto avec l’Aoi Matsuri et le Gion Matsuri.
Le Jidai Matsuri ne met pas en scène des chevaliers futuristes armés de sabres laser. À cela deux raisons : 1) il couvre plusieurs époques passées ; 2) personne n’a de sabre laser, j’ai vérifié. Cela dit, la procession comporte pléthore de guerriers et de sabres.
Pour le “quand”, le festival tire ses origines de la Restauration Meiji.
En 1868, l’empereur Mutsuhito (nom de règne de Meiji) déménage la capitale de Kyōto vers Tōkyō. Les autorités locales, craignant que l’ex-capitale ne devienne une ville de second ordre, décident d’organiser une manifestation à la gloire de leur cité. Le festival est créé en 1895 pour la commémoration du 1100e anniversaire de la fondation de Heiankyō (平安京), nom originel de Kyōto, en 794. Le premier Jidai Matsuri a pour vocation d’inaugurer le Heian Jingū, un sanctuaire dédié à la mémoire de l’empereur Kanmu, fondateur de la ville.
Il s’est tenu le 25 octobre 1895 mais depuis c’est la date du 22 octobre qui prévaut sauf cas exceptionnel (pluie battante, typhon, Covid et autres calamités).
Pour le “où”, on aura donc compris que les festivités se déroulent à Kyōto, plus précisément entre l’ancien Palais Impérial du Kyōto-gosho (京都御所) et le sanctuaire du Heian Jingū (平安神宮) – ce qui est un pléonasme, jingū signifiant sanctuaire.
Pour le “quoi” et le “comment”, il s’agit d’une longue procession entre les deux points que je viens de citer. En chiffres, le défilé parcourt un peu plus de 4 km, s’étend sur 2 km et rassemble 2000 personnes en costume d’époque représentant autant de quidams ou de personnages historiques majeurs – dont ma chouchoute Tomoe Gozen, qui est un peu la Jeanne d’Arc locale – répartis en une vingtaine de tableaux (liste ici). Il faut compter une bonne heure et demie entre le moment où on voit apparaître la tête du défilé et celui où on voit la queue disparaître. (Cf. plan et indications touristiques ici ; si vous ne parlez pas la langue de Shakespeare, ce n’est pas grave, la page est en anglais moderne, pas en dialecte imbitable du XVIIe siècle).
C’est donc un véritable voyage dans le temps, remontant les âges à rebours (comme les perles : les perles à rebours) de l’ère Meiji jusqu’à la fondation de la ville. Alors attention, ledit voyage se déroule à petit rythme. Le cortège défile à deux à l’heure, avec quasiment aucune animation, c’est juste des gens qui marchent. Quelques explications sont données au micro en japonais et en anglais, pas toujours audibles selon l’endroit où on est posté pour suivre la procession, et pour le moins succintes. Donc si vous ne connaissez rien à l’histoire du Japon, vous ne serez pas beaucoup plus avancés. Et si vous êtes un spécialiste, vous n’apprendrez rien que vous ne sachiez déjà. L’idéal, c’est d’avoir sous la main une personne du cru pour le complément d’information.